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BRIBE, subst. fém.
A.− Vx. Morceau de pain, reste de nourriture que l'on donnait aux mendiants.
B.− P. ext., cour. Petite quantité d'aliments :
1. ... et j'accepte, pour plaire à Claudine, des bribes de chocolat grillé, qui sent un peu la fumée, beaucoup la praline. Colette, Claudine s'en va,1903, p. 40.
Par bribe, bribe par bribe. Par petits morceaux.
Au plur. Restes insignifiants, morceaux épars :
2. Il n'était plus seul à souffrir, il surprenait chaque jour des bribes de confidences, des lambeaux de conversation d'hommes, où éclatait l'aveu d'un tourment semblable au sien et né de la même cause. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 53.
3. Quant à moi, discernant la vérité à travers des bribes de nouvelles, il n'était rien que je n'eusse donné pour avoir eu tort. De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 29.
Au fig. Savoir très fragmentaire, connaissances rudimentaires :
4. − Non, non... balbutia la femme, rassemblant les bribes de français qu'elle connaissait. Partir, partir tout de suite. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 56.
Rem. On rencontre dans la docum. le dér. bribeur, subst. masc. Mendiant. Attesté dans Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19eet Guérin 1892.
PRONONC. : [bʀib]. Durée mi-longue sur [i] dans Passy 1914.
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1290 bribe « petit morceau, miette [en parlant du pain] » (G. de Bibbesworth, Traité, 150, dans T.-L.). Orig. onomatopéique (REW3, FEW t. 1, s.v. bri(m)b-, Bl.-W.5, EWFS2). Le fr. bribe est à l'orig. de l'angl. bribe, attesté dep. le xves. au sens de « morceau de pain qu'on donne à un mendiant » (qu'avait aussi le m. fr., d'où bri(m)ber « mendier », dep. fin xves.), puis de « toute chose extorquée par la menace » d'où le sens actuel de « pot-de-vin » (v. MED s.v.), et, avec métathèse de l'ital. birba, attesté dep. le xves. au sens de « malice, fraude » (d'apr. DEI et Batt. s.v.), et qui prit ensuite le sens de « gueux, vaurien » (d'où fr. birbe*). Il en est de même pour l'esp. brib(i)a « vie paresseuse du mendiant ou du voyou », attesté dep. 1599 (d'apr. Al. t. 1, s.v. bribia et Cor., s.v. bribón).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 226. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 79, b) 325; xxes. : a) 501, b) 416.
BBG. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 143, 275. − Sain. Sources t. 1 p. 6, 340 (s.v. bribeur), 344 (s.v. bribeur); pp. 435-436; t. 3 1972 [1930], p. 105.