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BRASSARD, subst. masc.
A.− FÉOD., ARM. Partie de l'armure qui couvre et protège le bras :
1. ... chaque ville avait sa bannière, et ses hommes étaient habillés de sa livrée. Les corps de métiers portaient aussi chacun leur enseigne, tous bien armés de casques de fer, de hoquetons, de brassards portant des lances, de grands coutelas et des maillets. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1, 1824, p. 261.
SYNT. Brassard d'archer (Besch. 1845, Lar. 19e), brassard de hallecret (Besch. 1845), brassard à garde-bras (Lar. 19e) (cf. d'autre part Leloir 1961).
P. métaph. :
2. Pour varier ses plans, elle [la nature] a couronné du même arbre les monts à plateau de la Nouvelle-Espagne, et elle a lancé vers lui, dans les airs, l'écureuil volant; elle a tapissé de pelouses quelques pentes des monts éoliens dans les Antilles, et elle y a roulé l'armadille entourée de brassards. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 236.
P. anal. [Dans certains mét. et dans certains jeux] Garniture, généralement de cuir ou de bois, utilisée pour couvrir le bras et le protéger :
3. En face de chaque four et lui correspondant, un marteau-pilon, mis en mouvement par la vapeur d'une chaudière verticale logée dans la cheminée même, occupait un ouvrier « cingleur ». Armé de pied en cap de bottes et de brassards de tôle, protégé par un épais tablier de cuir, masqué de toile métallique, ce cuirassier de l'industrie prenait au bout de ses longues tenailles la loupe incandescente et la soumettait au marteau. Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 74.
B.− Usuel. Bande d'étoffe portée au bras comme signe distinctif. Militants de syndicats porteurs de brassards (Malraux, Les Conquérants,1928, p. 92):
4. Tous les soldats « russes ont le brassard blanc, aux couleurs de Capet... Ils vont remettre les Bourbons aux Tuileries! » Or, mesdames, ces brassards servaient uniquement à distinguer les alliés des troupes françaises, dont ils avaient pris les uniformes dans les magasins militaires des villes conquises, afin de remplacer les leurs en lambeaux. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 164.
5. ... Edmond Maillecottin sort de l'usine des quatre-chemins. Il est vêtu comme autrefois. La seule différence est qu'il porte le brassard des ouvriers mobilisés, qu'il est défendu d'enlever sous peine de sanctions graves. D'ailleurs, par ces tristes temps, cet insigne a une commodité. Les gendarmes qui vous rencontrent ne se disent pas : « Tiens! Quel est cet homme jeune qui se balade en civil? » Et ils ne vous demandent pas vos papiers. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 243.
P. métaph. Cerisiers. Brassards de fleurs à toutes les branches (Renard, Journal,1904, p. 899).
Loc. En brassard :
6. Dans cette seconde moitié du dix-neuvième siècle où nous sommes, le maire et son écharpe, le prêtre et sa chasuble, la loi et Dieu, ne suffisent plus; il faut les compléter par le postillon de Longjumeau; veste bleue aux retroussis rouges et aux boutons grelots, plaque en brassard, culotte de peau verte, jurons aux chevaux normands à la queue nouée, faux galons, chapeau ciré, gros cheveux poudrés, fouet énorme et bottes fortes. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 628.
En partic. :
RELIG. CATHOL. Brassard de communiant, brassard de première communion. Ruban blanc que portent les garçons en signe de pureté, le jour de leur première communion :
7. Ah j'allais oublier : encore une ressource du magasin, celle-là une fois par an seulement, au printemps, les brassards de première communion. Aragon, Les Beaux-quartiers,1936, p. 13.
Brassard de deuil. Brassard noir que l'on porte en signe de deuil. Je gardais aussi mon brassard, le deuil de grand'mère (Céline, Mort à crédit,1936, p. 160).
MILIT. Brassard d'état-major, brassard des brancardiers régimentaires :
8. Déjà, dans la matinée, pour se rapprocher du ravin, l'ennemi s'est servi d'une autre ruse qu'il a plus d'une fois employée. Des brancardiers, montrant ostensiblement leur brassard de la Croix-Rouge, semblent transporter une civière ou creuser une tombe : cette civière contient une mitrailleuse, cette fosse est un embryon de tranchée. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 82.
Spéc., MÉD. Sangle de toile reliée à un oscillomètre, serrée autour du bras d'un malade pour mesurer sa tension artérielle.
P. méton. Personne portant un brassard :
9. Les baraquements des travailleurs forcés, des « brassards rouges », étaient au flanc du mont. (...). Quelques-uns, rares, portaient encore l'uniforme des « brassards rouges », un veston et un pantalon coupés dans le dos et le long des jambes et raccordés avec une large bande de coton jaune, pour que l'homme fût partout reconnaissable et ne pût penser à s'évader. Van der Meersch, Invasion 14,1935, pp. 360-361.
Rem. Le terme est employé dans le sens de brassière (de voiture) (cf. brassière C 2) par Colette, Claudine en ménage, 1902, p. 27 : Je me tiens debout dans le wagon, les mains cramponnées aux brassards de drap.
PRONONC. ET ORTH. : [bʀasa:ʀ]. Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,Le d ne se prononce pas et Richelet ne l'écrit point, on l'a restitué dans le Rich. Port., Trév. met brassard ou brassart.`` À ce sujet cf. la forme brassarts dans Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 311. Lar. 19eenregistre encore brassal ,,anc. forme du mot brassard``. À ce sujet cf. Buben 1935, § 212 : ,,Brassard, modification de brassal fréquent au xviesiècle, empr. du prov. brassal.`` Cf. aussi braquemart.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1546 brassal « pièce de l'armure qui protège le bras » (Rabelais, III, Prologue dans Hug.); 1562 brassart (Stat. des armuriers heaumiers de Paris, Arch. Y. 11. Reg. des Bann., t. VI, fo156 vodans Gay); av. 1630 brassard (d'Aub., Vie, XLV dans Littré); 2. p. anal. a) 1680 « garniture que mettent au bras les joueurs de ballon » (Rich.); b) 1751 « garniture que portent au bras les ouvriers de certaines industries, verriers, brunisseurs » (Encyclop. t. 2); c) 1845 « tout ornement ou signe de reconnaissance fixé au bras et porté par les militaires » (Besch.); p. ext. d) 1863 « tout ornement porté au bras, en signe de reconnaissance » (Littré). Altération (avec substitution du suff. -ard*, Nyrop t. 3, § 302) de brassal empr. à l'ital. bracciale (Dauzat 1968; DEI) attesté dans Batt. au sens 1 dep. le xives. (Boccace) et au sens techn. 2 a dep. le xvies. (Grazzini). L'hyp. d'un empr. au prov. brassal (FEW t. 1, p. 486b; EWFS2; Bl.-W.5) attesté dep. le xiiies. est moins satisfaisante au point de vue hist., les guerres d'Italie ayant été l'occasion de nombreux empr. à l'ital. de termes milit. (anspessade*; arquebusade*; arsenal*; attaquer*; bandière*; barricade*; bataillole*; battiture*; bombe*). Le prov. comme l'ital. viennent du lat. impérial brachiale « bracelet ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 82.
BBG. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 15.