| BILIEUX, EUSE, adj. A.− [En parlant d'une chose] 1. Qui est relatif à la bile. Appareil bilieux. − Couleur de bile. Une flamme jaunâtre et bilieuse (Giono, Le Hussard sur le toit,1951, p. 219). 2. Qui est relatif ou conséquent à une hypersécrétion de bile. Vomissements bilieux. − Fièvre bilieuse. ,,Affection non contagieuse sévissant dans les régions à paludisme hyperendémique et caractérisée par une fièvre élevée à début violent, des vomissements bilieux, un ictère, une oligurie avec hémoglobinurie pouvant entraîner une rétention uréique importante`` (Méd. Biol. t. 2, 1971). ♦ Emploi subst. La bilieuse : 1. − (...) Quinze jours pour être impaludé, comme moi encore. Bien heureux si tu coupes (...) à la bilieuse.
Genevoix, L'Aventure est en nous,1952, p. 179. B.− [En parlant d'une pers. ou d'une propriété psycho-physique de la pers.] 1. MÉD. ANC. Tempérament bilieux. L'un des quatre tempéraments distingués par Hippocrate (les autres étant les tempéraments sanguin, flegmatique et mélancolique ou atrabilaire), caractérisé par la prédominance de la bile sur les autres humeurs, et reconnaissable, sur le plan caractériel, à des tendances marquées à l'irritabilité, au pessimisme, à l'aigreur. − Emploi subst. Le bilieux. Le tempérament bilieux. 2. Usuel. Qui est d'humeur irascible ou mélancolique; qui relève d'une humeur ou irascible ou mélancolique. L'abbé de Pradt (un hargneux, bilieux, amusant et caustique animal par parenthèse) (Barbey d'Aurevilly, 1erMemorandum,1837, p. 117): 2. ... l'imagination de M. Huysmans est bilieuse et noircissante. Les classiques? des idiots. Les pions? des brutes méchantes. La nourriture? infâme. Le collège? un bagne.
Lemaitre, Les Contemporains,1885, p. 321. 3. Par son éloquence bilieuse, faite de logique et d'amertume, il [Polanceau] s'imposait comme un chef futur à la table des « politiques »...
Coppée, Contes rapides,1889, p. 72. − P. métaph. Temps bilieux. Des nuages noirs à bordure verte (Renard, Journal,1903, p. 842). PRONONC. : [biljø], fém. [-ø:z]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1537 au propre méd. (J. Canappe, 4eLivre de Therap., cité par R. Chauvelot dans La Presse médicale, 57, p. 579 [sans référence]); 1557 adj. « qui abonde en bile » humeurs bilieuses (Ch. de L'Escluse, trad. de Dodoens, Hist. des plantes, 239 cité par Vaganay dans Rom. Forsch., t. 32, p. 19); 1718 subst. (Ac.); 1718 fig. homme bilieux (Ac.).
Empr. au lat. biliosus adj. sens propre (Celse, 2, 8 dans Forc.). STAT. − Fréq. abs. littér. : 170. DÉR. Bilieusement, adv.,néol. d'aut. À la manière d'un bilieux*. Bilieusement méchant (Amiel, Journal intime,1866, p. 158).− 1reattest. 1866 id.; suff. -ement (-ment2*). BBG. − Foulq.-St-Jean 1962. − Méd. 1966. − Piéron 1963. − Rog. 1965, p. 109. − Sill. 1965. |