| BAUDET, subst. masc. I.− Synon. fam. de âne* : 1. ... les charbonniers acheminent par baudets leur denrée vers Niort et les ports du Marais.
Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 315. − Être chargé comme un baudet. ,,Être excessivement chargé`` (Ac. 1835-1932) : 2. Les têtes changeaient à chaque voyage, de sorte qu'il y eût le plus possible de Français pour garder le souvenir de Cracovie. Mais si l'argument des paquets à porter n'était pas illusoire, car au vrai nous revenions chargés comme des baudets, ...
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 324. − En partic. Âne mâle qui sert d'étalon. ♦ P. métaph. Partenaire : 3. Celles-là, commerçant de leur corps, afin de ne pas crever de faim au coin des rues, sur le pavé, s'étaient faites rigoleuses de désespoir; celles-ci, pourries, gangrenées, horribles, avaient le feu paillard dans les veines et, fichtre! elles besognaient avec Pierre ou Paul ou Jacques, sans choisir le baudet...
L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 145. − Au fig. Homme stupide, ignorant. Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux. ♦ Proverbe. Haro sur le baudet (cf. haro). II.− TECHNOL. Tréteau sur lequel le scieur de long pose la pièce de bois à débiter. Synon. chevalet. PRONONC. : [bodε]. Demi-longueur pour [o] chez Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1534 nom propre (Rabelais, I, 20 dans Hug. : Ha [dist Janotus] Baudet, Baudet, tu ne concluds poinct in modo et figura) − 1548, Noël du Fail, Baliverneries, éd. Assézat, p. 169; b) 1547 « âne » (Conception de la Vierge Marie, 1547 dans Gdf. Compl. : Or vous tournez, baudet, tournez Le museau devers la mangeoire); encore asne baudet en 1619 (Claude d'Esternod, L'Espadon Satyrique, sat. I d'apr. Pruvot dans Fr. mod., t. 22, p. 130); 1611 p. ext. en parlant d'un homme « sot, ignorant » (Cotgr.); 2. 1653 baudais « sorte de lit à sangles » (Inventaire du cardinal de Mazarin dans Havard, Dict. de l'ameublement et de la décoration : Plus le bois de trois baudais; il y en a un garny de toile qui est rompu); 1668 baudet (Bulletin de la Soc. Archéol. de Charente, 1889, p. 359 : Plus un baudet avecq ses sangles, sur lequel nous avons treuvé un petit lit de pleumes); 3. 1676 technol. (A. Félibien, Des Principes de l'archit., ..., p. 491 : Baudets, ou Hours; ce sont des tretaux sur lesquels les sieurs de long posent leurs bois pour les débiter).
Dér. de l'adj. a. fr. baud (baud*) au sens de « impudique », la lubricité de l'âne étant souvent évoquée (cf. P. Nol., Carm., 24, 167 dans Blaise). STAT. − Fréq. abs. littér. : 55. BBG. − Darm. Vie 1932, p. 54. − Duch. 1967, § 11, 51. − Gottsch. Redens. 1930, p. 55. − Levy (R.). The Etymology of English bawd and cognate terms. Philol. Quart. 1953, t. 32, pp. 83-89. − Orr (J.). Qq. étymol. « douteuses ». Archivum linguisticum. 1961, t. 13, pp. 121-122. |