| BLESSANT, ANTE, part. prés. et adj. I.− Part. prés. de blesser*. II.− Adjectif A.− [En parlant de choses physiques] Qui blesse, qui fait souffrir. Il est dur d'étendre, la nuit, sa fatigue, dans la paille blessante (Alain-Fournier, Correspondance[avec Rivière], 1908, p. 349): 1. Et malgré la pluie qui tombait, malgré le froid blessant de la nuit, quelque temps encore il resta penché sur cette fourmilière de gens inconnus qui passaient vite, ...
Fromentin, Dominique,1863, p. 132. 2. ... de la lucarne, dans le toit, le jour glissait obliquement sur le parquet et déversait entre les murs une lumière dure, crue, blessante...
F. Carco, L'Homme traqué,1922, p. 111. B.− [En parlant d'attitudes] Qui atteint autrui dans sa sensibilité, son amour-propre. Propos blessants, paroles blessantes : 3. Vers 3 heures, je m'endors, et suis réveillé dès avant 7 − pas trop fatigué en apparence, mais vulnérable de partout, à la merci de la moindre contrariété. Et c'est précisément ce matin-là que je reçois de Jammes la plus blessante des lettres.
Gide, Journal,1906, p. 222. 4. C'est pourquoi Maurras, Vaugeois, Montesquiou, Bainville, Bois-Fleury, Moreau, Pujo et moi avons toujours usé d'une cordialité vraie avec tout notre personnel, nous abstenant de toute blessante condescendance vis-à-vis de ceux qui sont sous nos ordres.
L. Daudet, Bréviaire du journ.,1936, p. 217. − [En parlant de pers.] :
5. Je vis paraître alors un être nouveau, bizarre, incohérent, inexplicable et fugace, aigri, chagrin, blessant et ombrageux, comme si elle eût été entourée de pièges, aujourd'hui que je me dévouais sans réserve au soin d'aplanir sa vie et d'en écarter l'ombre d'un souci.
Fromentin, Dominique,1863, p. 209. 6. Mais voici l'adolescence (...). Plus de demi-dieux : le père se mue en un despote blessant; la mère n'est qu'une pauvre femme.
Mauriac, Le Jeune homme,1926, p. 12. C.− Emploi neutre. Quelque chose de blessant, ce qu'il y a de blessant. Il eut l'air froissé, comme si je lui avais dit quelque chose de blessant (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Sœurs Rondoli, 1884, p. 1259).Je ne relève pas pour l'instant ce que cette opinion a d'erroné, d'excessif et de blessant (Anouilh, La Sauvage,1938, II, p. 175): 7. Madame de Chasteller l'accompagna, comme pour adoucir par cette politesse ce qu'il pouvait y avoir de blessant dans la prière qu'elle venait de lui adresser.
Stendhal, Lucien Leuwen,t. 2, 1836, p. 173. − Emploi subst. [Suivi d'un compl. indiquant ce qui blesse] :
8. − « Maintenant, parlons sérieusement », reprit-il, après une pause, et sur un ton conciliant qui atténuait le blessant de la phrase. « Qu'est-ce que c'est : le capitalisme? Je dois te dire que je me méfie des mots passe-partout. Et particulièrement des mots en isme... »
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 154. Prononc. : [blεsɑ
̃], fém. [-ã:t]. Fél. 1851 et DG transcrivent [e] fermé pour la 1resyll.; à comparer avec Littré qui note [ε] ouvert comme les dict. modernes. STAT. − Fréq. abs. littér. : 307. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 194, b) 492; xxes. : a) 636, b) 493. |