| BORNOYER, verbe. A.− [L'obj. désigne une chose] Examiner, en tenant un seul œil ouvert, la rectitude d'un alignement, la régularité d'une surface. Bornoyer une règle, un mur. Rem. Attesté dans la plupart des dict. du xixeet du xxesiècle. − P. méton. Placer des jalons en ligne droite au moyen de ce procédé. Bornoyer les arbres d'une allée. Rem. Attesté dans la plupart des dict. du xixeet du xxesiècle. B.− Rare. [L'obj. désigne une pers.] Dévisager quelqu'un en tenant un seul œil ouvert : Il n'y a rien qui m'inquiète plus que de voir un homme me bornoyer, ou bornoyer les passans; c'est un vilain tic, il décèle de l'arrogance. Il faudrait apprendre à vivre aux Bornoyeurs.
S. Mercier, Néologie,t. 1, 1801, p. 83. Rem. L'ex. ci-dessus atteste l'existence du dér. bornoyeur, euse. Celui, celle qui bornoie. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bɔ
ʀnwaje]. Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,Pluche écrit bornèyer, comme quelques-uns prononcent. L'orthographe et la prononciation sont également vicieuses.`` Pour l'hist. et la conjug. du mot, cf. aboyer. 2. Forme graph. − Le verbe se trouve sous la forme borgnoier avec la mention ,,vx`` et ,,inus.`` dans Ac. Compl. 1842, Besch. 1845 et Lar. 19equi signale : ,,vieux mot dont on a fait bornoyer, lequel n'est plus usité que dans un sens très spécial``. À ce sujet, cf. aussi Littré, s.v. bornoyer : ,,Est pour borgnoyer, adoucissement imposé par la prononciation.`` ÉTYMOL. ET HIST. − 1225-30 borneer « regarder de travers » (G. de Lorris, Rose, éd. Lecoy, 282, pp. 9-10) − xvies. dans Hug.; 1676 technol. (A. Félibien, Des Principes de l'archit., p. 498 : Bornayer, c'est connoistre à l'œil si une chose est droite; un Tailleur de pierre bornoye un parement de pierre, pour voir s'il est droit et bien dégauchy).
Dér. de borgne*; suff. -oier, oyer*. |