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BEAUTÉ, subst. fém.
I.− [La beauté comme valeur universelle] Caractère de ce qui est beau, de ce qui plaît universellement. La beauté n'est jamais, ce me semble, qu'une promesse de bonheur (Stendhal, Rome, Naples et Florence,t. 1, 1817, p. 46):
1. La métaphysique idéaliste, chez les Allemands comme chez les Grecs, a pour origine le culte de la beauté par excellence, que notre âme seule peut concevoir et reconnoître; c'est un souvenir du ciel, notre ancienne patrie, que cette beauté merveilleuse; ... Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 2, 1810, p. 74.
2. Par une audacieuse intuition, il [Tintoret] a fait de Satan un être d'une beauté surhumaine, une sorte d'athlète au visage rêveur, aux bras cerclés de métal et de pierres précieuses. Green, Journal,1935-39, p. 203.
II.− [La beauté comme valeur esthétique]
A.− Caractère de ce qui est physiquement beau, manifestation typique du beau. L'étude, le sentiment de la beauté. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté (Baudelaire, Les Fleurs du Mal,1857-61, p. 86):
3. L'amour de la beauté nous est trop naturel pour passer tout à coup à aimer la laideur, à moins d'un miracle de conversion, comme on l'a vu dans des saints. E. de Guérin, Lettres,1838, p. 172.
4. La beauté se contemple : mais elle n'opère que si elle dégage en plus une certaine radio-activité pneumatique qui nous permet de sympathiser avec elle; faute de ce rayonnement, elle nous méduse sans nous « plaire ». Le charme est la ceinture de Vénus qui fait de la beauté une vénusté, le talisman qui la rend séduisante. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 92.
5. La beauté déteste les idées. Elle se suffit à elle-même. Une œuvre est belle comme quelqu'un est beau. Cette beauté dont je parle ... provoque une érection de l'âme. Une érection ne se discute pas ... Notre époque se dessèche à force de parlotes et d'idées. Cocteau, Poésie critique 1,1959, p. 244.
La beauté grecque, romaine. Le type de beauté propre aux hommes et aux femmes de la Grèce ou de la Rome antiques. La Vénus était l'idéal de la beauté antique (T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 33):
6. Quant à la beauté de ce visage, c'était la beauté grecque dans toute la perfection de son type, avec ses grands yeux noirs veloutés, son nez droit, ses lèvres de corail et ses dents de perles. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 719.
Loc. De toute beauté. Extrêmement beau :
7. ... je pourrai vous montrer de fort belles momies du Caire, plusieurs poteries incrustées, quelques ébènes sculptées, vraie Renaissance, récemment arrivées, et qui sont de toute beauté. Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 17.
8. Le silence était de toute beauté. Le velours du vent lui donnait une profondeur vertigineuse. Giono, Bonheur fou,1957, p. 315.
1. [En parlant d'un animé]
a) Qualité ou marque d'une personne estimée naturellement belle. Une mâle beauté :
9. Ce qui nous captive dans un être, ce n'est pas ce degré suprême de la beauté, ni des grâces si générales : c'est toujours quelque trait particulier. Valéry, Variété 1,1924, p. 78.
Loc. verbale. Être en beauté. Paraître plus beau, plus belle qu'à l'ordinaire :
10. ... à ce moment, Irma Bécot parut et s'arrêta devant le buffet. Elle était en beauté, les cheveux dorés à neuf, dans son éclat truqué de courtisane fauve, descendue d'un vieux cadre de la Renaissance; ... Zola, L'œuvre,1886, p. 331.
Spéc. Grain de beauté. Petite marque qui fait ressortir la blancheur de la peau considérée comme l'attribut type de la beauté :
11. Et Vallombreuse, plongeant un doigt dans la boîte à mouches posée sur la toilette, en retira une petite étoile de taffetas noir. « Souffrez, continua-t-il, que je vous la pose; ici, tout près du sein; elle en relèvera la blancheur et paraîtra comme un grain de beauté naturel ». T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 208.
b) En partic. [En parlant de la beauté féminine] Rendre hommage à la beauté (Ac. 1835-1932). De la beauté et de l'amour naquit la jalousie (Laclos, De l'Éducation des femmes,1803, p. 460):
12. ... la femme, d'une adorable beauté, venait parfois excuser son mari auprès de ses chefs, lorsqu'il s'absentait pour cause d'indisposition. Zola, La Curée,1872, p. 393.
SYNT. a) Une beauté apaisante, céleste, divine, sereine; une beauté altière, farouche, cruelle, sauvage; une beauté éblouissante, fatale, ravissante; une beauté fanée. b) Une parfaite, pure, sublime beauté.
Iron. ou péj. La beauté du diable. La beauté que donne la jeunesse à une femme qui n'est ni belle ni laide :
13. Elle [mademoiselle Cormon] n'avait d'autre beauté que celle-ci improprement nommée la beauté du diable, et qui consiste dans une grosse fraîcheur de jeunesse que, théologalement parlant, le diable ne saurait avoir... Balzac, La Vieille fille,1836, p. 311.
[La beauté publiquement constatée] Concours*, prix* de beauté :
14. joachim. − (...) La prophétie a dit : la plus belle et la plus pure. Elle ne dit pas la plus modeste. judith. − Dit-elle la plus frivole, la plus coquette, la plus changeante? Je suis tout cela aussi. Croyez-moi. Mes chevaux et mes robes abusent la foule. Il ne s'agit pas aujourd'hui de prix de beauté. Giraudoux, Judith,I, 4, 1931, p. 32.
Reine* de beauté :
15. ... on annonça les fiançailles d'Heinrich avec Annette Blensen, fille du romancier, reine de beauté du Schleswig, et la meilleure nageuse du continent, ou plutôt des mers environnantes. Giraudoux, Siegfried et le Limousin,1922, pp. 101-102.
[La beauté comme objet de soins particuliers] Se faire, se refaire une beauté. Pour une femme, utiliser les artifices qui la rendent plus belle.
Institut*, produit*, soins* de beauté.
c) [En parlant d'un animal, d'une race d'animaux] :
16. Ta grandeur morale, image de l'infini, est immense comme la réflexion du philosophe, comme l'amour de la femme, comme la beauté divine de l'oiseau, comme les méditations du poète. Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 141.
17. N'y a-t-il pas dans notre cœur un désir d'amour et de beauté? Ne désirons-nous pas le chant des rossignols et la beauté des oiseaux-mouches? Barrès, Mes cahiers,t. 13, 1920-21, p. 81.
2. [En parlant d'un inanimé]
a) [En parlant de la nature ou d'un produit de la nature] J'ai aimé la beauté du ciel, j'ai aimé la beauté des choses (Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 279):
18. Saint François, louant la beauté de la création, peut être un optimiste plus lyrique que M. Duhamel, car il exalte le créateur; ... Massis, Jugements,1924, p. 204.
SYNT. La beauté de la campagne, du climat; la beauté d'une fleur, d'une rose; la beauté des étoiles.
b) [En parlant d'une création de l'homme]
[En parlant d'une chose concr.] Elle était extrêmement belle d'une beauté de statue (Jouve, La Scène capitale,1935, p. 173).Des monuments d'une beauté grandiose ont transformé l'aspect des villes (Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 180).
[En parlant d'une chose abstr.] :
19. Confondre la beauté d'une langue avec sa correction, c'est-à-dire avec la conformité à des règles en usage et des conventions, c'est l'éternelle erreur des académismes. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 101.
c) Spéc. Singularité, rareté étonnante de quelque chose. Pour la beauté du fait; pour la beauté de la chose.
B.− P. méton. Personne ou chose belle.
1. [En parlant d'une femme] Une beauté. Une femme très belle. Une jeune beauté. C'était une beauté élancée et blonde comme les jeunes Vénitiennes de Paul Véronèse (Stendhal, Lucien Leuwen,t. 2, 1836, p. 387):
20. Cette reine des beautés bourgeoises daigna écouter quelques mots polis que lui adressa Lucien. « Elle est belle, à la vérité, se dit-il, mais pas pour moi. » Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 103.
21. Sa femme, une beauté remarquable, singulière, inoubliable; une beauté intelligente, profonde, magnétique; une beauté d'âme et de pensée, semblable à ces créations de l'extra-monde de Poe. Elle a l'air d'une statue et d'une conscience. E. et J. de Goncourt, Journal,oct. 1867, p. 386.
En apostrophe. Ma beauté (cf. ma belle).
2. Au plur. Les beautés.
a) Les belles choses, les choses remarquables, admirables.
[En parlant d'attributs de la nature] . La nature déploie sans réserve ses beautés et ses trésors (Crévecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,1801, p. 245).J'ai vu des portions de forêts de la Finlande et de l'Île-De-France avec toutes leurs beautés virginales (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 77).Les ineffables beautés du soir (Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1839, p. 330).Ce n'était que de jour que mon âme pouvait être sensible aux beautés tranquilles de ce paysage (Stendhal, Lamiel,1842, p. 24):
22. ... vous n'étiez sensible qu'aux insaisissables beautés de la nature, au son, à la couleur, jamais à la forme distincte et palpable. G. Sand, Lélia,1833, p. 155.
[En parlant d'attributs d'une chose concr.] J'ai vu seul toutes les beautés de ce tableau (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 328):
23. Chaque vague de la mer ajoute un voile blanchâtre aux beautés d'une perle, chaque flot travaille lentement à la rendre plus parfaite, ... Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 202.
[En parlant d'attributs d'une chose abstr.] Les plus rares beautés de la musique instrumentale (Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 121):
24. Dans ces derniers temps, j'ai beaucoup fréquenté la bonne ville de Rouen ... Chaque fois, j'en suis revenu en déliquescence, résultat de la vue de mes compatriotes! Tant de laideur physique recouvrant si peu de beautés morales est un spectacle trop pénible, ... Flaubert, Correspondance,1877, p. 24.
b) [En parlant d'attributs d'une pers.] Les attraits*, les charmes*. C'était partout formes de rose, seins d'albâtre, beautés sans nombre, ivresses infinies (Flaubert, Smarh,1839, p. 95):
25. Viens, couronnant mon cœur de tes chastes beautés, me payer ma grandeur par mes félicités! Lamartine, La Chute d'un ange,1838, p. 1055.
III.− [La beauté comme valeur autre qu'esthétique] Qualité de ce qui suscite l'admiration en raison de sa valeur intellectuelle ou morale. La beauté de l'âme :
26. La grâce est dans les vêtements, les mouvements ou les manières; la beauté, dans le nu et dans les formes. Cela est vrai quand il s'agit des corps; mais s'il s'agit des sentiments, la beauté est dans leur spiritualité, et la grâce dans leur modération. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 183.
27. Le mépris pour la beauté est le mépris du renard pour les raisins qu'il ne peut atteindre. Nous ne voyons pas de cause à la préférence que l'on accorde à la beauté morale sur la beauté physique, en admettant que le mépris pour la dernière soit véritable. Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 260.
Loc. adv. En beauté. D'une manière qui suscite ou veut susciter l'admiration. Mourir*, finir* en beauté :
28. Vieux, fou, ivre, on ne sait. Sa fin sera une digne fin, sanglotante, admirable. Il mourra en beauté, je veux dire en souffrant. Ça lui fera une consolation. Camus, L'Envers et l'endroit,1937, p. 48.
PRONONC. : [bote]. Fér. Crit. t. 1 1787 note que la 1resyll. est brève dans le cours de la phrase et qu'elle est longue lorsque le mot est à la fin de la phrase. Enq. : /bote/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1100 beltet « caractère de ce qui est beau, spécialement qualité d'une personne belle » (Roland, éd. Bédier, 957); 1160 beautez « id. » (Wace, Rou, éd. Andresen, 550); 2emoitié xiiies. « personne belle » (Chansons attribuées au chastellain de Couci, éd. A. Lerond, XVII, 5 : c'une biautez m'est venue devant). Dér. de bel, beau*; suff. -té (é*, -ité*).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 10 896. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 19 519, b) 13 471; xxes. : a) 15 000, b) 13 141.
BBG. − Behrens Engl. 1927, p. 59. − Burgess (G. S.). Contribution à l'ét. du vocab. pré-courtois. Genève, 1970, pp. 114-133. − Ducháček (O.). La Beauté, le beau. La joliesse, le joli. Philol. prag. 1959, t. 2, pp. 45-49. − Ducháček (O.). Le Centre du ch. conceptuel de la beauté en lat. Sborník Prací filosofické Faculty Brnĕnské University. 1963, t. 12, pp. 103-114. − Ducháček (O.). Ch. conceptuel de la beauté en fr. mod. Vox rom. 1959, t. 18, pp. 297-323. − Ducháček (O.). Les Expr. de la beauté provenant de la sphère du surnaturel. St. neophilol. 1961, t. 33, pp. 30-38. − Duch. Beauté 1960, pp. 45-50.