| BOURRICHE, subst. fém. Panier oblong, grossièrement tressé, sans anses, servant au transport du gibier ou de la marée, plus rarement des fruits. Bourriche d'huîtres. Synon. cloyère (d'huîtres) :« (...) Il y avait à la noce une petite fille. (...) Je [Flaubert] voulais lui donner mon cœur, − une expression que j'avais entendue. Dans ce temps, il arrivait tous les jours, chez mon père, des bourriches de gibier, de poisson, de choses à manger, − que lui envoyaient des malades, qu'il avait guéris, − (...). Et en même temps, comme j'entendais sans cesse parler d'opérations ainsi que de choses habituelles et ordinaires, je songeais, pendant très longtemps, je songeais très sérieusement à prier mon père de m'ôter le cœur. Et je voyais mon cœur apporté dans une bourriche par un conducteur de diligence... »
E. et J. de Goncourt, Journal,1876, p. 1134. − P. ext. Bourriche de fleurs (J. Lorrain, Monsieur de Phocas,1901, p. 324). − P. anal., PÊCHE. Sac en filet (métallique ou en fil de lin) maintenu ouvert par des cercles, qu'on immerge, et qui sert à conserver vivants les poissons pris par le pêcheur à la ligne. Rem. Attesté dans Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr. − Argot 1. [P. anal. de forme] Tête. Il balança sa bourriche (G. d'Esparbès, La Guerre en dentelles,1896, p. 277). 2. P. croisement sém. de ce sens avec celui de bourrique*. Bête, idiote. Quelle bourriche de fille (...)! (Bruant1901, pp. 53-54). PRONONC. : [buʀiʃ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1526 bourriche « panier sans anses, de forme oblongue, servant à transporter du gibier, des poissons » (Bourdigné, Lég. de Faifeu, 130 dans R. Hist. litt. Fr., t. 5, p. 300); 2. 1846 arg. « tête » (Intérieur des prisons d'apr. Esn.).
1 est d'orig. obsc. Une dér. à partir de bourre* (FEW t. 1, s.v. bŭrra; Dauzat 1968; Bl.-W.5) est difficile à expliquer du point de vue sém. Pourrait être dér. de la racine préromane *bŭrr, var. de *burn- (à l'orig. de nombreux mots dial. désignant des objets analogues : poit. bourgne « engin de pêche », saint. bourgne, bourgnon « sorte de nasse pour prendre le poisson », Bas-Maine borñáo « id. » etc.; v. EWFS2, s.v. bourriche et bourgne, W. von Wartburg dans R. Dial. rom., t. 4, 1912, pp. 23-29 et J. Hubschmid dans Romanica Helvetica, t. 54, pp. 82-83); suff. -iche*; 2 est issu de 1 p. métaph. iron., cf. cafetière, carafe, carafon, tirelire, fiole, etc. STAT. − Fréq. abs. littér. : 37. BBG. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 106. − Moussat (É.). Sur le front du vocab. Un peu d'étymol. Du bourrichon à la bourrique. Déf. Lang. fr. 1965, no27, pp. 5-6. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 44, 335; t. 2 1972 [1925], p. 161, 180, 194, 196, 314. |