| BOSSUER, verbe. A.− Emploi trans. 1. Déformer (quelque chose) accidentellement ou intentionnellement par des bosses. Bossuer une vieille bassine à coups de pierres (Thomas 1956); bossuer une cuiller d'argent (Ac. 1835-1932); bossuer un casque, une cuirasse (Ac. 1835-1932). Rem. ,,Ce verbe est souvent remplacé aujourd'hui par bosseler`` (Ac. 1932). − P. ext. : 1. Il mangeait, à grosses bouchées qui lui bossuaient les joues.
Genevoix, Raboliot,1925, p. 195. 2. Dans un carré de terrain que bossuaient quelques dalles, le cimetière des pestiférés, il entra s'agenouiller et prier pour les morts.
Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 30. 2. Au part. passé − [En parlant d'une chose] Pavé bossué. − [En parlant d'une pers. ou d'un attribut de pers.] Front bossué (A. France, La Vie en fleur,1922, p. 373). − P. métaph. (cf. supra ex. 1) : 3. ... pareil à un boa qui vient d'avaler un bœuf, je me sentais péniblement bossué par un long bahut que ma vue avait à « digérer », ...
Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 10. B.− Emploi intrans., rare. Être déformé par des bosses : 4. ... elle était toute vêtue de perles (...) avec un gorgerin si lourd de broderies qu'il en bossuait...
J. Lorrain, Contes pour lire à la chandelle,1897, p. 36. C.− Emploi pronom. (à sens passif). [Surtout en parlant d'un obj. de métal] Prendre des bosses. Ce plat d'argent, d'étain, s'est bossué en tombant (Ac.1835-1932). − P. ext. [En parlant d'un paysage] :
5. Du Havre à Motteville, c'étaient des prairies, des champs plats, coupés de haies vives, plantés de pommiers; et, jusqu'à Rouen ensuite, le pays se bossuait, désert.
Zola, La Bête humaine,1890, p. 199. Prononc. : [bɔsɥe], (je) bossue [bɔsy]. Étymol. et Hist. 1564 « déformer par des bosses » (J. Thierry, Dict. fr.-lat.). Dér. de bossu* qui signifiait aussi en a. fr. et en m. fr. « inégal, déformé par des bosses » (1231, ses visages ert boçus, Eustache le Moine, 1419 dans T.-L.; 1600 Pays bossus, O. De Serres, 111, 2 dans Gdf. Compl.) dés. -er. Fréq. abs. littér. : 133. |