| BIDON1, subst. masc. A.− Vx. Broc de bois contenant 5 pintes (environ 4,65 litres) et servant d'ancienne mesure pour les liquides. Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet xxes. à partir de Ac. 1798. B.− Usuel 1. MILIT. Gourde métallique utilisée par les soldats pour mettre leur provision de boisson. Le grand bidon (servant au transport de la boisson bue en collectivité), le petit bidon (ration individuelle) (Ac. 1835-78); bidon de deux litres, de pinard : 1. Sous le prétexte qu'il était le plus fort, on le chargeait des ustensiles communs à toute l'escouade, la grande marmite et le bidon, pour la provision d'eau.
Zola, La Débâcle,1892, p. 78. − Spéc., arg. Gamelle dans laquelle l'ouvrier emporte son repas à l'atelier : 2. ...s'il est éloigné [de son atelier, sa femme] lui met dans son bidon ad hoc soupe et pitance, il achète le pain et le vin.
D. Poulot, Le Sublime ou le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être,1872, p. 49. Rem. Attesté dans Esn. 1966. 2. P. ext. a) Usuel. Récipient, le plus souvent, métallique et de forme cylindrique, servant à contenir un liquide et pourvu à cet effet d'une fermeture étanche. Un bidon de fer blanc, à lait, à (d')essence, à (de) pétrole; un bidon de, un (deux) litre(s); transporter des bidons. Synon. jerrican* : 3. ... Gagou a dressé sa cabane dans les orties. Il est industrieux et point malhabile de ses doigts, il l'a construite en tôle, avec des bidons d'essence éventrés.
Giono, Colline,1929, p. 15. 4. Le ramassage du lait pour la consommation à l'état frais se fait au cours de circuits de 70 à 80 km; les camions s'arrêtent à chaque exploitation productrice pour échanger les bidons vides contre des bidons pleins; ...
M. Wolkowitsch, L'Élev. dans le monde,1966, p. 180. Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet xxes. à partir de Ac. 1798. − P. méton. Le contenu d'un bidon. Acheter, verser un bidon d'huile, d'essence, etc. : 5. Ce matin, il ne restait plus qu'à verser là-dessus un demi-bidon de pétrole, et à y mettre le feu.
R. Martin du Gard, Vieille France,1933, p. 1044. b) Spéc. [P. réf. à la matière du bidon] − MÉTALL. Plaque d'acier laminé résultant du dégrossissage des barres destinées à faire de la tôle. Rem. 1. Attesté dans Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Mots rares 1965. 2. Réputé par les dict. gén. comme région. (Nord de la France). C.− Arg. Le ventre. Recevoir un coup dans le bidon, avoir mal au bidon. Synon. bedon, bide : 6. ... j'aurais bien voulu le voir ici moi, le Déroulède dont on m'avait tant parlé, m'expliquer comment qu'il faisait, lui, quand il prenait une balle en plein bidon.
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 18. Rem. Attesté dans les dict. gén. du xxes. à partir de Rob. PRONONC. : [bidɔ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. [L'attest. du xves. citée dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 290 ne semble pas à retenir, v. FEW t. 15, 1, p. 104, note 1]; 1523 « petit récipient portatif et fermé, fait de bois ou de métal » (Doc. relatifs à la fondation du Havre dans Delb., Rec. d'apr. DG : Platz, escuelles, bidons); 2. arg. « ventre » 1883 (Larch. Suppl., p. 16) emploi pop. prob. plus ancien (cf. bide1).
Orig. obsc. On admet généralement l'hyp. d'un empr. à l'a. nord. *bida « récipient » (Bugge dans Romania, t. 3, p. 145; De Gorog, p. 7); cet étymon n'est cependant attesté que par l'isl. bida « baquet de lait » et le norv. dial. bide « baratte » (De Vries, Anord., p. 35a; Bugge, loc. cit.). Assez bien en accord avec la localisation géogr. de la première attest. (Normandie) et avec l'emploi du mot comme terme de marine jusqu'à la fin du xviiies. (1574 dans Jal1, Trév. 1771), il est en désaccord avec l'entrée tardive du mot en fr.
L'hyp. d'un empr. au gr. par l'intermédiaire de l'ital. bidone (EWFS2) fait difficulté du point de vue chronol., l'ital. ne paraissant pas attesté av. le xixes. (Batt.). BBG. − De Gorog 1958, p. 64. − Rigaud (A.). Commentaires. Vie Lang. 1964, p. 20. − Sain. Lang. par. 1920, p. 294. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], pp. 186-187. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 75, 138. |