| BOUSTIFAILLE, subst. fém. Populaire A.− Repas plantureux. Synon. bombance, bonne chère.Aimer la boustifaille. Faire une bonne boustifaille. Une vie de boustifaille : À Pierrot elle demanda :
− Vous dînez ici?
− Je veux, répondit Pierrot. J'ai une de ces dents. Et mes copains aussi... pas vrai les gars? À la perspective de boustifaille, Mésange réagit joyeusement en s'asseyant d'un mouvement souple et élégant sur le bureau.
Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 170. B.− P. ext. Nourriture. Synon. mangeaille, victuailles.Baguer, préparer sa boustifaille. Des grues bâfraient des langoustes, des gâteaux, toute une boustifaille de riches (Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 547). ♦ Synon. arg. La bectance, la bouffe, la bouftance, la croûte, la cuistance, la graille, la jaffe, la tambouille, la tortore. PRONONC. ET ORTH. : [bustifɑ:j]. Cf. -aille. Les dict. gén. n'enregistrent que le terme boustifaille. Boustif(f)e s'écrit avec un ou 2 f dans Céline, Mort à crédit, 1936, p. 219 et 424. Il est écrit avec 2 f dans R. Giraud, Le Royaume d'arg., Paris, Denoël, 1965, p. 28. ÉTYMOL. ET HIST. − 1821 boustifaille (Desgranges dans Sain. Lang. par., p. 114 : Tu ne fais que boustifer, vive la boustifaille! Tous ces mots-là sont des barbarismes enfantés par la populace).
Formation expressive à partir de bouffer* « manger gloutonnement »; boustifaille étant un terme dial. d'aire très étendue (FEW t. 1, p. 440b, s.v. borda); à partir du rad. de bouffer* « manger gloutonnement » on peut imaginer une double évolution : a) un dér. en -aille* (cf. mangeaille, ribaudaille, ripaille, etc.) bouffaille attesté en 1792 (Hébert, Père Duchesne, no199, p. 4 d'apr. Walter dans Quem.), b) des verbes dér. fréquentatifs *bouffeter (cf. débéquer/(dé)bèqueter, gober/gobeter, piquer/piqueter, etc.), bouffetifer* (cf. ébouriffer); d'où les subst. bouffetifaille ou boutiffaille (dial. du centre, Jaub.), puis, par dissimilation, boustifaille. STAT. − Fréq. abs. littér. : 20. BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 174. − Sain. Lang. par. 1920, p. 114. − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 215. |