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BRANLE, subst. masc.
A.− Mouvement d'oscillation. Branle de la tête, d'une cloche :
1. Le jeune homme comprit, et comme il croyait à des idées noires de femme souffrante, il essaya encore de la dissuader. Mais elle s'entêtait d'un branle de la tête, en personne dont la conviction est faite. Zola, La Bête humaine,1890, p. 33.
Sonner en branle. Sonner une cloche à la volée. À tout branle :
2. ... j'entendis sonner notre cloche lancée à tout branle et à tout battant. F. Fabre, Xavière,1890, p. 175.
Fig. Donner, imprimer le branle. Donner une impulsion initiale, déclencher un mouvement :
3. Cyprien (...) imprime un nouveau branle à la conversation qui se mourait... Huysmans, En ménage,1881, p. 166.
(Être, mettre, se mettre) en branle. Être, mettre (se) en action :
4. Par sa nouveauté, une image poétique met en branle toute l'activité linguistique. L'image poétique nous met à l'origine de l'être parlant. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 7.
Rem. Dans la lang. class. être en branle signifie « être dans l'incertitude ».
B.− P. méton.
1. MAR. Ancien nom du hamac (littéralement objet caractérisé par son mouvement d'oscillation) :
5. On plia les branles; on pointa l'artillerie; on prépara la mousqueterie... Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 63.
2. Ancienne danse du xvieet du xviiesiècle au mouvement vif que les danseurs exécutaient en se donnant la main. Branle simple, gai; branle de sortie :
6. Je danse un branle, vois jouer à l'action indiquée par le violon (...) Tout cela est gai, animé, mais bête. Stendhal, Journal,t. 2, 1805-08, p. 195.
P. ext. Commencer, mener, ouvrir le branle. Donner l'exemple :
7. ... Napoléon et Hugo mènent le branle pour l'impulsivité de l'instinct débridé contre le jugement. L. Daudet, L'Homme et le poison,1925, p. 78.
PRONONC. : [bʀ ɑ ̃:l].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1165-70 prendre son branle « se mettre en mouvement » (B. de Ste-Maure, Troie, 24363 dans T.-L.); spéc. 1250-60 « mouvement oscillatoire » (Atre périlleux, 1394, ibid.); ca 1463 sonner a bransle (Villon, Testament, 1905 dans IGLF Litt.); 2. 1540-46 être en branle de « être sur le point de » (Amadis, IV, 25 dans Hug.) − 1640 (Oudin Curiositez); 1622 donner le branle à (le P. Garasse, Rech. des Rech. de MeEst. Pasquier, p. 158 dans Livet Molière); 1640 mettre un homme en bransle (Oudin, loc. cit.); 1835 se mettre en bransle (Ac.); 3. xiiies. « danse » (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 1658); 4. 1678 mar. (Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, Paris, 3epart.). Déverbal de branler* « agiter ». Le sens de « danse » est tiré du syntagme branler une danse (av. 1525, Cretin, page 63 dans La Curne : Ainsi marcha, comme si une dance Voulsist bransler), puis branler « danser » (1572, Yver, p. 573 dans Littré : Ayant quelque temps branlé à la lourdesque); il est attesté en prov. dès 1492 (Gay).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 414. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 249, b) 555; xxes. : a) 961, b) 672.
BBG. − Jaberg (K.). Zu den französischen Benennungen der Schaukel. Vox rom. 1945/46, t. 8, pp. 4-6. − Rog. 1965, p. 130.