| BIGARRURE, subst. fém. A.− Diversité plus ou moins disparate des couleurs ou des dessins. Synon. bariolage* : 1. C'était un chef Maori, et de haut rang. On le voyait au tatouage fin et serré qui zébrait son corps et son visage (...). Sa bouche aux dents éclatantes et son menton disparaissaient sous de régulières bigarrures, dont les élégantes volutes se contournaient jusqu'à sa robuste poitrine.
Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 102. 2. Beaux livres que je lisais, beaux livres que je ne lisais pas, chaud revêtement des murs du logis natal, tapisserie dont mes yeux initiés flattaient la bigarrure cachée...
Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 59. Rem. La docum. atteste avec le même sens un néol. d'aut. bigarrage, subst. masc. (Loti, L'Exilée, 1893, p. 128; suff. -age*), qui entre aussi en concurrence avec bigarrement, subst. masc. « état de ce qui est bigarré », mentionné dans les dict. seulement (Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, Bél. 1957, Quillet 1965). Cf. aussi bigarré II B. − Emploi au plur., FAUCONN. ,,Taches rousses ou noires, (...) diversités de couleurs qui rendent le pennage d'un oiseau de proie bigarré`` (Baudr. Chasses 1834). B.− P. ext., au fig., parfois péj. Réunion de personnes dont le caractère, l'état, l'opinion sont différents; assemblage de choses variées et plus ou moins disparates (cf. bigarré II B). Bigarrure de style (Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Littré, etc.). Il y a de la bigarrure dans cet ouvrage (Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Guérin 1892).Il y a bien de la bigarrure dans cette société (Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Littré, Guérin 1892): 3. Mais comment a-t-on pu imaginer de faire dépendre les droits sacrés des hommes de la mobilité des systèmes de finances, des variations, des bigarrures que le nôtre présente dans les différentes parties du même état?
Robespierre, Discours,Sur le marc d'argent et les journées d'ouvriers, t. 7, 1791, p. 168. 4. On trouverait évidemment dans la bigarrure des croyances et obédiences religieuses toute une gamme de définitions du salut.
Philos., Relig.,1957, p. 4006. Rem. ,,La bigarrure offre les objets sous un aspect désagréable; (...) la variété offre les objets sous un point de vue agréable`` (Besch. 1845). PRONONC. : [bigaʀy:ʀ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1530 biguarrure « diversité résultant de la réunion de plusieurs couleurs » (Palsgr., p. 246); 1536 bigarreure (R. de Collerye, p. 201 dans IGLF Litt.); 2. 1548 fig. bigarrure « mélange de choses disparates » (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, p. 232 dans IGLF Litt.).
Dér. de bigarrer*; suff. -ure*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 34. |