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BEURRER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. ART CULIN.
a) Recouvrir d'une couche de beurre. Beurrer une tartine, un toast; beurrer un poisson, une viande, une volaille :
1. Du bout de ses doigts aux ongles polis, il beurrait l'une après l'autre ses rôties, les dorait de miel, et, penchant le buste au-dessus de l'assiette, mordait dans le pain à belles dents. R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 659.
b) Enduire de beurre. Beurrer un moule, un plat :
2. Par la porte de la cuisine, il vit Florentine qui beurrait des casseroles. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 247.
c) Spéc., PÂTISS. Faire tremper dans du beurre.
2. P. anal., en peint.Donner de l'épaisseur, de la consistance :
3. − Aborde donc la Nature comme elle est? dit le grand peintre en continuant (...) réchauffe-moi ces joues-là, piques-y leurs petites taches brunes, beurre-moi cela? Balzac, Pierre Grassou,1840, p. 455.
B.− Emploi pronom., arg.
1. S'enivrer :
4. Ayant trouvé par le plus grand des hasards, et au fond de ma poche, un billet bleu froissé (...) je me beurrais patiemment... J.P. Clébert, La Vie sauvage,dans Fr. mod., t. 33, 1965, pp. 34-36.
2. S'enrichir :
5. Il avait compris cette raclure, qu'on se beurrait dans les subventions! ... Céline, Mort à crédit,1936, p. 595.
PRONONC. : [bœ ʀe], (je) beurre [bœ:ʀ].
ÉTYMOL. ET HIST. − xiiies. burrer « étendre du beurre sur » (G. de Coincy, Mir., ms. Brux., 10747, fo25c dans Gdf. Compl.); 1680 beurrer (Rich. : terme de patissier − Faire tremper dans du beurre). Dér. de beurre*; dés. -er. Forme beurrer, v. beurre et Fouché, p. 721.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 29.
DÉR.
Beurrage, subst. masc.a) Action de beurrer (un moule, un plat; cf. beurrer A 1 b). ,,Le beurrage [de la surface] de l'intérieur du moule doit être glacé très uni`` (Pâtissier Royal Parisien, t. 1, 1815, p. 313 dans Fr. mod., t. 23, p. 306).b) Péj. Aspect d'une peinture beurrée* (cf. beurrer A 2). ,,La couleur [d'une toile de Roll] n'est pas toujours heureuse. Ce n'est pas la grande coulée de pâte au vermillon de Jordaens : c'est un beurrage à la lie de vin`` (Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 27). 1reattest. 1815, supra; dér. de beurrer, suff. -age*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Delamare (J.). Comptes et cadeaux dans le vx parler de France. Vie Lang. 1970, p. 263 (s.v. beurrage). − Staaff (E.). Qq. rem. sur le passage d'eu atone à u en fr. In : [Mél. Wahlund (C.)]. Mâcon, 1896, p. 248.