| BIBI, subst. masc. A.− Vieilli 1. Péj. Petit chapeau de femme. Un bibi à fleurs, à plumes; un bibi invraisemblable : 1. Son bibi de satin rose, à passe très étroite, posé si en avant, et, comme elle disait, à la chien, descendait presque jusqu'au bout de son petit nez, ...
Sue, Le Juif Errant,1844-45, p. 45. 2. ... un bibi orné d'aigrette, un bibi que je ne vous décris pas, parce que vous vous moqueriez de moi.
Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 950. − P. méton., fam. Terme d'affection, adressé notamment à une femme, à un enfant : 3. Tu serais bien gentille de t'arranger pour prolonger ton séjour à Croisset, mon bibi, afin que je jouisse un peu de ta compagnie.
Flaubert, Correspondance,1865, p. 174. 2. Argot : 4. couteau. − « Devant le blave à ressort, remise Bibi. » (Grison, [18]80).
L. Larchey, Dict. hist. d'arg.,Nouv. Suppl., 1889, p. 23. 5. Pour s'en tenir à la réponse relatée par Hortein, ... bibi, désignant une pince monseigneur aussi bien qu'une fausse clef, signifie outil.
G. Esnault, Notes complétant le dict. hist. d'arg. de Larchey (1878),1945. B.− Pop., p. plaisant. Synon. de moi : 6. Le bon de l'affaire, disait-il, c'est que nous n'aurons pas de premier rôle à payer... Notre premier rôle sera Bibi... (Quand Delobelle parlait de lui-même, il s'appelait volontiers Bibi...).
A. Daudet, Fromont jeune et Risler aîné,1874, p. 117. Rem. On rencontre dans la docum. le néol. d'aut. bibien, ienne, adj. Qui est propre à bibi, c.-à-d. à moi. D'autres vieilles idées bibiennes (Valéry, Correspondance [avec Gide], 1890-1942, p. 292). ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1765 « sobriquet (du roi des Barbets) et terme d'affection » (Cte de Caylus,
Œuvres badines, t. 9, p. 26), [Bibi était le sobriquet d'un des membres de la Méduse, société épicurienne fondée à Marseille vers 1683, R. Vèze, extrait dans Fantasio, 1-5-1912, p. 690 d'apr. Fr. mod., t. 11, p. 207]; 2. a) 1857, terme d'affection à l'égard d'un enfant (Flaubert, Corr., 4, 174, 429 dans Quem.); b) 1878-9 fam. « moi » (A. Gill, La Petite lune, no1, p. 3); 3. ca 1830 fam. « petit chapeau de femme » (France); 1832, 13 oct. (Le Journal des Dames dans Fr. mod., t. 13, p. 290); d'où 1858 « terme d'affection à l'égard d'une personne » (L. Larchey, Les Excentricités de la lang. fr. en 1860, p. 28); 4. a) 1848 arg. « fausse clé » (cité par Hostein, feuilleton du Constitutionnel, sept. 1872 dans Larch., p. 38); b) 1880 id. « couteau », supra ex. 4.
Onomat. redoublée, d'orig. enfantine désignant une chose de petite taille; 3 et 4 peut-être apocope avec redoublement de bibelot* étymol. 1 (« outil de petite taille ») de même origine. STAT. − Fréq. abs. littér. : 68. BBG. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 270. − Rétif (A.). Affiquets et falbalas. Vie Lang. 1971, no233, p. 458. − Sain. Lang. par. 1920, p. 350. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], passim; t. 2 1972 [1925], p. 354. |