| BONIFACE, subst. et adj. Vx, littér. (Celui) qui est bon avec simplicité, qui est d'une gentillesse un peu naïve : 1. [La vieille Thiérachoise :] vous v's entendez à être gentil [envers votre femme] à c't heure. Jamais je ne vous ons connu tant paterne et boniface.
J. Richepin, Le Cadet,1890, p. 199. ♦ P. métaph. : 2. fausta. − Et [à quoi sert] la lune, sinon à avoir le soleil?
laeta. − À avoir le soleil.
beata. − À avoir pendant la nuit le soleil!
fausta. − La voici qui règne sur nous, boniface et vermeille, remplissant tout!
Claudel, La Cantate à trois voix,1913, p. 334. − P. ext. (Celui) qui est excessivement crédule : 3. [Des Lupeaulx :] − ... Pauvres Bonifaces de gens de province qui se carrent dans leurs fauteuils au coin du feu, très-heureux de l'indépendance des organes de l'Opinion, ah! ah!
Balzac, Les Employés,1837, p. 205. Rem. Dans l'ex. suiv., le mot, subst. fém., semble signifier « qui a seulement les apparences de la gentillesse » : 4. Moi je suis Mara Vercors qui n'aime pas l'injustice et le faire accroire, Mara qui dit la vérité et c'est cela qui met les gens en colère! Qu'ils s'y mettent! Je leur fais la figue. Il n'y a pas une de ces femmes ici qui grouille devant moi, les bonifaces!
Claudel, L'Annonce faite à Marie,1reversion, 1912, p. 35. PRONONC. : [bɔnifas]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1690 (Fur.).
Du nom propre Boniface, lat. Bonifatius, composé de Bonum « bon » et de fatum « destin », non attesté av. le début du ves., nom de plusieurs papes à partir de cette même époque, et qui fut attribué au viiies. par le pape Grégoire II à Winfrid, apôtre de l'Allemagne (St Boniface); ultérieurement altéré en bonifacius (par confusion de prononc. entre t + yod et c + yod) qui p. étymol. pop. fut compris comme composé de bonus et de facere (d'où le sens de « doux, bénin » de l'adj. fr.). STAT. − Fréq. abs. littér. : 4. DÉR. Bonifacement, adv.D'une manière bonasse, tout simplement. Tout bonifacement. ,,[Le notaire, à Marguerite :] − ... Hé! bien, je viens vous avouer tout bonifacement que j'éprouve un amour réel pour votre sœur Félicie`` (Balzac, La Recherche de l'absolu,1834, p. 300).− 1reattest. 1834 id.; dér. de boniface, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 3. |