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* Dans l'article "BAVARD, ARDE,, adj. et subst."
BAVARD, ARDE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− Assez souvent avec une nuance péj. [En parlant d'une pers., d'une collectivité, parfois d'un attribut de la pers.] Qui parle beaucoup, familièrement ou, souvent, inutilement :
1. Vous n'aimez pas les femmes bavardes, il est heureux que vous ne l'ayez pas épousée; elle jacasse comme une pie, elle ne fait que babiller du matin au soir. A. France, La Comédie de celui qui épousa une femme muette,1912, II, 2.
Spéc. péj. Qui parle ou s'exprime (par des écrits, des gestes, etc.) de façon indiscrète, allant parfois jusqu'à la médisance ou la calomnie :
2. À MlleAdèle de Maistre. (...). Dans la première lettre que tu m'écriras, il faudra être un peu bavarde et serrer les lignes... J. de Maistre, Correspondance,1796-1821, p. 393.
3. Ah! (...), nous disons : « Si les femmes s'en mêlent, avec leur mauvaise langue! » Mais, nous aussi, les hommes, nous sommes bavards et méchants. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 236.
Emploi factitif, rare. [En parlant d'une boisson, etc.] Qui conduit à parler abondamment, indiscrètement. Boire un vin bavard (cf. G. d'Esparbès, La Légende de l'Aigle, 1893, p. 12).
B.− P. anal.
1. [En parlant d'un animal, de la nature ou d'un phénomène naturel] Qui s'exprime dans son langage propre :
4. Il faut croire qu'il y a chez elles [les abeilles] les mêmes différences de caractère que chez les hommes, qu'on en trouve qui sont silencieuses et d'autres bavardes. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 116.
Spéc., VÉN. Chien bavard. Chien criant d'ardeur, hors la voie.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. encyclop., Guérin 1892.
2. [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.]
a) Qui révèle quelque chose, expressif, expansif :
5. Ils [les pieds d'une femme] avaient l'air de se raconter tout bas ce qui se passait dans la maison. C'est si bavard un pied de femme, si indiscret même! A. Dumas Fils, L'Ami des femmes,1864, II, 3, p. 117.
b) [En parlant d'une réalisation hum., en partic. d'une œuvre artistique ou littér.] Qui comporte des détails superflus :
6. ... Trop fière, trop concise, elle [la sculpture] n'est pas assez bavarde, ... Moreau-Vauthier, La Peint.,1933, p. 82.
II.− Emploi subst.
A.− Souvent avec une nuance péj. [Le subst. désigne une pers., parfois une collectivité ou un attribut de la pers.] Celui, celle qui parle beaucoup, familièrement ou, souvent, de choses inutiles; personne d'une éloquence excessive :
7. Les discours l'amusaient [Christophe]. (...); il était peu sensible aux ridicules du langage. Pour lui, un bavard en valait un autre. Il affectait un mépris général de l'éloquence. R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1279.
Un bavard de qqc. Celui qui parle longuement d'un sujet :
8. « M. de Lamartine a déduit avec éloquence ce qu'on peut objecter contre l'embastillement : on pourrait ajouter à son discours des volumes de commentaires. Quoi! La contrainte des baïonnettes que Mirabeau repoussait avec énergie, ne nous ferait pas peur pour nos institutions! N'aurions-nous été que des bavards de liberté? » Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 777.
Spéc. péj. Celui, celle qui parle avec indiscrétion, allant parfois jusqu'à médire ou calomnier :
9. Prudence est une bavarde. Qu'avais-je besoin de ces chevaux! J'ai fait une économie en les vendant; je puis bien m'en passer, (...). − Mais, ma bonne Marguerite, répondis-je (...), tu savais bien qu'un jour j'apprendrais ce sacrifice, ... A. Dumas Fils, La Dame aux camélias,1848, p. 205.
Être d'un bavard. Parler beaucoup, indiscrètement :
10. Il [Descaves] m'a répondu que ce pourrait bien être Mau, et les Rosny, qui sont d'un bavard, paraît-il! Léautaud, Journal littér.,t. 1, 1893-1906, p. 360.
P. anal. Oiseau qui chante sans arrêt :
11. Le merle, oiseau leste et braque, Bavard jamais enrhumé, Est pitre dans la baraque Toute en fleurs, du mois de mai. Hugo, Les Chansons des rues et des bois,Pour d'autres, 1865, p. 111.
B.− P. anal. Artiste ou écrivain qui ajoute des détails, des développements superflus à son œuvre. Un grand bavard :
12. ... mais Lastman n'a pas l'humanité d'Elsheimer : c'est un peintre d'arrangements adroits, et parfois un bavard assez fastueux, ce n'est pas un sensible... H. Focillon, Maîtres de l'estampe,1930, pp. 59-60.
C.− Argot
1. Subst. masc.
a) Avocat :
13. − Mais voyons, fit-elle (...). Je suis MmeAnjoulbert, la femme de votre avocat. La donzelle était la femme du « bavard »! P. Vialar, La Chasse aux hommes,Le Débucher, 1953, p. 99.
b) [Différentes sources de bruits ou de nouvelles.] ,,Grelot`` (A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 247), ,,pistolet`` (Esn. 1966), ,,revolver`` (Esn. 1966); ,,journal`` (Esn. 1966), ,,feuillet de punition`` (L. Merlin, La Lang. verte du troupier, 1886-88, p. 15), ,,livret`` (attesté dans Lar. encyclop.).
2. Subst. fém.
a) Langue.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. encyclop., Rob. Suppl. 1970.
b) Bouche :
14. ... saute dessus, une main autour de son colas (...) et l'autre dans sa bavarde... E. Sue, Les Mystères de Paris,t. 3, 1842-43, p. 25.
Rem. 1. Attesté dans Lar. 19e, Lar. encyclop. 2. On rencontre dans la docum. le néol. bavardement, adv. (E. et J. de Goncourt, Journal, 29 avr. 1853 dans M. Fuchs, Lex. du Journal des Goncourt, 1912; absent dans l'éd. crit. de Ricatte). De façon bavarde.
PRONONC. : [bava:ʀ], fém. [-aʀd].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1532 subst. masc. « celui qui parle beaucoup » (Rabelais, Pantagruel, éd. Marty-Laveaux, t. I, p. 276 : chauffer la cyre aux bavars de godale); 1559 adj. (O. de Magny, Odes, éd. Courbet, t. 2, 168); 1842-43 subst. arg. « avocat » (Sue, Les Mystères de Paris, t. 1, p. 93); 1842 arg. bavarde « langue, bouche », supra ex. 14; 2. 1577 « indiscret » (R. Belleau, Reconnue, III, 2 dans Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 399 : Ou c'est nouvelle inimitié Ou quelque bavarde secrette Vous a dit que i'aime Antoinette). Dér. de bave* étymol. 1; suff. -ard*; le subst. fém. bavaraisse (xves., Coquillard, Les Droits nouveaux dans Littré) est la forme fém. de baveur* « bavard ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 491. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 513, b) 801; xxes. : a) 770, b) 757.
DÉR.
Bavardise, subst. fém.Synon. vieilli de bavardage (cf. Giraudoux, Siegfried, 1928, p. 80; attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.). Dernière transcr. dans DG : bà-vàr-diz. 1reattest. 1562 (Du Pinet, Pline, XXVIII, 19 dans Gdf. Compl.); attest. isolée, à nouv. empl. au xviiies. par J.-J. Rousseau dans Littré; dér. de bavard, suff. -ise*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Breslin (M. S.). The Old French abstract suffix -ise. Studies in its rise, internal diffusion, external spread, and retrenchment. Rom. Philol. 1969, t. 22, p. 418 (s.v. bavardise). − Gottsch. Redens. 1930, p. 93. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 138. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 273.