| BOUCHERIE, subst. fém. A.− Vieilli. Lieu où l'on abat le bétail (cf. abattoir et boucher2rem.) : 1. À la porte de la boucherie centrale, tu vois des bœufs manger leur foin à deux pas du mandrin, devant le boucher aux bras rouges, qui les regarde en riant. J'envie ça, moi!
Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 105. SYNT. Races, animaux, bêtes de boucherie; abattage, commerce des animaux de boucherie; envoyer, destiner, livrer, expédier (des animaux) à la boucherie. − P. métaph. : 2. Maintenant la voilà qui pleure (...). Ah! Si j'étais un écolier de rhétorique, comme je réfléchirais profondément sur cette misère couronnée, sur cette pauvre brebis à qui on met un ruban rose au cou pour la mener à la boucherie! Cette petite fille est sans doute romanesque; il lui est cruel d'épouser un homme qu'elle ne connaît pas. Cependant elle se sacrifie en silence; ...
Musset, Fantasio,1834, II, 3, p. 216. − P. anal., péj. [En parlant d'êtres humains, partic. s'ils sont sans défense] Hécatombe, massacre. 1. [Le plus souvent en parlant de la guerre, de ses combats sanglants] :
3. Ces braves étaient ainsi à la boucherie, sans cavalerie pour les protéger, et sans artillerie pour les venger.
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 1097. SYNT. Conduire, envoyer, mener (des armées) à la boucherie; aller, prendre part à la boucherie; arrêter la boucherie; être sauvé d'une boucherie; scène de boucherie; épouvantable, effroyable, horrible boucherie. 2. Plus rare : 4. Les Antis nommaient sacrifices ces horribles boucheries. Je ne pousserai pas plus loin le détail des assassinats religieux commis chez les différents peuples, sous le prétexte de rendre hommage à la divinité et de l'honorer par un culte.
Dupuis, Abr. de l'Orig. de tous les cultes,1796, p. 421. 5. Nous étions en effet, parvenus à la place où s'exercent ces boucheries judiciaires qui maintiennent encore notre civilisation au niveau des lois et des mœurs des anthropophages.
Nodier, La Fée aux miettes,1831, p. 139. B.− Usuel. Boutique de vente au détail de la viande. Aller à la boucherie; garçon de boucherie; boucherie hippophagique, chevaline : 6. ... la splendeur souvent rénovée des charcuteries des petites villes des confins septentrionaux du Massif Central ne trouverait pas d'autres sources d'explication : chaque semaine, telle d'entre elles qui débite cinq à sept porcs à la clientèle de son magasin, en achemine deux ou trois wagons à Paris. Tel boucher qui tue hebdomadairement une vache, trois veaux et un mouton est tous les lundis à La Villette pour suivre ses ventes. L'exode rural ne s'est pas accompagné, au moins dans les régions d'élevage, d'une disparition de boucheries ou charcuteries; ...
Wolkowitsch, L'Élev. dans le monde,1966, p. 178. − P. méton. 1. Commerce de la viande. La boucherie a haussé ses prix, la boucherie est soumise à certains règlements (Ac.1932);à Clermont-Ferrand, on essaya de municipaliser la boucherie (G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 406): 7. Dans le but d'éviter les abattages clandestins, la commission émet le vœu que les taxes sur la viande soient unifiées, (...). Elle rappelle à ce sujet les études faites par l'interprofession et plus spécialement par la fédération de la boucherie en gros.
Quelques aspects de l'équipement agric. en France, 2, 1951, p. 34. ♦ Viande de boucherie. Tout viande vendue dans une boucherie (bœuf, vache, veau; mouton, agneau; cheval), celle de porc mise à part (cf. boucher-charcutier et charcuterie) : 8. On a de grandes facilités quand on traite une assemblée nombreuse et des appétits robustes; avec de la viande de boucherie, du gibier, de la venaison et quelques grosses pièces de poisson, on a bientôt composé un repas pour soixante personnes.
Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 279. 2. Ensemble des personnes appartenant à cette profession : 9. De Saint-Lazare aux abattoirs,
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Les beaux gars de la boucherie
Sont les grands seigneurs des trottoirs.
J. Lorrain, Modernités,Seigneurs, 1885, p. 99. PRONONC. : [buʃ
ʀi]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1268-71 « lieu où l'on tue les animaux destinés à la consommation » (E. Boileau, Métiers, 2ep., XXX, 3, 7 éd. Lespinasse et Bonnardot, Paris, 1879, p. 281 : brebiz de bocherie) − 1606 impropriété (selon Nicot, s.v. boucherie : le lieu où la chair se vent, et despece; car celuy ou les beufs et autre bestiail se tuent, est appelé tuerie); 2. ca 1220 boucerie « lieu où l'on vend la viande des bestiaux » (Huon de Bordeaux, éd. Guessard et Grandmaison, 4031); 3. 1595 « tuerie, carnage » (Montaigne, Essais, éd. Gallimard, t. 1, 31, p. 251).
Dér. de boucher2*; suff. -erie*. À rapprocher du lat. médiév. bocharîa (fin du xes. dans Mittellat. W., s.v. *bucheria, 1602, 10). Cf. l'ital. beccheria « boucherie ». STAT. − Fréq. abs. littér. : 322. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 343, b) 539; xxes. : a) 586, b) 433. BBG. − Lew. 1960, p. 113, 190. |