| BONIMENT, subst. masc. A.− SPECTACLES. Annonce orale faite à l'entrée d'un lieu de spectacles (baraque foraine, salle de cinéma muet, etc.), visant par son pittoresque et la faconde de celui qui la fait à susciter l'intérêt du public. Un vieux saltimbanque qui, dans un boniment emphatique, annonce qu'il va faire un saut périlleux (E. et J. de Goncourt, Journal,1894, p. 631). B.− P. ext. Argumentation ingénieuse d'un camelot faisant l'article de sa marchandise. Faire, débiter son boniment : 1. Le charlatan est bruyant. Il vend ses recettes et ses drogues sur les places publiques, sur les champs de foire, aux carrefours des rues où s'attroupe la foule. Il appelle, il arrête les chalands. Sa rhétorique spéciale use de tous les moyens pour retenir, amuser, persuader; son boniment échevelé met à sa discrétion le client ébloui, étourdi, fasciné. Toutefois, s'il cherche à amuser pour mieux envelopper, quelques-uns aussi s'amusent à le voir faire et déployer ses artifices.
Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 88. C.− P. anal., fam., péj. Tout discours plus ou moins artificieux visant à persuader, séduire, tromper. Le boniment des bateleurs politiques (R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 961): 2. En ce temps-là, (...) le pavé de Paris appartenait à quelques douzaines de pauvres diables qui avaient permission d'assembler le peuple dans les carrefours (...). C'était le prodige du discours sérieux appelé boniment (...). Boniment a passé dans la langue politique, où il est devenu indispensable, comme diverses autres locutions de ces braves gens-là, telles que blague, flouerie, le tour est fait.
L. Veuillot, Les Odeurs de Paris,1866, p. 60. 3. ... le vieux pitre (...) expliquait son caractère, alignant des mensonges énormes, à la fois subtils et ingénus, scandés de : « Vous êtes un type à comprendre... »
− « Je vais vous dire encore sans charre... » − « Avec vous, pas besoin de boniment... », ...
Bernanos, L'Imposture,1927, p. 455. SYNT. Boniments à la graisse de chevaux de bois (cf. Benjamin, Gaspard, 1915, p. 85), (p. ell.) boniments à la graisse (cf. Dorgelès, Les Croix de bois, 1919, p. 9), boniments à la noix de coco (cf. Proust, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 139); pas de boniment(s)! (cf. Ponchon, La Muse au cabaret, Ouvrier sans travail, 1920, p. 46); avoir qqn au boniment (cf. F. Carco, L'Équipe, 1919, p. 12). − PARAD. (Quasi-)synon. baratin, bavardage, bluff, bobard, chiqué, couplet, entourloupette, esbroufe, histoires, tirade. − Spéc., domaine des relations amoureuses.Faire du boniment. (Quasi-)synon. faire du plat, courtiser(cf. Giono, Un de Baumugnes, 1929, p. 14; Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 84). D.− Par affaiblissement. Propos insignifiants. (Quasi-) synon. balivernes, billevesées, foutaises : 4. − Sache qu'on va disant d'une belle phrase, os
Sonore, mais très nul comme suc médullaire,
De tout boniment creux enfin : c'est du pathos, ...
Laforgue, L'Imitation de Notre-Dame la lune,Un Mot au soleil pour commencer, 1886, p. 208. Rem. Noter les formes abr. boni, bonime, bonim' (cf. Bruant 1901, p. 22; H. Kjellman, Mots abr. et tendance d'abrév. en fr., 1920, p. 39; Esn. 1966). 1reattest. 1827 (Grandval, Le Vice puni, ou Cartouche, éd. 1827, p. 91); dér. de bon(n)ir*, suff. -ment1*. − [bɔnimɑ
̃]. Les dict. gén. dont l'Ac. (cf. éd. de 1932) écrivent le mot avec un seul n. − Fréq. abs. littér. : 155. BBG. − Baudez (J.). Le Cirque et son lang. Vie Lang. 1961, p. 623. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 121, 283. − Sain. Lang. par. 1920, passim. |