| BOUSSOLE, subst. fém. A.− PHYSIQUE 1. Instrument construit d'après les propriétés que possède l'aiguille aimantée de se diriger vers les pôles magnétiques de la terre. Boussole à cadran, boussole de variation; se conduire par la boussole, se servir de la boussole. − Boussole de déclinaison. Celle qui sert à mesurer la déclinaison magnétique ou angle formé par le méridien magnétique avec le méridien géographique. Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. − MAR. Boussole ordinaire, boussole marine, boussole de mer. Boussole de déclinaison fixée de manière à rester toujours horizontale. Naviguer à la boussole. Marinette, du mot « marin » (c'est l')ancien mot de la boussole (Renard, Journal,1901, p. 663): 1. En tous les cas, le passage de la boussole de la Méditerranée dans l'Océan est constaté vers 1417; elle y prend plus volontiers le nom de compas.
J.-B. Charcot, Christophe Colomb vu par un marin,1928, p. 87. − Boussole d'inclinaison. Boussole identique à la boussole de déclinaison, mais placée en position verticale et non horizontale, et servant à mesurer l'angle de l'aiguille aimantée avec l'horizon (cf. Voyage de La Pérouse, t. 1, 1797, p. 247). 2. P. ext. a) Instrument de mesures électromagnétiques. Boussole des sinus. ♦ Boussole des tangentes. Appareil servant à mesurer l'intensité des courants électriques. Synon. perfectionné galvanomètre.Boussole des tangentes, qui permettait une mesure précise des intensités (Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 216). b) Instrument utilisé pour les relevés topographiques et servant à mesurer l'angle que forme une droite du terrain avec le méridien magnétique. Boussole d'arpenteur ou d'arpentage, boussole topographique. Il [l'ingénieur] lève des plans dans la mine avec sa boussole (Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 89). B.− P. anal. 1. [En parlant d'un obj. concr. ou abstr.] a) Objet qui sert à diriger : 2. L'insecte, dont le corps est revêtu d'écailles insensibles, a des antennes où réside l'organe du toucher, ou peut-être de l'odorat, qui dirige ses mouvements de progression. Ses antennes sont sa boussole.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 263. 3. [Benjamin Constant] ... n'a cessé d'avoir une pensée unique pour boussole.
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 1, 1863-69, p. 426. b) Objet dont la valeur sert de référence : 4. « Nous autres, Français, nous faisons en ce moment l'expérience des abîmes », écrit-il [F.-F. Legueu] à propos des variations de l'or et des affolements de la boussole monétaire.
Morand, Excursions immobiles,1944, p. 45. 2. [En parlant d'une pers.] Personne dont le jugement sert de guide : 5. Le délire l'a pris dimanche à 5 heures du soir et il a expiré vers 10, sans s'en apercevoir. C'est une perte pour moi irréparable. J'ai enterré avant-hier ma conscience littéraire, mon jugement, ma boussole, − sans compter le reste!
Flaubert, Correspondance,1869, p. 189. − P. méton. Organe ou faculté qui est le siège du jugement, tête, raison. Perdre la boussole. Être décontenancé, devenir comme fou parce qu'on ne sait plus comment ni où diriger sa pensée. Ma parole, je perds la boussole (...) Je sais bien que je suis touché puisque je ressens ma fatigue jusque dans les moelles (Cendrars, Moravagine,1926, p. 181). PRONONC. : [busɔl]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1527 bussole mar. (J. Colin, Préf. trad. Thucydide de Seyssel dans Hug.); 1532 boussole (Rab., Pant., liv. V, ch. VII dans Gdf. Compl.); cf. 1560 (Pasquier, Recherches, IV, 25 dans Hug. : Le Quadrant des Mariniers, appelé par les Italiens Boussole, est une invention admirable).
Empr. à l'ital. bussola, attesté au même sens dep. Francesco Buti [1324-1406] dans Tomm.-Bell., forme fém. corresp. au subst. masc. bussolo, bossolo attesté au sens de « petit vase, petit récipient (en bois à l'origine) » d'où l'appellation de la boussole, celle-ci reposant à l'orig. dans une petite boîte en bois (Francesco da Barberino [1264-1348] dans Batt.); bossolo est dér. par l'intermédiaire d'un lat. vulg. *buxula (FEW t. 9, p. 654b) du b. lat. buxis, v. boîte. STAT. − Fréq. abs. littér. : 257. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 612, b) 404; xxes. : a) 190, b) 238. BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 51, 149. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 213. − Gutmans (T.). Une Terminol. occ. unifiée dès le Moy. Âge : les quatre points cardinaux. Linguistique. Paris. 1970, t. 6, no1, p. 150. − Hagnauer 1968, p. 149. − Hehn (V.). Kulturpflanzen und Haustiere in ihrem Übergang aus Asien nach Griechenland und Italien, sowie in das übrige Europa, hrsg. von V. Schrader. Berlin, 1902, p. 231. − Hope 1971, p. 166. − Rog. 1965, p. 100. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 85. − Sain. Lang. par. 1920, p. 374. − Sar. 1920, p. 43. − Spitzer (L.). Span. dibujar « zeichen » afrz. déboisser. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 376. − Wind 1928, p. 13, 18, 44, 134, 197. |