| BOLIDE, subst. masc. A.− ASTRON., vieilli. Corps céleste qui, pénétrant à très grande vitesse dans l'atmosphère terrestre, le plus souvent se consume avant de toucher notre sol. Synon. météorite.Nous pouvons être écrasés, à chaque instant, par un énorme bolide (Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 306): 1. L'invraisemblance a quelque chose de si violemment agressif que vous êtes sûr, je pense, de ma bonne foi scrupuleuse. Le lendemain, j'appris par les journaux qu'un bolide avait traversé le ciel de la Loire et semblait s'être abîmé à une centaine de kilomètres en mer.
Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 25. 2. Le système solaire comprend également les comètes, et de tout petits objets, dont l'existence se manifeste par leur rencontre avec la terre, les météorites ou bolides, et les météores ou étoiles filantes.
E. Schatzman, Astrophysique,1963, p. 142. Rem. Terme qui n'a plus cours auj. dans la lang. des astronomes. − P. métaph. : 3. Son projet avait été étudié avec soin. Il l'avait mûri dans la solitude d'une croisière. On le vit, dit-on, hésiter après la station de Lisbonne, par suite des représentations d'une fille de France, la reine Amélie de Portugal. Mais le bolide était lancé. Le 31 mars 1905, Guillaume II débarquait à Tanger et annulait d'un geste toutes les compensations idéales que les Anglais avaient accordées aux Français en échange de l'Égypte et de Terre-Neuve.
Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 170. 4. Je désire même qu'on s'aperçoive, en me lisant, que certaines choses ne vont nulle part. Il n'y a des destinées qui finissent on ne sait où, comme les oueds dans le sable. Il y a les êtres, les entreprises, les espérances « dont on n'entend plus parler ». Bolides qui se pulvérisent, ou comètes apériodiques du firmament humain.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,Préf., 1932, p. XIX. 1. Loc. En bolide, comme un bolide. À toute vitesse, très brusquement : 5. Un soir, la cloche venait de tinter pour annoncer la lecture spirituelle et, des deux étages, nous descendions par le grand escalier de bois, précédés du supérieur, lorsque, comme un bolide, M. Logard glissa, le ventre sur la rampe, les jambes en arrière et de tout son poids, sur le pauvre M. Macogny qu'on n'avait pas eu le temps de prévenir, mais qui ne lâcha pas la rampe pour si peu : ...
Billy, Introïbo,1939, p. 41. 6. Ils [Amélien et Louis] montaient en bolides une douce côte surmontée de trois maisons brillantes...
J. de La Varende, Man d'Arc,1939, p. 212. − Spéc., SKI. (Descendre) en bolide. Dans une attitude de recherche de vitesse adoptée par certains skieurs en compétition. 2. Arg. ,,Fille facile qui « marche » sans lanterner`` (Esn. 1966). Rem. D'où le dér. bolider, verbe intrans. « aller au plus vite » : ,,Je vois passer dehors une wonderful souris blonde ... Je douille et bolide dans la rue. Je retrouve la fille et prend sa roue`` (R. Fallet, Banlieue sud-est, 1947, p. 36). B.− P. anal. Véhicule (avion, automobile) allant à très grande vitesse. Rem. Le mot peut désigner par dérision un véhicule lent ou par ironie s'appliquer à une pers. : 7. C'étaient cependant les voitures britanniques les plus rapides. On ne mettait que 42 heures pour se rendre de Londres à Edimbourg (600 km), et les voyageurs assez audacieux pour grimper dans la fameuse diligence vif-argent de Londres à Brighton, ancêtre de notre flèche d'or, disaient que l'on y perdait la respiration : ce bolide dévorait ses 83 kilomètres en 4 heures et demie − du 18 à l'heure, record du monde.
P. Rousseau, Hist. des techniques et des inventions,1967, p. 254. Prononc. : [bɔlid]. Demi-longueur chez Passy 1914 pour la voyelle de syll. finale. Étymol. ET HIST. − 1. 1548 « sonde » (Rabelais, IV, 20 dans Hug.) seulement au xvies.; 2. 1570 astron. (Gentian Hervet, Cité de Dieu, II, 281 [Delb. Notes lexicol.] ibid.).
Empr. au lat. bolis, -idis, astron. « météore » (Pline, Nat. 2, 96 dans TLL s.v., 2067, 27); « sonde » (Itala, Num. 33, 55, ibid., 31). STAT. − Fréq. abs. littér. : 33. BBG. − Rigaud (A.). Dialogue sur une patinoire. Vie Lang. 1968, p. 655. |