| BELLIQUEUX, EUSE, adj. I.− Domaine milit. A.− [En parlant d'un animé] Qui aime la guerre. Peuple, pays belliqueux; nation, société belliqueuse; prince belliqueux (Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Lar. 19e, Guérin 1892) : 1. Ce qui me réjouit surtout dans notre république, c'est le sincère désir qu'elle a de ne point faire la guerre en Europe. Elle est volontiers militaire, mais point du tout belliqueuse.
A. France, L'Orme du mail,1897, p. 153. 2. Que l'on approuve ou que l'on condamne ce qu'on appelle la Méthode directe et révolutionnaire, il est évident qu'elle n'est pas près de disparaître; dans un pays aussi belliqueux que la France, ...
Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 95. B.− [En parlant d'un inanimé] 1. Concr. Qui est de nature guerrière. Une arme belliqueuse (Leconte de Lisle, Poèmes antiques,1874, p. 166): 3. On a vu sans doute, depuis cette guerre, plusieurs monarques entreprendre des expéditions belliqueuses, et s'illustrer par la gloire des armes.
Constant, Wallstein,1809, p. VII. 2. Abstr. [En parlant de l'apparence, de la manifestation d'une pers.] Qui incite à la guerre. Air, discours belliqueux; proclamation belliqueuse (Rob.) : 4. Il y a eu une grande revue en tenue de campagne et hier soir on annonçait une allocution belliqueuse de l'empereur.
Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 2, 1870, p. 33. II.− P. anal. A.− [En parlant d'un individu, de son tempérament ou d'un animal] Batailleur. Ardeur, humeur belliqueuse; instinct belliqueux : 5. ... lorsque j'entends un régiment passer au son des fanfares, je me sens des velléités belliqueuses et je rêve le hennissement des chevaux blessés, les sourdes détonations de l'artillerie, ...
Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 268. 6. ... je n'ai pas l'humeur belliqueuse de Ste-Beuve qui ne cherche que plaies et bosses.
Mérimée, Lettres à la comtesse de Boigne,1870, p. 50. SYNT. Un cœur fier et belliqueux (Musset, La Quenouille de Barberine, 1840, I, 3, p. 290); un cheval belliqueux (Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 174). B.− P. ext. 1. [En parlant de formes d'expr. diverses, et partic. de la mus.] Les sons belliqueux de la trompette (Ac. 1835-1932); des chants, des accents belliqueux (DG) : 7. ... des soldats français et germains, confondus dans la foule avec les pâtres et les bergers, méloient leurs chants guerriers aux romances villageoises, et dansoient aux sons réunis des cymbales belliqueuses et des musettes champêtres.
Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 3, 1795, p. 359. 2. Au fig. Violent, agressif : 8. ... l'entretien belliqueux de la baronne et de sa lectrice allait avoir un dénouement assez inattendu...
O. Feuillet, Honneur d'artiste,1890, p. 169. 3. POL. et DIPLOM. Partisan de la force, de la guerre. Une diplomatie belliqueuse (R. Rolland, Jean-Christophe, La Foire sur la place,1908, p. 763);une politique belliqueuse (Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 62). Rem. On trouve la forme arch. belliqueur chez Moréas : ,,... ce cœur qui se joue; Ce belliqueur, ah! qui ferait qu'il plie!`` (Moréas, Le Pèlerin passionné, 1891, p. 128). PRONONC. : [bεl(l)ikø], fém. [-ø:z]. [ll] double dans Passy 1914 et Warn. 1968 (cf. aussi Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Nod. 1844, Besch. 1845, Fél. 1851, Littré et DG). [l] simple dans Pt Lar. 1968. [l] ou [ll] dans Barbeau-Rodhe 1930 et Dub.; [l] avec [e] fermé pour la 1resyll. ou [ll] avec [ε] ouvert pour la 1resyll. dans Pt Rob. Pour la prononc. avec [ll] cf. aussi Ac. : ,,on prononce les 2 l``. ÉTYMOL. ET HIST. − 1425-1475 « (d'une pers.) qui aime la guerre » (Chastellain,
Œuvres, VI, 366, Kervyn cité par Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 140 : Un prince belliqueux); 1475 « (d'un inanimé) martial, se rapportant à la guerre » (Chron. des chanoines de Neuchâtel, 39, Berthoud, ibid. : se parassemblerent en belliqueuse ordonnance).
Empr. au lat. class. bellicosus « qui aime la guerre, guerrier ». STAT. − Fréq. abs. littér. : 324. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 722, b) 381; xxes. : a) 367, b) 336. |