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BONARD, BONNARD, adj. masc.
Arg. Qui se laisse facilement duper ou attraper, charger à la place des autres. Être bon(n)ard; être fait bon(n)ard :
1. − Après c'te patrouille-là, ils vont se douter de quelque chose... on va encore être bonards... et le troisième bataillon, pourquoi qu'il n'attaque pas? Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 96.
2. − Non! je suis un farceur mon oncle! ... − Mais non! mais non! mon poulot! ... T'es un petit connard au contraire! T'es la bonne bouille que je te dis! ... T'as pas un poil de rusé! T'es bonnard à toutes les sauces! ... Il t'a possédé le vieux coquin! Tu vois donc pas vieux trésor? C'est ça que tu peux pas digérer! ... Il t'a fait! Céline, Mort à crédit,1936, p. 692.
Rem. 1. Peut être considéré comme synon. de bon dans ses accept. les plus péj. 2. S'emploie plus rarement à la forme subst. : lutte... de l'honnête homme contre le gredin, du « bonnard » contre le « roublard » (Hogier-Grison, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on triche, 1886, p. 2); le bonnard, naïf (Hogier-Grison, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, p. 207).
Orth. − Rob. Suppl. 1970 admet bonard ou bonnard.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1887 arg. des tricheurs aux cartes « naïf, jobard, dupe » (ds Esn.); plus gén. 1919, supra ex. 1. Terme dial. manceau, 1859, bonard « imbécile », Le Mans dans Esn. (v. FEW t. 1, p. 434a) dér. de bon1*; suff. -ard*.
STAT. − Fréq. abs. littér. Bonnard : 6. Bonard : 1.
BBG. − Guiraud (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, p. 100.