| BOUDOIR, subst. masc. A.− Petite pièce élégante dans laquelle la maîtresse de maison se retire pour être seule ou s'entretenir avec des intimes : 1. D'honneur, vous eussiez dit un boudoir de duchesse, tout s'y trouvait : − comfort, élégance et richesse. − Sur un beau guéridon de bois de citronnier brillait, comme une étoile, une lampe d'albâtre qui jetait par la chambre un jour doux et bleuâtre. − Des perles, de la soie, un coffre à clous d'acier, de blondes sépias, de fraîches aquarelles, des albums, des écrans aux découpures frêles, la dernière revue et le nouveau roman, ...
T. Gautier, Albertus,1833, p. 167. 2. Le boudoir de madame Pommerel, tendu de soie bleue, doucement éclairé par des lampes recouvertes d'abat-jour roses, formait une retraite d'ombre et de silence...
Chardonne, Les Destinées sentimentales,La Femme de Jean Barnerey, 1934, p. 39. SYNT. Boudoir coquet, délicieux, doré, fleuri; atmosphère de boudoir; introduire qqn, s'enfermer dans son boudoir. − P. ext., rare : 3. Dans un boudoir d'hommes, c'est-à-dire dans un fumoir attenant à un élégant tripot, quatre hommes fumaient...
Baudelaire, Petits poèmes en prose,1867, p. 189. − P. compar. : 4. Vascœuil, admirablement frais dans cette chaleur. Hautes herbes, adorable négligence, voluptueux déserts, des charmilles se fermant au bout et formant comme des boudoirs de verdure. Lieu d'intimité, de plaisir, de rêverie.
Michelet, Journal,1842, p. 410. B.− Péj. Ce même lieu, où s'accordent les plaisirs intimes, et, où, le cas échéant, se traitent des affaires secrètes. Propos de boudoir (Ac.1932) : 5. Beaucoup de diplomates en herbe, parleurs de salon, ou ministres de boudoir, attribuent la finesse de cette spéculation aux conseils du maréchal Gérard.
Balzac,
Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 110. 6. Outre une bibliothèque contiguë à sa chambre, il avait un boudoir auquel il tenait fort, réduit galant tapissé d'une magnifique tenture de paille fleurdelysée et fleurie faite sur les galères de Louis XIV et commandée par M. de Vivonne à ses forçats pour sa maîtresse.
Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 715. SYNT. Un boudoir d'actrice, de cocotte, de courtisane; caquetages, intrigues de boudoir; un homme de boudoir; succès de boudoir; courir les boudoirs. − P. métaph. Diplomatie de boudoir. Diplomatie inspirée par une femme intrigante (cf. Lar. Lang. fr.). PRONONC. : [budwa:ʀ]. Enq. : /budwa:ʀ/. ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1730 (Du Cerceau dans Trév. 1752), qualifié de ,,familier`` par Ac. 1740-98.
Dér. de bouder*; suff. -oir*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 634. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 205, b) 2 024; xxes. : a) 614, b) 212. BBG. − Mmede Genlis et le bon langage. Vie Lang. 1971, p. 473. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 62. |