| BATAILLE, subst. fém. A.− MILIT. Action générale de deux armées qui se livrent combat : 1. ... mais un empire fondé sur les hasards des batailles ne suffisait pas à l'ambition de Bonaparte, ...
Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, p. 56. 2. Pour moi, je me sentais décidément assez fort pour être sûr que, demain, la bataille et la victoire des autres seraient aussi la bataille et la victoire de la France.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 148. SYNT. Bataille aérienne, navale, sous-marine, terrestre; engager, fuir, gagner, perdre la bataille; livrer bataille; bataille sanglante. − Champ de bataille. Terrain où a lieu la bataille. ♦ P. métaph. : 3. ... et la nappe est si parfaitement blanche qu'on a peur du vin et de l'atroce champ de bataille après le repas des noces...
Aragon, Le Roman inachevé,1956, p. 12. − Cheval de bataille. Cheval entraîné de façon à être monté pendant une bataille : 4. Le duc de Bourgogne, monté sur son grand cheval de bataille qui portait quatre blessures faites par les piques ennemies, fit son entrée dans la ville.
Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, p. 254. ♦ Au fig. Sujet favori. Cette preuve est son cheval de bataille (Ac.1932). − Plan de bataille. Plan établi en vue de la bataille à livrer. Au fig. Dispositions prises afin d'obtenir le résultat attendu. − Loc., vx. En bataille. En ligne : 5. Sur les trois heures, sept à huit cents gardes-du-corps se rangèrent en bataille devant la grille du château, pour recevoir les Parisiens.
Marat, Les Pamphlets,Dénonciation contre Necker, 1790, p. 107. ♦ P. anal. Chapeau en bataille. Chapeau dont les deux cornes sont placées parallèlement à la ligne des yeux : 6. ... le rire parcourait même les files de la garde nationale, majestueuse cependant sous d'immenses bicornes en bataille, ...
Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 152. − Expr. En bataille rangée. Se dit d'une armée disposée selon un plan de bataille. − Barbe, cheveux en bataille. En désordre. B.− P. ext. Échange de coups, lutte entre deux ou plusieurs antagonistes : 7. ... le petit clerc suivait par la fenêtre une bataille de chiens...
Zola, La Terre,1887, p. 35. 8. Il en est peut-être de la plupart des œuvres d'art plastique comme de ces compositions musicales destinées à célébrer les beautés des paysages d'Écosse ou de la baie de Naples et qui pourraient tout aussi bien exprimer une fête foraine ou une bataille de boules de neige.
Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 174. ♦ Spéc., JEUX. Jeu de cartes se jouant à deux, la carte la plus forte l'emportant sur la plus faible. Bataille navale. Jeu de société se jouant à deux. − P. métaph. ou au fig. : 9. Ces choses que je vous résume, elle me les dit alors dans leur ténébreuse étendue, avec leur cortège de faits désolants, de batailles conjugales perdues, d'essais infructueux.
Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 86. 10. Enfin, il allait se retrouver sur son chantier, en plein dans la bataille des intérêts, dans cette course au bonheur qui a été la marche même de l'humanité, ...
Zola, L'Argent,1891, p. 82. 11. ...dans ces misérables querelles, le tome VII de l'Encyclopédie était paru et une des grandes batailles intellectuelles du siècle commençait.
Guéhenno, Jean-Jacques,Roman et vérité, 1950, p. 255. SYNT. La bataille électorale; les grandes batailles sociales. Prononc. : [batɑ:j]. Les dict. indiquent un l mouillé, jusqu'à Littré inclus (et avec l'exception de Land. 1834). Enq. : /bataj/. Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1100 « action de deux armées qui se livrent combat » (Roland, éd. Bédier, 18 : Jo nen ai ost qui bataille li dunne, Ne n'ai tel gent ki la sue derumpet); id. « combat entre deux individus » (Ibid., 658 : Sel pois trover a port ne a passage, Liverrai lui une mortel bataille); ca 1176 fig. « échange entre plusieurs antagonistes » (Chr. de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 574 : Einçois m'orroiz dire, comant Amors les deus amanz travaille, Vers cui il a prise bataille); 2. ca 1176 id. « corps de troupes » (Id., Ibid., 1696 : De lor janz cinc batailles firent); 1606 « ordre d'une armée disposée pour combattre » en bataille (Nicot : Tenir l'armée en bataille est la tenir ordonnée par esquadrons et rengée ainsi que chacun doit combattre [...] le Roy a tenu son armée en bataille fort long temps).
Du b. lat. batalia (ve-vies., Lex Burg. lib. const., 92, 2 dans TLL, s.v. battualia, 1788, 85); altération de battualia (dér. de battuere v. battre), « combat d'escrime » (ives., Charisius, Gramm., I, 33, 25, ibid., 1788, 75). STAT. − Fréq. abs. littér. : 6 322. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 423, b) 8 573; xxes. : a) 8 615, b) 9 070. BBG. − Fr. (le) à la dérive. Déf. Lang. fr. 1971, no56, p. 33. − Gottsch. Redens. 1930, p. 317, 323. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 61. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 134. − Pope 1961 [1952], § 382, 774. |