| BOURGEON, subst. masc. A.− BOT. Excroissance apparaissant sur certaines parties des végétaux et donnant naissance aux branches, aux feuilles, aux fleurs et aux fruits : 1. La branche se gonflait, les bourgeons humides éclataient, les petites fleurs blanches s'épanouissaient; ...
R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1589. SYNT. Bourgeon adventif, axillaire, latéral, terminal; bourgeon à bois, à fleurs, à feuilles; bourgeon écailleux, bourgeon nu. − Spéc. Nouvelle pousse de la vigne. ,,Couper les nouveaux bourgeons d'un cep de vigne`` (Ac.1798, 1935). Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires. − P. métaph. (mélioratif ou péj.). Élément concret ou abstrait, situation matérielle ou morale laissant prévoir des développements ultérieurs qui peuvent être multiples et importants, favorables ou défavorables. Envie embryonnaire, colère tom-pouce, cruauté en bourgeons (Morand, Fin de siècle,1957, p. 185): 2. L'histoire est lente et le même printemps de l'Europe, qui, il y avait deux siècles, avait poussé des bourgeons, poussait maintenant des feuilles, et viendrait le temps de la floraison et de la vendange. Dans les livres, de nouveaux mots apparaissaient qui manifestaient une nouvelle espérance : enthousiasme, génie, industrie humaine, bien public, patrie, humanité.
Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, p. 223. − [Désigne une pers.] Personne qui n'a pas encore atteint l'âge adulte. Armande (...) une gamine (...) un bourgeon pas encore débourré (Genevoix, L'Assassin,1948, p. 140). B.− P. anal. − BIOL. Bourgeons gustatifs ou bourgeons du goût. ,,Organe récepteur du goût, de forme ovoïde ou conique, enclavé dans l'épithélium de la muqueuse linguale`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Excroissance cellulaire se développant sur un organisme pour donner naissance à un organisme semblable (cf. J. Rostand, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 27). − MÉDECINE 1. Bouton poussant sur la peau, particulièrement au visage : 3. C'était un grand jeune homme, l'œil très spirituel, mais figure un peu satyre et teint de vérolé, le nez et les joues tout couverts de bourgeons.
Michelet, Mémorial,1822, p. 204. 2. Bourgeons charnus. Granulations rougeâtres et coniques formant un bourrelet à la surface des plaies en voie de cicatrisation. Prononc. : [buʀ
ʒ
ɔ
̃]. Enq. : /buʀ
ʒõ/. Étymol. ET HIST. − 1. 1160 bot. burjon (Benoit, Ducs de Normandie, II, 12739 dans Gdf. Compl.); 2. p. ext. ca 1270 « bouton saillant sur le visage » (Rutebeuf, éd. E. Faral et J. Bastin, LI, 68); 1824 chir. (Nysten : Bourgeons charnus); 3. 1565 fig. « personne ayant peu d'expérience » (Tahureau, 2eDialogue du Democritic, p. 165 dans Hug.).
Du lat. vulg. *burrionem, accus. de *burrio, dér. du b. lat. burra, bourre*, ainsi nommé parce que ,,les bourgeons des arbres ont quelque chose de velu, & qui approche de la bourre`` (Ménage), v. A. Thomas, Mélanges d'étym. fr., 1902, pp. 35-36. STAT. − Fréq. abs. littér. : 366. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 468, b) 452; xxes. : a) 678 b) 506. BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 90. − Plantefol (L.), Prévost (A.-M.). Bourgeon et bouton dans la lang. sc. fr., du xvieau xviiies. Cr. de l'Ac. des Sc. 1961, no253, p. 1143. − Prévost (A.-M.). Termes et notions correspondant au mot bourgeon ds les lang. anc. et le vocab. sc. lat. Cr. hebdomadaire des séances de l'Ac. des Sc. 1961, t. 252, pp. 2487-2489. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 202. − Thomas (A.). Variétés étymol. Romania. 1899, t. 28, pp. 174-175. |