| BELLEMENT, adv. A.− Avec beauté, avec art : 1. joffroy [à Érasme]. −
... Et le sort d'Icarus me paraît enviable
Qui voulut, vers le ciel qu'il aimait, l'air viable!
Et, tombant comme lui, je n'eusse pas moins fort
Aimé ce qui causait si bellement ma mort!
E. Rostand, La Princesse lointaine,1895, p. 36. SYNT. Une lettre bellement écrite; un palais bellement sculpté; des femmes bellement vêtues. − Si bellement. Si bien, d'aussi belle façon, de manière aussi heureuse : 2. − Mais tenez-vous donc tranquille, laissez-nous la paix! finit par gronder le docteur. Quand on vous dit que c'est une merveille, jamais un petit homme n'est venu si bellement!
Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 48. B.− Vx ou région. Sans précipitation, lentement. 1. Interj. [En parlant à un enfant, à un chien, à un cheval, etc.] Dialectalisme utilisé pour calmer son ardeur. Synon. tout beau (Ac. Compl. 1842) : 3. ... les assistants crient, excitent et calment l'attelage humain. « Bellement, bellement, enfant! Là, là, courage! Prenez garde! patience! ... »
G. Sand, La Mare au diable,1846, p. 214. 4. Il existe pour parler aux chiens, un langage (...) qui (...) n'a guère varié depuis les Valois (...) « Va outre (...) va outre... » « Aoh! bellement, compagnon. »
P. Vialar, La Chasse aux hommes,Le Rendez-vous, 1952, p. 256. − Bel et bien : 5. [Le Géôlier] − ... J'ai reçu de l'argent pour faciliter votre évasion (...) Si j'étais soupçonné de la moindre chose, je serais fusillé tout bellement.
Balzac, La Muse du département,1844, p. 121. − Tout bonnement, tout simplement : 6. [Jeannette à François :] ... Vous aimez Madeleine Blanchet, non pas tout bonnement comme une mère, mais bien bellement comme une femme qui a de la jeunesse et de l'agrément, et dont vous souhaiteriez d'être le mari.
G. Sand, François le Champi,1850, p. 185. 7. Tant que vous êtes en vie, votre cas est douteux, vous n'avez droit qu'à leur scepticisme (...) Pour cesser d'être douteux, il faut cesser d'être, tout bellement.
Camus, La Chute,1956, p. 1511. 2. Beaucoup : 8. Le baron en personne, et jusqu'à Gisette, étaient dupés bellement en l'occurrence (...) ils se forgeaient (...) un Chugnard qui n'était point du tout le véritable.
J. Richepin, Flamboche,1895, p. 75. 9. ... il [Rroû] a découvert l'autre chemin, (...) mais ce chemin s'est révélé très vite plus bellement divers, plus capiteux que la plate route habituelle (...).
Genevois, Rroû,1930, p. 30. SYNT. Une symphonie bellement classique; une science bellement abstraite. PRONONC. − 1. Forme phon. : [bεlmɑ
̃]. 2. Homon. : bêlement. ÉTYMOL. ET HIST. − xes. (La Passion, éd. Avalle, 130), qualifié de ,,bas et populaire`` dep. Trév. 1704, Trév. 1771 note ,,ne se dit guère que pour avertir quelqu'un d'être plus modéré``.
Dér. de bel (beau*); suff. -ment2*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 47. BBG. − Ducháček (O.). Joliment, bellement. Sborník Prací Filos. Fak. brn. Univ. (A.). 1959, t. 8, no7, pp. 99-105. − Duch. Beauté 1960, pp. 50-55. |