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BOUFFON, ONNE, adj. et subst.
I.− Emploi subst.
A.− Vx. Comédien qui joue la farce, la pantomime. Il fut aussi [Molière], dit-on, élève de Scaramouche, le bouffon italien (Léautaud, Le Théâtre de Maurice Boissard,t. 1, 1926, p. 141).
P. ext. Bouffon de cirque, de foire :
1. Les actions comiques sont des gestes seulement et ne veulent jamais tromper personne; aussi personne ne plaindra Géronte dans son sac, et bâtonné par Scapin, ni le Médecin malgré lui, pas plus qu'on ne plaint le bouffon de cirque des faux soufflets qu'il reçoit. Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 163.
B.− Personnage à l'apparence le plus souvent grotesque attaché à la personne d'un roi ou d'un haut personnage, chargé de l'amuser par ses facéties ou ses moqueries à l'égard de la cour. Bouffon de cour, du gouverneur, du pacha :
2. ... pour un bouffon la métaphore risquée est de droit et (...) le propre d'un fou de cour, c'est de dire çà et là des choses étranges et folles par l'expression, vraies et sages par la pensée. Hugo, Correspondance,1839, p. 569.
C.− P. ext. et au fig.
1. Personne qui aime à faire rire la compagnie :
3. Par la suite, le personnage de Wasselin ne laissa pas de l'amuser. « C'est un bouffon, disait père avec un mépris souriant. Il est insupportable, mais impayable. » G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 82.
En partic. Auteur spécialisé dans le comique de bas étage :
4. Venu après Molière, Larivey aurait sans doute égalé Regnard, et il ne fut que le premier des bouffons. Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 233.
2. Souvent péj. Rustre, homme sans délicatesse. On parle d'un plat bouffon, d'un homme sans délicatesse, sans aucune considération (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 302).
De même. Servir de bouffon. Faire rire à ses dépens.
Rem. S'emploie plus rarement au fém. Perse reconnaissait dans Eglé, la bouffonne / Qui se barbouille avec des mûres (Hugo, La Légende des siècles, Des idylles, t. 4, 1877, p. 800). De même faire la bouffonne, une petite bouffonne.
II.− Emploi adj.
A.− Qui provoque le rire par son côté comique, généralement peu délicat ou ridicule.
1. [En parlant d'une pers., de son expr.] Notre grand homme était, dans ce moment, bouffon à force de pontifier... (E. et J. de Goncourt, Journal,1892, p. 315).
SYNT. Un bouffon personnage; un entrain, un esprit, un humour, un sérieux bouffon; la fantaisie, la gaîté, l'humeur, l'ironie, la joie, la mine, la verve bouffonne.
2. [En parlant d'une chose]
a) Synon. de burlesque, cocasse, comique, grotesque :
5. ... il [le chanoine] faisait un recueil de toutes les anecdotes bouffonnes, mais chastes, qu'il avait pu récolter dans sa tournée : une espèce de dictionnaire de la gaieté ou d'encyclopédie du rire à l'usage de la famille et des voisins. Lamartine, Les Confidences,1849, p. 331.
[En parlant d'une œuvre littér. ou artistique] Qui est du genre bouffon.
P. ell., emploi subst. Le bouffon :
6. On y disait très nettement que le romantisme n'était autre chose que l'alliance du fou et du sérieux, du grotesque et du terrible, du bouffon et de l'horrible, autrement dit, si vous l'aimez mieux, de la comédie et de la tragédie. Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet,1836, p. 661.
SYNT. Une anecdote, un couplet, un discours, une image, une pièce, une plaisanterie, une satire, un style, un vaudeville bouffon(ne); une grandiloquence, une solennité bouffonne; expr. je trouve cela bouffon; c'est bouffon; cf. également afféteries ex. 11 et amuseur ex. 2.
b) Incompatible avec la réalité. Synon. extravagant, invraisemblable :
7. Un snobisme particulier aux Français (...) englobe sous le nom de cette province [les Flandres] à peu près imaginaire tout un capharnaüm d'erreurs historiques, géographiques et artistiques assez bouffonnes. Toulet, Notes sur l'art,1920, p. 89.
SYNT. Une affaire, une erreur, une idée, une proposition, une situation bouffonne; en arriver à un degré bouffon, à des proportions bouffonnes.
B.− Plus rarement. Synon. de bouffe, par réf. à opéra bouffe.Musique bouffonne, théâtre bouffon; le livret d'un opéra bouffon (Stendhal, De l'Amour,1822, p. 299).
P. ell. Les Bouffons. Le théâtre bouffon. Avoir une loge aux Bouffons, aller aux Bouffons, je ne renouvellerai ni ma loge à l'Opéra, ni aux Bouffons (Balzac, Correspondance,1835, p. 629).
Rem. 1. Nombreuses autres attest. chez Balzac (Physiologie du mariage, éd. pré-originale, 1826, p. 118; La Peau de chagrin, 1831, p. 83 et Le Père Goriot, 1835, p. 44); chez J.-J. Ampère (Correspondance [avec Mmede Récamier], 1827, p. 455); Delécluze (Journal, 1825, p. 132, 167); Jouy (L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, 1813, p. 187); Mmede Staël, (Lettres de jeunesse, 1789, p. 281). 2. On rencontre dans les dict. gén. le subst. masc. bouffonneur, synon. de bouffon* I B, attesté avec les mentions suiv. : ,,v. lang.`` dans Ac. Compl. 1842, ,,autrefois`` dans Besch. 1845 et Lar. 19e, sans mention partic. dans Littré, ,,inus.`` dans Guérin 1892, ,,vieilli`` dans Nouv. Lar. ill., ,,vx`` dans Lar. 20eet sans mention partic. dans Quillet 1965.
PRONONC. ET ORTH. : [bufɔ ̃], fém. [-ɔn]. Enq. : /bufõ/. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. boufon avec un seul f.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Subst. « personnage dont le rôle est de faire rire » a) 1530 buffon au théâtre (C. Marot, Coll. d'Erasme, l'abbé et la femme sçavantes, fo6 vo, éd. s.d. dans Gdf. Compl.); av. 1560 bouffon (Du Bellay, VI, 40 vodans Littré); b) 1549 à la cour (H. Estienne, Dial. I, 84 dans Sar., p. 11); av. 1614 bouffon du roy (Brantôme, XII, 56, ibid.); 2. id. 1611 « celui qui cherche à faire rire » (Cotgr.); p. ext. 1694 « celui qui fait rire à ses dépens » servir de bouffon (Ac.); 3. 1680 adj. « gaillard, plaisant » (Rich.); emploi subst. « le genre bouffon » (Boil., Art Poét. I, 93). Empr. à l'ital. buffone attesté dans Batt. au sens 1 b dep. la 2emoitié du xiiies.; au sens 1 a dans T. Campanella [1568-1639]; au sens 2 dep. 1483; emploi adj. dep. 1659, ibid. L'ital. buffone est dér. de la racine onomatopéique buff- qui exprime le gonflement des joues, v. bouffer; cf. lat. médiév. bufo « railleur, diseur de bons mots », 2emoitié xiiies. Bertholdus Ratisbonensis dans Mittellat. W. s.v., 1605, 60.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 503. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 931, b) 936; xxes. : a) 600, b) 480.
BBG. − Hagnauer 1968, p. 130. − Hope 1971, p. 166, 169. − Sar. 1920, p. 11. − Wind 1928, p. 122, 183, 206.