| BIT(T)URE,(BITURE, BITTURE) subst. fém. A.− MAR. Partie d'une chaîne élongée sur le pont, filant librement avec l'ancre lors du mouillage. Prendre une bonne bitture. ,,Prendre la longueur de câble suffisante`` (DG). ♦ Prendre (la) bitture. Élonger la bitture sur le pont. − Loc. fam. À toute bitture. À toute allure. B.− Pop. Ivresse. Prendre, se donner une bit(t)ure. Synon. cuite : ... je possède encore demi-douzaine de bouteilles d'ale qui ne vous est pas désagréable et (...) nous pourrions nous donner une biture...
Mérimée, Lettres aux Antiquaires de l'Ouest,1870, p. 220. Prononc. et Orth. : [bity:ʀ]. Ac. Compl. 1842, Besch. 1845 et DG écrivent bitture avec 2 t. Dub. écrit bitture avec 1 seul t. Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et Lar. encyclop. ainsi que Rob. et Quillet 1965 admettent bitture ou biture (pour d'autres ex. de ces 2 var. cf. sém.). Étymol. et Hist. 1515-29 mar. prendre biture (Jean Parmentier, Chant Royal dans Jal1, s.v. Ès-bare!); 1771 prendre bitture (Trév.); p. ext. [1835] arg. « excès de nourriture, de boisson » [d'apr. Esn.] 1842 (E. de La Bédollière, Les Écoles militaires, Franc. p.p. eux-m., t. V, p. 122 dans Fr. mod., t. 14, p. 218). Dér. de bitte*; suff. -ure*; l'identification de biture avec boiture « boisson, débauche de boisson », xves. dans Gdf. (Dauzat 1968), peu attesté, lui-même dér. du m. fr. boite « id. » (xves., Ibid.), du lat. bibita, n'est pas acceptable du point de vue phonét.; cette ext. de sens est prob. née dans l'arg. des marins par l'intermédiaire de syntagmes tels que prendre [une] biture « s'en donner tout son soûl », l'arrivée au port étant l'occasion de ripailles et de beuveries, etc. Fréq. abs. littér. : 3. BBG. − De Gorog 1958, p. 64. − Sain. Lang. par. 1920, p. 48, 105, 165, 166, 269. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1965, p. 86. |