| BICOQUE, subst. fém. A.− Vx. Petite ville ou place de guerre dont la défense est précaire. Faire le siège d'une bicoque : 1. En moins de trois quarts d'heure, grâce à la légèreté de son cheval, Lucien eut fait le tour de Nancy, triste bicoque, hérissée de fortifications.
Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 84. 2. Il [Cérizolles] les défendait brillamment [ses opinions], à la manière de ces généraux qui, ayant jeté de grandes forces dans une bicoque, se maintiennent surtout par des sorties.
Toulet, La Jeune fille verte,1918, p. 115. B.− Familier 1. Petite maison de piètre apparence, sans confort ni agrément : 3. Le village est là quelque part, enfoui dans ses tilleuls et ses marronniers, avec ses bicoques de brique ou de torchis jetées au hasard, si tristes sous la pluie de décembre.
Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1433. SYNT. Affreuse, humble, vieille bicoque; bicoque branlante, délabrée, misérable; une bicoque de parias, de paysans, de village; construire, louer une bicoque. 2. Emplois affectifs a) Péj. [En emploi qualificatif] :
4. Hélène frappa du pied avec colère. − Bicoque de maison! s'écria-t-elle, − et, en proie à un violent accès de mauvaise humeur, elle alla s'asseoir sur les marches de pierre qui descendaient vers le jardin.
Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 45. b) Par antiphrase. Maison agréable : 5. À un détour, la maison apparut. Pas mal, comme bicoque! Sûrement un ancien pavillon de chasse.
A. Le Breton, Razzia sur la Chnouf,1954. Rem. On rencontre dans la docum. un homogr. signifiant « qui a deux coques » : 6. [les] Hydravions. Biplans et sesquiplans : [se construisent en] Monocoques, bicoques...
J. Guillemin, Précis de constr. calcul et essai des avions et hydravions,1929, p. 79-82. PRONONC. : [bikɔk]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1576 « coquille d'huître » (A. de Baīf, Mimes, I, p. 103 dans DG); b) 1611 « petite ville ou place mal fortifiée » (Cotgr.); 2. 1798 « petite maison » (Ac.).
Empr. à l'ital. a) soit au topon. La Bicocca, nom d'un écart de la commune de Niguarda (banlieue de Milan) qui aurait pénétré en France à la faveur de la bataille livrée en cet endroit en 1522, où les Français furent défaits par les Impériaux (cf. Mém. de M. Du Bellay, livre II, éd. V.-L. Bourrilly et F. Vindry, t. 1, pp. 224-225); b) soit au même mot en tant que nom commun, bicocca étant attesté en ital. av. 1457 au sens de « petit fort » (Capponi dans Batt.) et en lat. médiév. (Statuts de Turin dans Du Cange, p. 653a) dès 1360. L'ital. est d'orig. obsc. (Devoto, Prati). STAT. − Fréq. abs. littér. : 128. BBG. − Hope 1971, p. 165 (s.v. bicoque). − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 67, 313. − Pohl (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, no204, p. 146. − Sar. 1920, p. 20. − Wind 1928, p. 39, 125, 196. |