| BOUCLIER, subst. masc. A.− Arme défensive que l'on tient devant soi pour se protéger : 1. Le roi arrive et s'assoit. Quelques princes l'entourent qui portent son sabre, sa masse d'armes, son bouclier.
J. Gobineau, Correspondance[avec Tocqueville], 1857, p. 287. − P. métaph. : 2. Le droit est l'épée des grands, le devoir est le bouclier des petits.
Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 246. 3. Lyautey me dit : − La Lorraine a servi de bouclier à la France cette fois encore, comme toujours à travers les siècles.
Barrès, Mes cahiers,t. 13, 1921, p. 14. − P. anal. ASTRON. Bouclier d'Orion. Constellation qui, dans nos pays, est visible l'hiver. GÉOL. ,,Partie consolidée de l'écorce terrestre, stable et rigide, formée de terrains anciens fortement granitisés et métamorphisés`` (George 1970). Le bouclier africain. MINES. ,,Sorte de carapace métallique utilisée pour le percement d'un tunnel`` (Poignon 1967). ZOOL. ,,Parties dures composant le test des animaux articulés, comme les tergites des insectes`` (Séguy 1967). Les boucliers de l'esturgeon (Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 1, 1805, p. 119). B.− P. ext. Dispositifs de protection divers. − ARTILL. Les pièces allemandes (...) munies de boucliers (Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 62). − PHYS. NUCL. Bouclier biologique, thermique. C.− Au fig. Ce qui constitue un moyen de défense ou une protection contre une agression quelconque. Servir de bouclier; se faire un bouclier de; se mettre sous le bouclier de qqn : 4. Le silence est mon refuge et mon bouclier.
Amiel, Journal intime,1866, p. 111. 5. « Quelle sécurité est la vôtre, Dolorès! Comme vous paraissez protégée − à l'abri d'un bouclier invisible. »
Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 165. − Loc. fig. Une levée de boucliers. Protestation unanime : 6. Je vous dirai même qu'au Jockey, quand on a appris ces prouesses, cela a été une levée de boucliers, un véritable tollé.
Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 235. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [buklie] ou [-klije]. Le mot est transcrit sans yod dans Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851, Littré et Warn. 1968. Il est transcrit avec yod dans DG, Dub., Pt Rob. et Pt Lar. 1968. Littré fait la rem. suiv. : ,,Autrefois bouclier était, en poésie, de deux syllabes, et Rotrou a encore suivi cet archaïsme. Écrit bucler, comme il l'était souvent, ce mot était dissyllabique; écrit bouclier, quelques indices portent à croire que, dans la prononciation, une des consonnes tombait : bouclier; de là l'usage de le faire dissyllabique, lors même que la prononciation avait changé``. (Cf. aussi DG : ,,Au xviesiècle, et encore dans Rotrou bou-klyé`` y = j). 2. Forme graph. − Besch. 1845 boucler ou bouclet : ,,s'est dit autrefois pour bouclier.`` (cf. aussi Lar. 19e, s.v. bouclet). ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1100 escut bucler « bouclier garni d'une bosse » (Roland, éd. Bédier, 526); apr. 1268 bouclier « arme défensive » (Claris et Laris, 2439 dans T.-L.); 2. a) 1460-70 levee de boucler « vive opposition » ([Simon Gréban], Actes des apôtres, vol. II, fo45adans Gdf. Compl.); b) xvies. « soutien » (Du Bellay,
Œuvres poét. dans IGLF Litt.) et plus partic. dans l'expr. faire bouclier de « s'appuyer sur » (Calvin, Sermon sur le Deutéronome, p. 274adans Gdf. Compl.).
Ell. du syntagme escut boucler c.-à-d. « écu garni d'une boucle », avec substitution du suff. -ier* à la finale -er, celle-ci étant prob. due à un b. lat. bucculare, -is dér. de buccula (cf. début ves. le subst. b. lat. bucculare « récipient », Marcellus Empiricus dans TLL s.v., 2230, 8; EWFS2), parallèlement à la forme en -é*, dér. directement de boucle, attestée dep. la fin du xiies. (Aliscans, 149 dans T.-L. : ces escus bouclés). STAT. − Fréq. abs. littér. : 622. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 430, b) 1 262; xxes. : a) 523, b) 433. BBG. − Darm. Vie 1932, p. 56, 68. − Rog. 1965, p. 94. |