Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
BOUTIQUE, subst. fém.
A.− Local commercial de dimension modeste.
1. Local présentant vitrine sur rue dans lequel des marchandises sont exposées et vendues au détail :
1. − « Eh bien, avec ce petit capital dont vous m'avez parlé, Monsieur Antoine, je vais pouvoir réaliser une de mes idées. Oui, une idée à moi : le Comptoir. C'est un nom abréviatif, en quelque sorte. Un comptoir. On peut dire aussi un office. Une boutique, enfin. Oui. D'abord, une boutique. Un magasin, dans une rue passagère de la localité. Mais la boutique, c'est l'extérieur. L'idée, elle est dedans. » R. Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1345.
Garçon, fille de boutique; courtaud de boutique (péj.). Commis de boutique.
P. métaph. :
2. En même temps ils me montraient de laideurs en laideurs tout ce qu'ils dissimulaient dans la boutique de leur âme et ne le montraient à personne qu'à moi. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 305.
2. En partic.
a) Local dans lequel un artisan exerce son métier et vend sa marchandise :
3. ... des échoppes de bois, où l'on fait frire des pâtisseries ou des viandes pour le peuple; des boutiques de barbiers, de vendeurs de tabac, de marchands de légumes et de fruits; ... Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 349.
4. En approchant de la boutique du menuisier, les délégués et le commissaire entendirent des clameurs irritées, mêlées aux grincements de la scie et aux ronflements du rabot. A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 216.
5. Toute la vie moderne s'est réfugiée dans ces étalages. Je pense surtout aux boutiques des coiffeurs. Extraordinaire, mon cher. Vous avez remarqué ces têtes de cire? Quelque chose de par-delà la vie. Arland, L'Ordre,1929, p. 128.
Au fig., péj. Tout ce à quoi on n'attribue aucune valeur, ou à quoi on ne donne qu'une valeur dépréciative.
Envoyer promener toute la boutique. Rejeter tout le reste, tout le monde.
Rebut, chose sans valeur, désordre.
Parties génitales d'un individu.
P. méton.
Marchandises exposées et vendues dans ce local.
Fonds de boutique. Ensemble des articles proposés à la vente, et du matériel, des ustensiles permettant l'étalage et la vente. Vendre son fonds de boutique.
Ensemble des outils d'un artisan; spéc. gaine de bois ou de cuir qui contient les ustensiles du boucher :
6. À son flanc [d'un boucher] pendaient le fusil à aiguiser la boutique, ce carquois de cuir garni de couteaux, couperets et cassoirs. A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 303.
Expr. Ouvrir, fermer boutique. Entreprendre, cesser un commerce, un métier artisanal. Fermer, plier boutique. Cesser toute activité. Tenir boutique. Exercer un métier artisanal ou un commerce de détail.
Loc. fig. Tenir boutique de. Avoir à sa disposition, à son répertoire :
7. Ce même André Mareuil, qui se proposait si cavalièrement d'écrire l'Art de rompre, tenait boutique d'axiomes sur toutes les catégories de femmes... P. Bourget, Physiol. de l'amour mod.,1890, p. 270.
8. Anny Féret était bonne fille et tenait boutique de lieux communs. Druon, La Chute des corps,1950, p. 307.
b) Étalage en plein air. Boutique foraine.
Rem. Dans le domaine de la pêche, le mot désigne une cavité contenant les poissons vivants, placée à l'avant ou à l'arrière d'un bateau de pêche où l'eau peut circuler grâce à des trous aménagés à cet effet (d'apr. Pollet 1970).
c) Néol. Magasin élégant vendant des articles de confection portant la griffe de créateurs, grands couturiers, etc. :
9. L'équilibre entre le budget et les prix, le terrain d'entente a été trouvé avec la formule « Boutique » qui met à la portée des bourses moyennes des modèles étudiés pour être exécutés sans essayage... Le Figaro,15 nov. 1951, p. 10, col. 8.
Rem. Le mot boutique a longtemps eu une valeur dépréciative; de plus en plus s'y attache une idée de bon goût, d'élégance, d'originalité dans la création tant pour ce qui est du commerce que de l'artisanat.
B.− P. ext., fam. et souvent péj.
1. Le commerce (de détail) en général (par opposition à d'autres corps de la société : magistrature, bourse, etc.); p. méton. métier, esprit de commerçant de détail :
10. ... ce gouvernement radieux [Louis Bonaparte] (...) a tout pour lui, tout, la bourse, la boutique, la magistrature, toutes les influences... Hugo, Napoléon le petit,1852, p. 224.
2. Entreprise commerciale, affaire, travail. Faire marcher la boutique :
11. [Le roi :] ... les mœurs galantes qui conviennent à un grand monarque comme Louis XV iraient fort mal à un petit marquis de Brandebourg tel que moi. J'ai d'autres chats à fouetter pour faire marcher ma pauvre boutique... G. Sand, La Comtesse de Rudolstadt,t. 1, 1844, p. 36.
En partic. Groupe restreint pratiquant l'esprit de corps dans les affaires qui le concernent :
12. Par exemple il fallait dire le malade, le bourgeois; et ceux qui auraient ajouté « imaginaire » ou « gentilhomme » eussent témoigné qu'ils n'étaient pas de la « boutique », de même que, dans un salon, quelqu'un prouve qu'il n'est pas du monde en disant : M. de Montesquiou-Fezensac pour M. de Montesquiou. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 934.
Locutions
Esprit de boutique. Esprit de corps. Il est de la boutique. Il fait partie de la coterie :
13. [Férou] : − ... le plus fort, le seul fort d'eux tous est certainement le père Philibin (...) Le voilà terré dans l'ombre, et soyez certain qu'il y fait de la belle besogne (...) Ah! je ne sais pas qui est le coupable (...) mais il est de la boutique, cela saute aux yeux... Zola, Vérité,1902, p. 89.
Parler boutique. Parler de sujets professionnels, inaccessibles aux profanes. Questions de boutique. Problèmes que l'on débat entre initiés.
3. Maison, établissement, lieu de travail (mal tenus, mal administrés). La sale boutique! Je ne m'amuse nullement aux Docks. Voici un mois que je suis dans cette infâme boutique et j'en ai, par Dieu, plein le dos (Zola, Correspondance,1902, p. 72).
Tout endroit où quelque chose (parfois de peu avouable) se fait; au fig. (supra ex. 2).
En partic., vx. Corps politique ou corps constitué (qui n'a pas la faveur du public ou se trouve dans une situation critique) :
14. Nous avons mis dedans la Chambre des Pairs, la Justice, le Gouvernement et toute la sacrée boutique. Les gens du Roi n'y ont vu que du feu. Balzac, La Rabouilleuse,1842, p. 492.
Arg. La Boutique ou la Grande boutique. La Préfecture de Police (cf. Esn. 1966).
Rem. On rencontre dans la docum. a) Le subst. fém. boutiquaillerie. Ensemble des gens qui tiennent boutique et/ou font preuve d'esprit boutiquier. Le radicalisme représentait pour mon père l'opinion sérieuse, mais détestable de la boutiquaillerie française (H. Bazin, Vipère au poing, 1948, p. 110). b) Le subst. masc. boutiquisme, néol. d'aut. Envie irrésistible de regarder les vitrines des boutiques; fait d'y céder en entrant faire des achats. Nouvelle crise de boutiquisme, si j'ose dire ainsi. (Mais c'est dans ces moments-là que la langue française me gêne un peu, (...) − tout cela parce que je ne trouve pas d'équivalent au mot « shopping ».) (Larbaud, A. O. Barnabooth, 1913, p. 128).
PRONONC. : [butik].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1242 bouticle « lieu où un marchand ou un artisan étale et vend sa marchandise » (Curiosités des anciennes justices, 286 cité d'apr. Desmaze dans R. Hist. litt. Fr., t. 5, 1898, p. 301); 1377 botique (Texte dans les Preuves de l'Hist. de Bourgogne, III, 44, éd. 1748, ibid.); 1565 bouthique (H. Estienne, Conformité du Langage fr. avec le grec, éd. Feugère, p. 207); 1690 p. ext. (Fur. : Boutique, se dit aussi du fonds du Marchand); 2. av. 1575 « lieu où l'on travaille, atelier » (Bullinger [1504-1575], La Source d'Erreur, I, 9, p. 99 dans Hug.); d'où av. 1564 fig. (Calvin, Lettres, 1699 [XIV, 468], ibid. : La fantasie de lhomme est une merveilleuse boutique pour forger des folles imaginations); p. ext. 1740 (Ac. : En style populaire, on appelle Boutique, Une maison où les domestiques sont mal); 3. 1309 pêche bouticle « barrique » (Joinville, St Louis, 436c dans T.-L.). Empr. au gr. α ̓ π ο θ η ́ κ η « magasin, dépôt » attesté chez Thucydide (Liddell-Scott); vraisemblablement, étant donné cette orig., par l'intermédiaire de l'a. prov. botiga/-ca (1314 dans Rayn. II, 243b; cf. aussi boutiqua en 1492 d'apr. Pansier, t. 3, p. 27) avec i notant la prononc. de η en gr. tardif; l'anc. forme en -icle est due à l'épenthèse d'un l de renforcement assez fréquent en anc. et moyen fr. entre voyelle accentuée et -e final des mots d'empr. (cf. cronikle « chronique », demoniacle « démoniaque » etc.); l s'est maintenu dans bouticlar « bateau pour le poisson vivant » ou « magasin de poisson vivant » (Trév. 1771; Littré); pour le sens 3 un croisement avec boute* « tonneau » n'est pas impossible (EWFS2, s.v. bouclard).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 3 328. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 109, b) 8 668; xxes. : a) 4 919, b) 3 896.
BBG. − Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 312. − Dub. Pol. 1962, p. 87. − Gall. 1955, p. 457. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 228, pp. 237-240. − Kuhn 1931, p. 28, pp. 153-154, p. 156, 225. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 31. − Montguyon (J.). Rhétorique de la mode. Vie Lang. 1971, p. 432. − Mots dans le vent. Vie Lang. 1969, p. 692. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 191; t. 3 1972 [1930], p. 270. − Wartburg (W. von). Französisches Etymologisches Wörterbuch. Bonn-Leipzig, s.d., pp. 81-160 [Cr. Bruneau (C.). Romania. 1927, t. 53, p. 234]. − Wind 1928, p. 22.