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BRAQUE, subst. masc. et adj.
A.− Subst. Chien de chasse à poil ras et à oreilles pendantes. Le braque allemand (...) est un très bon chien d'arrêt (F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 114):
1. Je partis de Rouen à cheval, suivi de mon chien Bock, un grand braque du Poitou, large de poitrine et fort de gueule, qui buissonnait dans les ronces comme un épagneul de Pont-Audemer. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Garde, 1884, p. 978.
P. compar. [P. allus. au comportement fougueux de ce chien] Étourdi comme un braque :
2. Il faillit heurter un jeune homme au front pâle, aux yeux gris pétillants, (...) qui sortait comme un braque; et il le vit courir vers la maison de MmeMarneffe, où il entra. Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 76.
Rem. Selon Ac. 1798-1878, Besch. 1845, Guérin 1892, le mot est des 2 genres.
Emploi adj. (constr. en appos.). Un chien braque.
Rem. Attesté dans Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.
B.− Subst. et adj., fam. [En parlant d'une pers., de son caractère, etc.] Écervelé, un peu fou, fantasque. Synon. pop. cinglé, timbré :
3. Kobus, il y a en toi l'esprit de ton père : c'était un vieux braque, qui voulait connaître le talmud et les prophètes mieux que moi, et qui se moquait des choses saintes, comme un véritable païen! Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 5.
4. Vous savez que je suis un soldat un peu léger, un peu étourdi, un peu... braque, comme vous le disiez autrefois, mais bon, vous le disiez aussi, et franc... trop franc même; ... Pailleron, L'Âge ingrat,1879, I, 11, p. 47.
5. ... cet humour un peu braque mais d'autant plus singulier, d'autant plus attachant, d'autant plus prenant et sympathique, inattendu, sortant en boutades les plus imprévues, les plus réjouissantes, les plus crues; les plus baroques; ... Péguy, L'Argent,1913, p. 1227.
Rare, littér. [En parlant d'un animal] :
6. Le merle, oiseau leste et braque, Bavard jamais enrhumé, Est pitre dans la baraque Toute en fleurs, du mois de mai. Hugo, Les Chansons des rues et des bois,1865, p. 111.
PRONONC. ET ORTH. : [bʀak]. La majorité des dict. enregistre braque. Ac. 1798 cependant admet braque ou brac; Ac. Compl. 1842, s.v. brac, renvoie à braque. Cf. aussi Nouv. Lar. ill., s.v. brac : ,,Se dit quelquefois pour braque.`` Besch. 1845, s.v. braque : ,,On a dit braccon, brachet, bracet, brachez, en vieux français.`` Pour ces formes anc. cf. aussi Littré et DG.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xves. bracque (Glossaire romanlatin de Lille dans Barb. Misc. 6, no7); prob. av. 1500? braque (Perceval, fo109bdans Gdf. Compl., s.v. brachet); 1500 bracque, spéc. bracq masc. « bracque mâle », bracque fém. « bracque femelle » (Lettre de M. d'Egmont au Marq. de Mantoue dans L. G. Pélissier, Doc. rel. au règne de Louis XII, 275 dans Barb., loc. cit.); 1526 braque (sans distinction de sexe) (Corresp. de J. de Matignon, éd. L. H. Labande, 19, ibid.); 1736 (Marivaux Télémaque travesti, éd. Deloffre, 197 dans Quem. : J'étois fou comme un Braque dans ce tems-là); d'où 2. l'emploi adj. 1736 « un peu fou » (Marivaux, loc. cit., 210, ibid. : jusqu'à quand serez-vous toujours Braque?); 1797 (Restif, Monsieur Nicolas, Pauvert, 4, 126, ibid. : Dupont-Lambert est braque, mais bonne). Issu du germ. *brakko « chien de chasse » que l'on peut déduire de l'a. h. all. braccho, m. b. all., m. néerl. bracke (Kluge20, s.v. Bracke) − soit par l'intermédiaire de l'a. prov. brac (Bl.-W.5; FEW t. 15, 1, p. 238, 1rehyp.) xiies. dans Rayn. − soit par celui de l'ital. bracco (Wind, p. 63; Barb., loc. cit.; Bl.-W.5; FEW, 2ehyp.), début xives., Dante, Convivio dans Batt.; l'origine de l'attest. de 1500 est en faveur de cette dernière hyp.; cf. aussi le syntagme bracque d'Italye, 1574, Charles IX, Chasse du Cerf, éd. Chevreul, 35, dans Barb., loc. cit. Les formes rom. accentuées sur le rad. sont issues du nomin. germ. *brakko (par l'intermédiaire d'un lat. vulg. *brácco; cf. lat. médiév. bracco, viiies.-ixes., Formulae Senonenses, II add. 4 p. 225, 21 sqq. dans Mittellat. W. s.v.), tandis que l'a. fr. bracon (braconner*) est issu de l'acc. *brakkon; dans le domaine gallo-rom., seul l'a. prov. est issu du nomin. germ., l'a. fr. corresp. ne semble pas attesté : on peut cependant déduire son existence de ses dérivés brachet* et braconnier*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 36.
BBG. − Duch. 1967, § 53. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 63; t. 3 1972 [1930], p. 339, 345. − Van der Vorst (P.). Braques, braconnerie, braconnage et braconniers. R. des lang. vivantes. 1967, t. 33, pp. 246-251. − Walt. 1885, p. 95. − Wind 1928, p. 63, 150.