| BERNE1, subst. fém. A.− MAR. Pavillon en berne. Pavillon roulé sur lui-même ou placé à mi-hauteur, pour différentes raisons qui ont évolué au cours des siècles et suivant la nature du bâtiment : deuil, signal de détresse, appel de l'équipage à bord, demande d'un pilote à l'entrée d'un port. Mettre le pavillon en berne (Ac. 1835-1932) : 1. Je vous écris oppressé. Il y a ici une catastrophe. Un packet s'est perdu (...). L'île est en deuil, les pavillons sont en berne, les maisons fermées.
Hugo, Correspondance,1870, p. 244. − P. méton. C'est un charbonnier [navire] qu'on signale. (...) il arrive en berne (Céline, Mort à crédit,1936, p. 141). − P. ext., rare. Un beau bric (...) entrait, les vergues en berne (Du Camp, En Hollande,1859, p. 146). B.− Cour. Drapeau en berne. Drapeau élevé à mi-hauteur ou roulé sur lui-même sur un édifice public, en signe de deuil, de telle sorte qu'il ne flotte pas : 2. L'institutrice (...) avait fermé les fenêtres de l'école et mis son drapeau en berne.
Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 102. − P. métaph. : 3. Ce n'est pas la crainte de la folie qui nous forcera à laisser en berne le drapeau de l'imagination.
Breton, Les Manifestes du Surréalisme,1930, p. 17. 4. Veuve de pied en cap et le regard même en berne, empaquetée dans ses voiles, s'avance une vieille Andromaque...
H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 235. Prononc. : [bε
ʀṇ]. Étymol. et Hist. 1676 mar. mettre le pavillon en berne (Pomey, Dict. royal, éd. 1684, 103 dans Barb. Misc. I, no9 : Berne, mettre le pavillon en berne, le fouler, le plier. Vexillum contrahere); 1728 mettre le pavillon en berne (I. Marin, Dict. complet françois et hollandois, 106, ibid. : Berme. On dit en terme de marine, mettre le pavillon en berme, le tenir ferlé et le faire courir le long de son baston). Prob. ext. de sens propre au fr. à partir du néerl. berm « bord », v. berme1(Barb., loc. cit.; Valkh., p. 59; Boulan, p. 134) avec délabialisation de l'm précédé de r; selon Barb. et FEW t. 15, 1, p. 96, parce que le pavillon glisse le long du mât, comme le promeneur le long d'une berge; selon Bl.-W.5parce que le pavillon, roulé sur lui-même, prend l'aspect d'un bord, d'un ourlet. Fréq. abs. littér. : 14. BBG. − Barb. Misc. 1 1925-28, pp. 24-27. − Boulan 1934, p. 134. |