| BOURRASQUE, subst. fém. A.− Coup de vent violent, qui survient subitement : 1. Au dehors, c'était une vraie bourrasque; la pluie fouettait les vitres; près du ruisseau, deux saules se tordaient en sifflant.
Arland, L'Ordre,1929, p. 531. 2. 13 janvier. Cette nuit, violente bourrasque, avec remue-ménage céleste, éclairs, tonnerre et coups de vent qui font, à deux reprises, un vacarme de bombardement.
Gide, Journal,1943, p. 170. SYNT. Bourrasque affreuse, glacée, sauvage; bourrasque de pluie, de neige, de vent; temps de bourrasque; une bourrasque fond sur qqn. − P. compar. [En parlant de pers.] Partir en bourrasque : 3. C'est un volcan! ... une dynamite!... dès qu'il nous arrive un coup dur elle réagit en bourrasque! ...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 497. B.− P. métaph. : 4. D'ailleurs, comme par un contrecoup fatal, tout se gâtait de même autour des Roubaud. Une nouvelle bourrasque de commérages et de discussions soufflait dans le couloir.
Zola, La Bête humaine,1890, p. 139. 5. Jacques fit signe à d'autres membres de son groupe, qui passaient à proximité; une bourrasque de cris et de trépignements arriva de la salle; on continuait de s'injurier derrière ce mur, ...
De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 299. − En partic. 1. Mouvement de colère explosif; accès de mauvaise humeur. Les bourrasques et les sautes d'humeur d'un caractère inquiet, mécontent, chagrin (E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 13): 6. ... il fallait beaucoup de patience pour affronter, à chaque entrevue, une nouvelle bourrasque impossible à prévoir.
G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 409. ♦ Loc. Recevoir une bourrasque de premier ordre. Se faire tancer vertement : 7. ... il fut découvert, amené sur le pont, et il essuya là une bourrasque des plus vives de la part de Bonaparte, qui le traita de déserteur...
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 6, 1851-62, p. 52. 2. Au plur. Revers, vicissitudes subites et graves. Les bourrasques de l'existence, de la fortune : 8. Après toutes les bourrasques qui ont fondu sur toi, coup sur coup depuis un an, je comprends dans quel délabrement moral et physique tu dois être!
Flaubert, Correspondance,1866, p. 74. Prononc. ET ORTH. : [buʀask]. Fér. Crit. t. 1 propose la graph. bourasque avec un seul r. Étymol. ET HIST. − 1548 mar. (Rabelais, Quart Livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, chap. 18, p. 336 : mortelles Bourrasques); 1594 fig. « agitation, emportement brusque (d'une pers., de la foule) » (Sat. Ménipp., I, 44 dans Rob.).
Prob. empr. à l'ital. bur(r)asca, borrasca plur. -asche « id. », attesté dep. le xvies. au sens propre (Sassetti, 197 dans Batt.) et au fig. (Carnesecchi [1508-1567], 109, ibid.), l'ital. bur(r)asca, bor(r)asca lui-même étant issu de bora (v. ce mot) avec gémination expressive de -r-; suff. -asca. STAT. − Fréq. abs. littér. : 282. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 149, b) 563; xxes. : a) 551, b) 438. DÉR. Bourrasquer, verbe intrans.Se livrer à des bourrasques, à des emportements brusques. Emploi trans. Livrer à des bourrasques. MlleGeorges elle-même ne fut plus ménagée; son imprécation contre Londres fut bourrasquée (MmeV. Hugo, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie,1863, p. 188).Néol. pour Littré et Guérin 1892, rare pour Quillet 1965. − Seule transcr. dans Littré : bou-ra-ské. − 1reattest. 1863, supra; dér. de bourrasque, dés. -er. BBG. − Hope 1971, p. 106. − Sar. 1920, p. 43. − Wind 1928, p. 43, 134, 197. |