| BOULEVERSEMENT, subst. masc. A.− Renversement, retournement, mise sens dessus-dessous. Ces rochers, témoins de ravages et de bouleversemens arrivés à une époque inconnue (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 2, 1801, p. 133): 1. Il espérait trouver l'enseigne encore vivante (...), mais (...), il ne restait qu'un bouleversement de pierres et de poutres broyées autour d'un grand toit rouge, que les obus n'avaient pas vu.
Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 144. B.− Au fig. Perturbation profonde, trouble violent. 1. [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Émotion intense. a) Péj. Bouleversement des consciences, des destinées, des idées, des valeurs : 2. Christophe se bouchait les oreilles, pour ne pas entendre, et il tremblait. Ce qui se passait en lui était inexprimable : c'était une bouleversement affreux, un effroi, une douleur, comme si quelqu'un était mort, quelqu'un de cher et de vénéré.
R. Rolland, Jean-Christophe,L'Aube, 1904, p. 44. b) Plutôt laudatif : 3. Cette main qu'il tient abandonnée et moite, il la porte sans défense à ses lévres. Plusieurs fois... pieusement d'abord, avec recueillement; puis avec une émotion grandissante, un bouleversement, une violence irrésistible, accélérée, qui lui délie le cœur.
R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 254. 2. [En parlant d'événements hist., soc.] a) Péj. Perturbation grave. Synon. Confusion, désordre, désastre, ruine : 4. Révolution, bouleversement effroyable en Russie. Serait-ce enfin le commencement de l'universelle conflagration attendue par moi si longtemps?
Bloy, Journal,1905, p. 281. 5. Mais l'affreux bouleversement, politique, économique, social, moral, où le désastre, la trahison, l'usurpation, ont plongé notre pays, ne prendra pas fin par le seul fait que les forces allemandes et italiennes auront été écrasées par les forces alliées. Ce bouleversement a des causes profondes. Il aura d'immenses conséquences. La guerre présente est pour toutes les nations, mais avant tout pour la France, une colossale révolution.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 474. SYNT. Bouleversement général; bouleversement du pouvoir, de la société. b) P. ext., plutôt laudatif. Changement radical, transformation de fond en comble : 6. L'écrivain de nos jours, (...) se voit enfin trop directement intéressé à la révolte et à tout bouleversement qui puisse contraindre au renouveau l'homme et le monde, pour n'être pas en secret révolutionnaire, s'il n'ose l'être ouvertement.
Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 34. 7. Une réaction se dessine dans la médecine contemporaine qui y laisse prévoir plus qu'une simple réforme, un bouleversement total.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 178. 1reattest. 1579 fig. (Lostal, Disc. philos., 322 dans Delb. Notes); 1611 « désordre, renversement » (Cotgr.); dér. de bouleverser*, suff. -ement (-ment2*). − [bulvε
ʀsəmɑ
̃]. Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,[Le 1ere] est si muet, que dans la prononciation il semble qu'il n'y en a point. Aussi plusieurs écrivent boulversement, bouleverser; mais cette orthographe n'est pas la plus commune, et l'usage ne l'a pas autorisée.`` − Fréq. abs. littér. : 550. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 812, b) 563; xxes. : a) 671, b) 940. BBG. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 33. − Dub. Pol. 1962, p. 88, 99, 131. |