| BOUFFONNERIE, subst. fém. I.− A.− Ce que l'on dit ou fait pour faire rire. Cf. plaisanterie; facétie, gaillardise.Le grand siècle a goûté les bouffonneries du petit père André (Bremond, Hist. littér. du sentiment relig.,t. 3, 1921, p. 228). Rem. 1. Ce sens est le plus souvent péj. 2. Quillet 1965 mentionne le sens ,,plaisanterie de bouffon de cour`` (cf. bouffon I B et bouffonner I A). SYNT. Bouffonnerie énorme, méchante, pesante, plaisante, plate, ridicule, triviale; dire, écrire, faire des bouffonneries; goûter les bouffonneries de qqn; amuser qqn de ses bouffonneries. − Spéc.
Œuvre, manifestation théâtrale, musicale, du genre comique (cf. bouffon). Les bouffonneries d'Offenbach. Cf. arlequinades, pantomimes : 1. Palais-Royal : reprise, chaque soir, de bouffonneries anciennes et du rire toujours neuf, que présente à l'esprit du lecteur d'affiches ou de journaux, ce nom illustre : Labiche, soit le répertoire.
Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 756. B.− P. ext. [L'accent est mis sur la bouffonnerie comme obj.] Une chose bouffonne, qui fait rire. Commettre, se prêter à une bouffonnerie. Plus nous allons et plus la vie nous semble une bouffonnerie, qu'il faut prendre et quitter en riant (E. et J. de Goncourt, Journal,1858, p. 452);quelle bouffonnerie qu'un gouvernement! (Balzac,
Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 80). II.− Caractère, qualité d'une personne ou d'une chose bouffonne. A.− [Qualité de qqn] :
2. Moi je ris de tout, même de ce que j'aime le mieux. Il n'est pas de choses, faits, sentiments ou gens, sur lesquels je n'aie passé naïvement ma bouffonnerie, comme un rouleau de fer à lustrer les pièces d'étoffes.
Flaubert, Correspondance,1852, p. 378. B.− [Qualité de qqc.] :
3. Tout cela se colore des nuances chaudes de l'Espagne − mais par allusions presque indirectes, parodiques souvent même − rythmes de séguedille et de habanera, revenant dans un finale drôlement conventionnel et d'une irrésistible bouffonnerie.
R. Dumesnil, Hist. illustrée du théâtre lyrique,1953, p. 209. SYNT. Exagérer qqc. jusqu'à la bouffonnerie; la bouffonnerie d'un accoutrement. − Littér. et artistique. Le genre bouffon. SYNT. La bouffonnerie d'Aristophane, de Rabelais, de Molière, de Voltaire; la bouffonnerie des Italiens, (p. ext.) la bouffonnerie débridée de la Commedia dell'arte (R. Dumesnil, Hist. illustrée du théâtre lyrique, 1953, p. 171); la bouffonnerie populaire. PRONONC. ET ORTH. : [bufɔnʀi]. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. boufonerie avec un seul f et un seul n. ÉTYMOL. ET HIST. − 1539 « action ou parole bouffonne » (Gruget, Leçons de P. Messie, 675 dans Quem.); 1688 « ce qui est bouffon » (La Bruyère, Les Caractères, Paris, éd. Garnier, chap. II, p. 102).
Dér. de bouffon*; suff. -erie*; cf. l'ital. buffoneria attesté au sens de « art du bouffon, spectacle qu'il donne » depuis 1388 dans Batt. et de « action bouffonne » dans Arioste [1474-1533], ibid. STAT. − Fréq. abs. littér. : 158. BBG. − Sar. 1920, p. 11. |