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BILBOQUET, subst. masc.
A.− JEUX
1. Jouet composé d'une boule percée d'un trou, reliée par un cordon à un bâtonnet concave à l'une de ses extrémités, pointu à l'autre, où elle doit s'encastrer, en retombant après qu'on l'a jetée en l'air. P. ext. le jeu pratiqué à l'aide du bilboquet. Jouer au bilboquet :
1. Il s'amuse tout seul... Il agite, il balance un bilboquet! Un gros! un colosse! Il essaye de l'enfiler... Il loupe le coup, il rigole... Céline, Mort à crédit,1936, p. 309.
Loc. fig., fam. Pas de chance au bilboquet (Ch. Monselet, Poésies complètes, 1880, p. 195); Il s' ébahissait :-pas possible! ... ah bah! ... en vérité ? ... pas de chance au bilboquet! (Courteline, Le train de 8 h 47,1888, p. 203).
P. anal. (de fonction) [Désigne notamment différents instruments servant à ajuster une chose sur une autre]
a) TECHNOL. ,,Cercle où l'on ajuste le flan destiné à être frappé en monnaie, en médaille`` (DG). ,,Outil avec lequel le doreur place l'or dans les endroits difficiles à atteindre`` (Littré). ,,Morceau de bois tourné, arrondi par les extrémités et un peu aminci au milieu, dont se servent les coiffeurs pour friser les cheveux destinés à faire des perruques`` (Guérin 1892).
b) Arg. ,,Litre de vin − Comparaison de la bouteille au bilboquet. Le bouchon de l'une s'enlève comme la boule de l'autre`` (Larch. Suppl. 1880); cf. aussi France 1907).
2. Figurine lestée de plomb, de sorte qu'elle se trouve toujours debout. (Attesté dans Ac. 1798-1878, Littré, Guérin 1892, etc.).P. ext., fig., fam., vx. personnage grotesque ou sans consistance :
2. Eh bien! donc, à vos rangs, Guignols et Bilboquets! Ouvrons la grande porte! allumons les quinquets! Banville, Odes funambulesques,Évohé, Némésis intérimaire, 1858, p. 121.
Loc. fam., vx. Se tenir droit comme un bilboquet. Rester longtemps debout, immobile. Être, se retrouver toujours sur ses pieds, sur ses jambes comme un bilboquet. ,,Retrouver toujours son assiette`` (Lar. Lang. fr.), au fig., ,,n'éprouver aucun dérangement dans ses affaires, dans sa fortune, quelles que soient les traverses qu'on essuie`` (Ac. 1835, 1878).
P. anal. (de forme), arg. ,,Femme grosse et courte`` (France 1907); (cf. aussi La Rue 1954).
B.− P. plaisant.
1. IMPR. [P. réf. à A 1] Petits travaux tels que factures, cartes d'invitation, en-têtes de lettres, etc. Synon. travaux de ville(cf. Chautard 1937, p. 54; E. Leclerc, Nouv. manuel complet de typogr., 1932, p. 347; etc.).,,Imprimé de peu d'importance, non destiné au public et non susceptible de propriété littéraire`` (Éd. 1913).
Rem. Empl. pour « presse à imprimer » dans Balzac (Les Illusions perdues, 1843, p. 560).
2. CONSTR. [P. réf. à A 2] ,,Pierre irrégulière et qui n'est bonne qu'à faire du moellon. Comme elle n'est bien stable dans aucune position, on l'a comparée au bilboquet, qui quitte de lui-même toutes les positions qu'on lui donne, pour reprendre la verticale`` (Lar. 19e).
Prononc. : [bilbɔkε]. Étymol. et Hist. 1534 (Rabelais, I, 22 dans Hug. : Au bille boucquet); 1576 billeboquet (Baïf, Les Mimes, L. III, V, 171, ibid.). Prob. composé dont le 1erélément est l'impératif, soit d'un verbe *biller « jouer au bâtonnet » dér. de bille « bâton dont on se sert au jeu de bâtonnet », v. bille « pièce de bois », gaul. *bilia (FEW t. 1, p. 366a; BL.-W.5), soit plus prob. du verbe m. fr. biller « jeter une boule, jouer aux boules » (1375 dans Gdf.) d'où p. ext. « faire tourner une pièce de bois par un bout tandis que l'autre reste en place » (Guir. Etymol., p. 29) à rattacher à bille* « petite boule ». Le second élément est, soit un dimin. de bouc (Bl.-W.5), ce terme s'adressant p. plaisant à la boule, soit un dimin. de bouque « boule » à rapprocher du liég. bouquets « jeu d'osselets » (Guir., loc. cit.) que FEW t. 15, 1, p. 199a rattache au germ. *bosk, v. bois. Fréq. abs. littér. : 32.
BBG. − Duch. 1967, § 53. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 55. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 195-196; t. 2 1972 [1925], p. 442.