| BOUSILLER, verbe. I.− Emploi intrans. A.− MAÇONN., vieilli. Maçonner, construire en bousillage. B.− P. anal., pop., fam., vieilli. Abîmer : 1. Une voix d'enfant vieille et sentencieuse s'échappe du lit : − Oui, tes yeux vont se brouiller, tu vas bousiller et tu auras encore « du refusé ».
Frapié, La Maternelle,1904, p. 118. II.− Emploi trans. A.− Exécuter un travail trop vite et mal. Il a bousillé l'ouvrage (Ac.1932). B.− P. hyperb., arg. Tuer. Ça t'fout par terre, mais ça t'bousille pas (Barbusse, Le Feu,1916, p. 229). − P. métaph. Massacrer (une chose) : 2. ... les violons l'ont-ils assez bousillé [le trait qui ouvre la danse des Apprentis, dans les Maîtres Chanteurs].
Willy, Bains de sons, par l'ouvreuse du Cirque d'été,1893, p. 260. Rem. 1. Ce dernier emploi pourrait aussi se rattacher à I B 2. La docum. atteste l'emploi chez J. Renard, Poil de Carotte, p. 61 et 208, du syntagme des bousilles aux lèvres, où bousille (en 1611 chez Cotgr. au sens de « matière pour bousiller ») est obscur (« gouttelette de salive, postillon »?). PRONONC. : [buzije], (je) bousille [busij]. (Pour [λ] et yod, cf. bousillage). ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1554 « construire en torchis » (Comptes de Diane de Poitiers, 181, Delb. dans Quem.); 1690 (Fur. : On dit proverbialement & par mépris des logis bâtis de mauvais materiaux, & de plusieurs manufactures & besognes malfaites, qu'elles ne sont que bousillées), d'où 2. 1694 « mal faire, gâcher, abîmer » (Ac.), graphie bouziller 1936 (Céline, Mort à crédit, p. 397); p. ext. 3. 1897 « tuer » d'apr. Dauzat, 16.4.17, 667 dans Esn. Poilu, p. 110; 1913 (Matin, 28 juin, Ibid.), graphie bouziller 1913 (Id., 25 août, ibid.).
Dér. de bouse*; suff. -iller*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 34. BBG. − Robert (I.). La Tentation de l'arg. Déf. Lang. fr. 1969, no49, p. 10. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 38, 128. − Teppe (J.). Ecrivailleurs, philosophâtres, poétaillons. Vie Lang. 1971, p. 161. |