| BICHONNER, verbe trans. A.− Fam. [En parlant d'une chevelure] Friser, boucler comme frise une tête de bichon : 1. Bichonner : Arranger avec coquetterie. « Pendant que je vais achever de bichonner les miennes de boucles. »
Larch.1861. − P. métaph. [En parlant d'une chose abstr.] :
2. Il soigne ses étroitesses, bichonne son égoïsme, et frise au petit fer sa calvitie.
Gide, Journal,1926, p. 821. B.− P. ext. Parer avec soin et coquetterie : 3. ... et tout en me mettant son paletot, il me le collait contre les épaules, me le montait le long du cou, relevait le col, et de sa main frôlait mon menton, en s'excusant. « À son âge, ça ne sait pas mettre une couverture, il faut le bichonner; j'ai manqué ma vocation, Brichot, j'étais né pour être bonne d'enfant. »
Proust, La Prisonnière,1922, p. 294. − Emploi pronom. La journée lui parut fort longue. Il la passa en partie à se bichonner et à se parfumer (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Madame Parisse, 1886, p. 732).Mme Beurdeley n'en finissait pas de se bichonner (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 281). − Au fig. Entourer de soins délicats et attentifs : 4. Un enfant du bon Dieu comme celui-là n'est pas fait pour des rustauds de paysans qui n'ont que le mal en tête. Si doux, si tranquille, si respectueux! À Grenoble, les belles dames de Sainte-Eulalie et de Saint-Marc, elles vous l'auraient gâté, bichonné; ça rapporte gros à l'évêque, allez, des prêtres comme ça.
Bernanos, Un Crime,1935, p. 816. − TECHNOL. Effectuer l'ensemble des opérations de finition d'une chaussure avant sa mise en boîte. En chapellerie, mettre en forme et assouplir les bords d'un chapeau. Rem. On rencontre dans la docum. le néol. bichonneuse, subst. fém., techn. Appareil servant à bichonner les chapeaux [cf. Rob. Suppl. 1970; suff. -euse* désignant des instruments (batteuse, lessiveuse, moissonneuse, tondeuse)]. PRONONC. : [biʃ
ɔne]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1690 part. passé adjectivé « frisé comme le poil d'un bichon » (Senecé,
Œuv. choisies, 207, Bibl. elz. dans R. Hist. litt. Fr., t. 5, p. 290 : ses cheveux [...] sont si courts et si bien bichonnés); 2. a) 1725 trans. « boucler la chevelure » (Journ. du [lire de] Barbier dans Larch. Suppl., p. 30 : Le Docteur dit à Frison : Qu'on me coiffe avec adresse. Bichonnez-moi); b) p. ext. 1807 fam. (J.-F. Michel, Dict. des expressions vicieuses, p. 22 : (se) Bichonner n'est pas français. S'adoniser. Il aime à se bichonner. Cette femme est sans cesse à se bichonner); c) 1951 chapellerie (J. Coulon, Technol. gén. pour la modiste, p. 24).
Dénominatif de bichon*; 1, 2 a, de bichon étymol. 1; 2c de bichon étymol. 3 b. STAT. − Fréq. abs. littér. : 21. BBG. − Duch. Beauté 1960, p. 97. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 149. − Sain. Lang. par. 1920, p. 379, 477. |