| BATAILLON, subst. masc. A.− ART MILIT. Unité tactique de l'infanterie composée de plusieurs compagnies : 1. Maubeuge est investi, on en a retiré les troupes de ligne, et on n'y a laissé qu'un bataillon de volontaires.
Marat, Les Pamphlets,Marat, l'ami du peuple, aux amis de la Patrie, 1792, p. 337. 2. La vue de leurs drapeaux et fanions improvisés, leur souci de s'organiser en sections, compagnies, bataillons réglementaires, (...), les larmes des hommes qui défilaient devant moi, montraient combien la règle militaire a de vertu et d'efficacité.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 14. ♦ Bataillon carré. ,,Bataillon formé sur quatre fronts pour pouvoir se battre dans toutes les directions`` (Lar. encyclop.). − ANTIQ. Bataillon sacré. Troupe thébaine formée de trois cents nobles, entretenus aux frais du trésor et liés les uns aux autres par le serment de vaincre ou de mourir ensemble. − P. anal., littér. : 3. ... ô douleur, quel spectacle à mes yeux vient s'offrir?
Le bataillon sacré, seul devant une armée,
S'apprête pour mourir.
Delavigne, Messéniennes,La Bataille de Waterloo, 1824, p. 23. − Arg. ,,Éducation physique opposée à pompe`` (Saint-Cyr 1893 dans Esn. 1966). ♦ Inconnu au bataillon : 4. [Le maréchal-des-logis :] Je demande, aux alentours [du bal Bullier], un nommé Paul de Roncieux. Inconnu au bataillon!
J. Richepin, Césarine,1888, p. 222. B.− P. ext. Un grand nombre, une troupe nombreuse : 5. ... oh! quel spectacle étrange en sa variété offrent es chevelures!
les unes ont l'aspect de l'ébène; (...),
et les beaux fronts de neige, et l'on remarque aussi le bataillon des chauves.
Banville, Odes funambulesques,1859, p. 179. 6. Un régisseur, avec une canne, range des bataillons de danseuses, des légions de figurants; ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1863, p. 1275. − P. plaisant. [En parlant d'obj. bien astiqués et alignés] :
7. Elle [Jeanne] ... vit les bataillons étincelants des casseroles et des plats...
Huysmans, En ménage,1881, p. 227. Prononc. : [batajɔ
̃]. En ce qui concerne une prononc. avec l mouillé, mêmes indications que pour bataille*. Étymol. ET HIST. − 1543 (Amadis, IV, 27 dans Hug. : Et à ceste cause venant l'heure qu'il leur avoit assignée, se trouverent tous en la place, et la ordonna son bataillon); 1835 fig. (Ac. : Bataillon [...] se dit quelquefois, par exagération et familièrement, pour marquer Un grand nombre. Elle a un bataillon d'enfants).
Empr. à l'ital. battaglione (Kohlm., p. 32; Tracc., p. 114; Sar., p. 36; Wind, p. 125; Nyrop t. 1, § 43) attesté dep. le 1erquart du xvies. (Machiavel, Opere, 305 dans Batt.) sens fig. av. 1808 (Cesarotti, Opere scelte, I, 190, ibid.). L'ital. battaglione est un dér. de battaglia « bataille »; suff. augm. -one. L'hyp. d'un empr. à l'esp. batallón (Rupp., p. 40; Schmidt, p. 201) 1539 (Cor.) est à écarter, l'esp. étant lui-même empr. à l'italien. STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 410. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 634, b) 3 199; xxes. : a) 1 703, b) 1 863. BBG. − Dub. Pol. 1962, § 46. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 201. − Sar. 1920, p. 36. |