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BELLIGÉRANT, ANTE, adj. et subst.
A.− Emploi adj.
1. [En parlant de pays, d'États] Qui est en état de guerre. Anton. neutre.Nations, puissances belligérantes :
1. Quand la guerre a duré un certain temps, quelles que soient les puissances belligérantes, elle amène nécessairement la paix. Guizot, Hist. gén. de la civilisation en Europe,1828, p. 23.
− Au sing., rare :
2. La première loi du droit de guerre entre les états, et la plus sacrée, est que l'état ne fait la guerre qu'à l'état, et non à la famille. Ainsi l'état belligérant doit respecter l'honneur et la vie des personnes de la famille, ne point en exiger de service personnel militaire, préserver ses propriétés de destruction et d'enlèvement gratuit, sauf le cas d'absolue nécessité. Bonald, Législ. primitive,t. 2, 1802, p. 95.
− DR. INTERNAT. Parties belligérantes :
3. Aussi leurs [des nations sauvages] guerres sont-elles atroces, et, pour ainsi dire, sans terme; et lorsqu'il y a eu quelques exemples de mauvaise foi réciproque, il n'y a plus de possibilité de repos, que dans la destruction entière d'une des deux parties belligérantes. Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 132.
− P. métaph., iron. Qui est en discussion, en querelle ouverte avec quelqu'un :
4. ... je m'interposai entre les parties belligérantes. − Monsieur le comte, dis-je, vous avez raison, et monsieur Gobseck est sans aucun tort. Balzac, Gobseck,1830, p. 417.
2. [En parlant d'avis, d'opinions] Qui est opposé. Au gré des opinions belligérantes (Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 53).
B.− Emploi subst., gén. au plur.
1. [En parlant d'individus] Personnes enrôlées dans une armée régulière et qui participent activement à la guerre, par opposition à la population civile.
2. DR. INTERNAT. [En parlant de collectivités] Pays, États en état de guerre reconnu. Les droits des belligérants (DG, Lar. 19e, Lar. 20e) :
5. Où donc lisais-je ces jours-ci? C'était dans un journal suisse : « Les belligérants s'efforcent de se concilier les âmes des neutres; les âmes gagnées, il est facile de gagner aussi les épées; ... » Barrès, Mes cahiers,t. 11, 1914-17, p. 196.
− Au sing., rare :
6. Une procédure de consultations préalables était parfaitement justifiée à l'époque, où tout conflit important était ordinairement précédé d'une plus ou moins longue période de tension et où, dans le très rare cas d'attaque brusquée, le rythme des opérations était suffisamment lent pour permettre éventuellement le redressement militaire du belligérant victime de la surprise stratégique. P. Billotte, Considérations stratégiques,1957, p. 4209.
− P. métaph., souvent iron. Personnes qui sont en opposition violente. On conduisit les belligérants au poste (Lar. 19e, Lar. 20e) :
7. ... l'homme et la femme sont toujours étrangers d'âme, d'intelligence; ils restent deux belligérants; ils sont d'une race différente; ... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Bûche, 1882, p. 780.
Rem. On rencontre dans Littré le verbe belligérer, néol. Faire la guerre. ,,Capable de belligérer`` (Journ. offic., août 1870, p. 1368 3ecol.).
COMP. Non-belligérant, ante, subst. Personne ou État ne participant pas activement à un conflit armé. − Emploi adj., au fig., rare. Non agressif. ,,Le regard pur d'adultère sur les belles filles de vingt à trente ans, le regard non-belligérant, est un idéal, un bonheur idéal, enfin atteint, réalisé`` (Larbaud, Journal, 1934, p. 332).
PRONONC. : [bε(l)liʒeʀ ɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. [ll] dans Passy 1914 et Warn. 1968 (cf. aussi Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851, Littré et DG); [l] ou [ll] dans Dub. [l] avec [e] fermé pour la 1resyll. ou [ll] avec [ε] ouvert pour la 1resyll. dans Pt Rob. Pour la prononc. avec [ll] cf. aussi Ac. : ,,on prononce les 2 l``.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1744, 15 mars adj. (Début de l'Ordonnance du Roi portant déclaration de guerre au Roi d'Angleterre dans Trév. 1752 : Dès le commencement des troubles qui se sont élevés après la mort de l'Empereur Charles VI, le Roi n'a rien omis pour faire connoître que Sa Majesté ne desirait rien avec plus d'ardeur, que de les voir promptement appaiser par un accommodement équitable entre les parties belligerantes); 1756 puissances belligérantes (Journ. étranger, nov. 1756, p. 85 dans Proschwitz). Empr. au lat. belligerans, part. prés. de belligerare « faire la guerre », attesté dep. Plaute, Capt., 24 dans TLL s.v., 1814, 60.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 87.