| BONTÉ, subst. fém. Qualité de celui (celle), ce qui est bon(ne). A.− Qualité de la personne ou de la chose qui possède toutes les propriétés requises. 1. [Sous le rapport de sa nature] a) Domaine esthétique, intellectuel,vx. Caractère de ce qui répond à certains critères d'appréciation artistique, logique, etc. ... justesse (...) bonté de nos raisonnements (Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Logique,1805, p. 180);la beauté (...) de son local (...) la bonté de son orchestre (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 174). b) Domaine moral.Caractère de ce qui est conforme au bon, au bien, aux valeurs morales reconnues favorables à l'épanouissement de l'Homme. La bonté d'une action morale, d'une cause. (Quasi-)synon. vérité, vertu; (quasi-) anton. mauvaiseté, vice : 1. MM. de Larnage et Maillart, persuadés que le bonheur des habitans est en proportion de la bonté de leurs mœurs, ne négligeaient rien pour les adoucir et pour leur donner l'exemple de la conduite la plus morale et la plus vertueuse.
Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 280. − Spéc. Bonté de la nature humaine, de la vie, etc. : 2. L'acceptation de la nature, la confiance en la valeur intrinsèque de toutes ses manifestations, l'espérance en son progrès indéfini si nous savons voir ce qu'elle a de bon pour en tirer le meilleur, d'un mot, l'affirmation de la bonté radicale du monde et de la vie, voilà l'optimisme moderne dans son opposition radicale au pessimisme chrétien.
Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,t. 1, 1931, p. 112. 3. Ce que j'appelle ici théologie humaniste absolue, c'est avant tout celle de Jean-Jacques Rousseau, la théologie de la bonté naturelle. On le sait, l'homme de Rousseau est non seulement indemne du péché originel et des blessures de nature, il possède par essence la pure bonté qui le rend participant de la vie divine et qui se manifestait en lui dans l'état d'innocence. Ainsi la grâce a été résorbée dans la nature. Le vrai sens de la théorie de Rousseau, c'est que l'homme est naturellement saint. Bien plutôt, que vertueux! (...). L'homme est saint, s'il s'établit dans l'union divine à l'esprit de la nature, qui rendra bons et droits tous ses premiers mouvements. Le mal vient des contraintes de l'éducation et de la civilisation, de la réflexion et de l'artifice. Qu'on laisse s'épanouir la nature, la pure bonté paraîtra, ce sera l'épiphanie de l'homme.
Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 30. c) Domaine des relations soc. ou interindividuelles.Caractère de (ce) qui facilite les bons rapports : 4. L'affectueuse cordialité des deux femmes le pénétrait; il s'exagérait cette bonté facile, cette bonne grâce mondaine, par le désir qu'il avait de la croire profonde.
R. Rolland, Jean-Christophe,Le Matin, 1904, p. 182. − Expr. (gén. dans des formules de politesse). Avoir la bonté de (donner, écrire, envoyer, etc.). Si vous voulez bien avoir la bonté de me suivre (Billy, Introïbo,1939, p. 14).(À l'impér., pour atténuer un ordre, avec une nuance iron. parfois). Ayez la bonté de revenir quand je serai visible (Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 287).(Fam.). Si c'est/c'était un effet de votre bonté (A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 85). PARAD. a) (Quasi-)synon. affabilité, amabilité, aménité, civilité, gentillesse, obligeance, sollicitude. b) (Quasi-)anton. hostilité, incivilité, rudesse. − P. méton. Une bonté, des bontés. Acte(s), paroles qui expriment la bonté, l'intention d'établir de bons rapports. Un enchaînement continuel de prévenances, d'hospitalité, de bontés (Lamartine, Correspondance,1833, p. 343);me comble de bontés, me fait des cadeaux charmants (E. de Guérin, Lettres,1838, p. 196);n'avaient d'attentions, de bontés que pour moi (E. et J. de Goncourt, Journal,1880, p. 89).(Quasi-)synon. égards, services. ♦ En partic. (euphémiquement), domaine des relations amoureuses.[En parlant aussi bien d'un homme que d'une femme] Avoir des bontés pour. Se donner charnellement à. (Quasi-)synon. faveurs; (quasi-)anton. dédains, rebuffades : 5. Le danger de la doctrine du plaisir c'est que celui des hommes les porte à se vanter sans cesse des bontés que l'on peut avoir pour eux. Le remède est facile et amusant, il faut toujours mettre en désespoir l'homme qui a servi à vos plaisirs.
Stendhal, Lamiel,1842, p. 95. 6. Les bontés, qui ne sont plus que de la bonté sont un triste accident du désir.
H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 125. 2. [Sous le rapport de sa fonction] Vieilli. Caractère de ce qui est apte à remplir un rôle déterminé, de ce qui produit l'effet attendu. La bonté d'un vin, du sol, etc. : 7. Le terrain des environs de Monterey, quoique sec, paraît susceptible d'une culture avantageuse, et nous avons des preuves que nos grains d'Europe y viennent bons et en abondance : la viande de boucherie y est de la meilleure qualité. Il est donc certain que vu la bonté du port, si cet établissement devenait un jour florissant, un ou plusieurs vaisseaux ne trouveraient en aucun lieu du monde une meilleure relâche : ...
Voyage de La Pérouse,t. 4, 1797, p. 105. 8. ... cette fraise a avec moi les rapports de me faire trois effets; l'un, que j'appelle me faire plaisir; l'autre, que j'appelle me faire du bien; le troisième, que j'appelle me faire ou me rendre service : j'exprime ces trois rapports en disant qu'elle est belle, qu'elle est bonne, qu'elle est utile; et les causes de ces trois rapports, par les mots beauté, bonté, utilité, qui représentent trois propriétés de la fraise, trois des idées qui composent l'idée de cet être.
Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Idéologie, 1801, p. 100. Rem. Bonté tombe en désuétude dans cette accept. quoique certains aut. du xxes. l'emploient encore : douceur d'être assis; bonté du sommeil dans l'obscurité complète (Larbaud, A. O. Barnabooth, 1913, p. 55); des odeurs d'une bonté simplette, qui ne se haussaient pas jusqu'au gâteau (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 34). B.− [Avec une valorisation affective] 1. Qualité d'une personne bonne, portée à considérer, traiter les autres d'une façon favorable, en s'abstenant de leur nuire, et surtout en œuvrant pour leur épanouissement vital, aux dépens même de ses propres intérêts. Grande bonté, bonté d'âme, du cœur : 9. C'est un bonheur, une grande fortune d'être né bon. Une partie de la bonté consiste peut-être à estimer et à aimer les gens plus qu'ils ne le méritent; mais alors une partie de la prudence est de croire que les gens ne valent pas toujours ce qu'on les prise. Sans bonté, la puissance meurtrit le bien, quand elle y touche, et la compassion arrose et fomente le mal.
J. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 191. 10. Et avec cela, une âme dévouée, généreuse, humble, qui fait du bien comme on respire, et dont la bonté couvre la finesse et fait taire la pénétration. C'est un exemplaire de la vraie vie religieuse, de la charité divine, rayonnante, modeste, qui accepte tout et pardonne tout.
Amiel, Journal intime,1866, p. 102. 11. ... c'était en réalité sa bonté qui saignait, cette bonté immense qu'il devait à son amour de la vie, qu'il épandait sur les choses et sur les êtres, dans le continuel souci du bonheur de tous. Être bon, n'était-ce pas la vouloir, la faire heureuse, au prix de son bonheur, à lui? Il lui fallait avoir cette bonté-là, et il sentait bien qu'il l'aurait, décisive, héroïque.
Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 255. 12. Dans l'humanité, la fréquence des vertus identiques pour tous n'est pas plus merveilleuse que la multiplicité des défauts particuliers à chacun. Sans doute, ce n'est pas le bon sens qui est « la chose du monde la plus répandue », c'est la bonté. (...). Même si cette bonté, paralysée par l'intérêt, ne s'exerce pas, elle existe pourtant et, chaque fois qu'aucun mobile égoïste ne l'empêche de le faire, par exemple pendant la lecture d'un roman ou d'un journal, elle s'épanouit, se tourne, même dans le cœur de celui qui, assassin dans la vie, reste tendre comme amateur de feuilletons, vers le faible, vers le juste et le persécuté.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 741. 13. Dans mes regards riait un amour épars, éperdu. Je pensais : la bonté n'est qu'une irradiation du bonheur; et mon cœur se donnait à tous par le simple effet d'être heureux.
Gide, Les Nouvelles Nourritures,1935, p. 281. 14. Je ne me flatte pas d'être bon. Car pour oser se dire bon, il faudrait sentir en soi cette bonté active qui commande des travaux et des sacrifices pour diminuer le malheur d'autrui ou s'ingénier à son bonheur. Mais tout ce qui ressemble de près ou de loin à la méchanceté, à la cruauté, au mépris de la souffrance d'autrui me répugne.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 147. SYNT. Bonté paternelle; extrême, inépuisable, vraie bonté; semaine de bonté (Prévert, Paroles, Inventaire, 1946, p. 242; p. iron., Montherlant, Les Jeunes filles, 1936, p. 1021); accueillir, recevoir avec bonté. − PARAD. a) (Quasi-)synon. altruisme, bienfaisance, clémence, débonnaireté, générosité, humanité, mansuétude, philanthropie. b) (Quasi-)anton. dureté, férocité, inclémence, inhumanité, malveillance. − Spéc. [La bonté dans ses manifestations extérieures] Air, expression, sourire de bonté : 15. Elle a conservé, à un âge avancé, la fraîcheur d'impressions et la grâce d'esprit de sa jeunesse. J'ai toujours remarqué que la bonté était un élément de longévité; l'amour, qui crée, conserve aussi; la haine, au contraire, ronge et détruit.
Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 116. 16. ... Andarran retrouvait une sérieuse jeune fille de dix-huit ans, au regard limpide et clair comme les eaux printanières de la Gélise; un de ces regards de droiture et de bonté sous lesquels le cœur de l'homme s'ouvre spontanément, tant paraît sûre la promesse de guérison qu'ils apportent aux plus secrètes plaies.
De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 91. Rem. La bonté est souvent traduite par un rayonnement de l'expr. physionomique, notamment du regard; elle aurait aussi pour indice d'assez fortes lèvres (cf. Du Camp, En Hollande, 1859, p. 143; Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 80; etc.). Comme beau est souvent associé à bon, beauté l'est de même à bonté; Hugo parle de « la beauté de la bonté » (cf. Les Misérables, t. 1, 1862, p. 10); mais Balzac rappelle sagement : La beauté chez les hommes n'est pas toujours le signe de la bonté (Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 153). − P. ext. [La bonté exprimée dans une œuvre hum.] Lettre (...) pleine de bonté, de cœur et de gaieté (M. de Guérin, Correspondance,1837, p. 330). − P. anal. [En parlant d'animaux, de choses] :
17. ... la tendresse de l'oie, sa faculté d'attachement, la bonté enfin des cigognes, leur piété pour leurs vieux parents, attestée par tant de témoins, formaient entre ce monde et nous des liens sympathiques que la légèreté humaine n'aurait pas dû briser barbarement.
Michelet, L'Oiseau,1856, p. 63. 18. Cette douceur, cette bonté de la Moselle qui ne demande rien, ne veut rien, qui laisse Tolède, Venise être magnifiques.
Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1909, p. 298. − P. méton. Une, des bonté(s). ♦ Personne bonne. L'assemblée plénière de tous les courages, de toutes les bontés, de toutes les noblesses d'âme, chantant le même alleluia! (R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 331). ♦ Témoignage de bonté. C'que j'dois de r'connaissance à vos bontés, à vos soins généreux (Scribe, Varner, Le Mariage de raison,1826, I, 13, p. 395);son dévouement, ses attentions, toutes ses bontés (Benjamin, Gaspard,1915, p. 100).(Quasi-)synon. bonnes actions/œuvres, bienfaits, libéralités. 2. Attribut de Dieu, considéré comme l'Être suprêmement bon. Bonté céleste, infinie, suprême : 19. Je suis portée à croire que nous calomnions un peu ces gens qu'on appelle des scélérats, et l'idée que j'ai de la bonté de Dieu ne se concilie pas bien avec la possibilité d'une dépravation si horrible.
− La bienveillance de ton cœur t'abuse, répondit Madame Alberti. Il est vrai que le mal absolu répugne à la juste idée que nous nous faisons de l'extrême bonté du Créateur et de la perfection de ses ouvrages; mais il l'a cru certainement nécessaire à leur harmonie, puisqu'il l'a placé dans tout ce qui est sorti de ses mains à côté du bon et du beau.
Nodier, Jean Sbogar,1818, p. 106. 20. De qui l'homme tiendrait-il la bonté, si Dieu n'en était l'océan primordial, et si en formant notre cœur, il n'y avait pas versé avant tout une goutte du sien? Oui, Dieu est bon; oui, la bonté est l'attribut qui recouvre en lui tous les autres, et ce n'est pas sans raison que l'antiquité gravait au fronton de ses temples cette inscription fameuse où la bonté précédait la grandeur. Mais toute perfection suppose un objet où s'appliquer. Il fallait donc à la bonté divine un objet aussi vaste et profond qu'elle-même : Dieu l'a découvert. (...) il a entendu le cri des mondes qui n'étaient pas, le cri d'une misère sans mesure appelant une bonté sans mesure. L'éternité s'est troublée, et elle a dit au temps : commence! Le temps et l'univers ont obéi à la volonté de Dieu, comme la volonté de Dieu avait cédé, mais librement, à l'inspiration de la bonté. (...). Quand donc il a fait l'univers, il l'a fait par un mouvement libre de son cœur, et non par nécessité. Il l'a fait gratuitement, sans l'impulsion de l'intérêt, sans la contrainte du devoir, sans l'entraînement d'un amour qui fût mérité, dans la seule fin de satisfaire sa bonté en communiquant la vie.
Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, pp. 80-81. Rem. Noter l'expr. toute-bonté (forgée sans doute sur le modèle de toute-puissance) employée par plusieurs aut. à propos de Dieu (cf. Nodier, La Fée aux miettes, 1831, p. 126; M. de Guérin, Journal intime, 1833, p. 156; Verlaine, Amour, Prière du matin, 1888, p. 7) ou même à propos de l'Homme (M. Blondel, L'Action, 1893, p. 177; Mounier, Traité du caractère, 1946, p. 96). − En interj. (le plus souvent avec la valeur d'un juron fam.). Bonté divine! levant les bras au ciel de désespoir. Bonté divine! (Hugo, Ruy Blas,1838, V, 2, p. 448)[ou p. ell.] Bonté! Ils lâchent pied partout, bonté! (Claudel, La Ville,1reversion,1893, II, p. 359);... qui lui céda ensuite une vache : " trente pistoles, bonté! (Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 34);bonté du ciel! ô bonté du ciel! (Michaud, Le Printemps d'un proscrit,1803, p. 77);bonté de Dieu! Elle vous échappera, camarade! Bonté de dieu! Elle est rusée comme une couleuvre. (Bernanos, Une Nuit,1928, p. 23);Dieu de bonté! un soldat de cette même province, qui étoit de garde, l' ayant reconnue, s' écria : -" dieu de bonté! Dieu de miséricorde! C' est ma femme! " (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 3,1801, p. 96). − P. méton. Une, des bonté(s) : 21. Elle était, quoique enfant, comme ces mères de plusieurs enfants qui paraissent n'avoir un cœur et des yeux que pour le plus faible et le plus infirme. C'est encore une bonté de Dieu qui met souvent un contrepoids de bien là où il a mis un poids de mal.
Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, p. 459. − [Avec une valeur allégorique] :
22. Crois, pleure, abîme-toi, dans l'insondable amour!
Quiconque est bon voit clair dans l'obscur carrefour;
Quiconque est bon habite un coin du ciel. Ô sage,
La bonté qui du monde éclaire le visage,
La bonté, ce regard du matin ingénu,
La bonté, pur rayon qui chauffe l'Inconnu,
Instinct qui dans la nuit et dans la souffrance aime,
Est le trait d'union ineffable et suprême
Qui joint, dans l'ombre, hélas! si lugubre souvent,
Le grand ignorant, l'âne, à Dieu le grand savant.
Hugo, La Légende des siècles,Le Crapaud, t. 2, 1859, p. 740. 23. Ma vie en vérité commence
Le jour que je t'ai rencontrée
Toi dont les bras ont su barrer
Sa route atroce à ma démence
Et qui m'as montré la contrée
Que la bonté seule ensemence
Aragon, Le Roman inachevé,L'Amour qui n'est pas un mot, 1956, p. 173. 3. P. iron., péj. Sensibilité outrée ou faiblesse de caractère qui conduit à une indulgence, une complaisance excessives : 24. Il y a un genre d'indulgence pour ses ennemis, qui paraît une sottise plutôt que de la bonté ou de la grandeur d'âme. M. de C. me paraît ridicule par la sienne. Il me paraît ressembler à Arlequin, qui dit : « Tu me donnes un soufflet; eh bien! je ne suis point encore fâché. » Il faut avoir l'esprit de haïr ses ennemis.
Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 31. 25. J'ai le malheur d'avoir le cœur, l'âme sensible, et souvent ma bonté, ma compatissance, m'ont rendu la dupe la plus bête, la plus ridicule. Mais je ne rougis pas de ce défaut, j'en tire plutôt vanité. Heureux celui qui n'est dupe que de son cœur!
Restif de La Bretonne, M. Nicolas,1796, p. 211. PARAD. a) (Quasi-)synon. bêtise, facilité, naïveté, simplicité. b) (Quasi-)anton. intransigeance, sévérité. Rem. 1. (Gén.). Dans le concept actuel de bonté, c'est l'accept. B (surtout B 1) qui prédomine. Mais les textes des xixeet xxes. attestent que presque toutes les nuances d'emploi de bon ont pu se rattacher à bonté. 2. On rencontre dans la docum. le néol. bontément, adv. (Verlaine, Dans les limbes, 1894, p. 106 : vivre − saintement (...) gentiment, bontément −, suff. -ment2*). Avec bonté. PRONONC. : [bɔ
̃te]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1100 « qualité d'une personne qui est bonne en elle-même » (Roland, éd. Bédier, 533); b) début xiies. « qualité d'une personne qui est bonne pour les autres » (Psautier Cambridge, LXVII, 11 dans Gdf. Compl.); 1656 avoir la bonté de terme de politesse (Pasc., Prov., 4 dans Littré); 2. début xiies. « ce qui est bien, le bien » (Psautier Oxford, XXXVI, 3 dans Gdf. Compl.); 1150-70 « acte de bonté, bonne action » (Jeu Adam, 615 dans T.-L.); au plur. fin xiies. (Horn, 3043, ibid.); 3. 1130-60 « qualité d'une chose qui est bonne » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 689, ibid.).
Du lat. bonitas au sens 1 dep. Plaute (Capt., 245 dans TLL s.v., 2074, 1); au sens 3 (Varron, Men., 23, ibid., 2076, 8). STAT. − Fréq. abs. littér. : 4 457. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 498, b) 6 739; xxes. : a) 5 718, b) 3 799. BBG. − Cohen 1946, p. 9. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 42. − Matoré (G.). Proust linguiste. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, p. 285. |