| BASTONNADE, subst. fém. Volée de coups de bâton : 1. C'était quelquefois, souvent même, un homme couvert de guenilles et de fange, ivre-mort, gorgé de lard et de morue, que Brulard faisait pendre la tête en bas pendant qu'on lui administrait, comme digestif, une vigoureuse bastonnade.
Sue, Atar Gull,1831, p. 16. SYNT. Craindre, donner, infliger, recevoir la bastonnade. Rem. Ac. 1835-1932, Guérin 1892 et Quillet 1965 le disent ,,familier``. − En partic. 1. Châtiment consistant en des coups de bâton : 2. Un voyageur m'a raconté que nous avons l'avantage de posséder sur nos territoires asiatiques une peuplade chez qui le sentiment de l'honneur est si exquis que lorsqu'un coupable a été condamné à la bastonnade, il la reçoit avec allégresse pourvu que le châtiment lui semble mérité.
Barrès, Mes cahiers,t. 8, 1909-11, p. 255. Rem. ,,Chez tous les peuples la bastonnade s'administre sur le dos; chez les musulmans seuls on l'applique sous la plante des pieds`` (Besch. 1845). 3. Un Marocain qui toucherait à ce produit [le bitume], dont Muley XXXIV a fait le généreux abandon, recevrait la bastonnade sur la plante des pieds, et serait assis sur un pal à la récidive.
Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 31. 2. ,,Dans les bagnes, châtiment qui consiste à appliquer des coups d'une corde goudronnée`` (Lar. 19e) : 4. Le forçat qui doit recevoir la bastonnade, est étendu sur le ventre (...) le Boye, armé d'une corde goudronnée, de quinze à vingt lignes de diamètre, lui en applique quinze, vingt-cinq ou cinquante coups.
F. Vidocq, Les Voleurs,1836, p. 35. Prononc. : [bastɔnad]. Demi-longueur pour la voyelle de syll. finale dans Passy 1914. Étymol. ET HIST. − 1482 (G. Flameng, Passion de S. Didier, 59 [Carnaudet] cité par Delboulle d'apr. Quem. : Tire toy près, ou tu auras la bastonnade).
Empr. soit à l'ital. bastonata (Kohlm., p. 32; Tracc., pp. 113-114; Wind, pp. 58-59) attesté dep. le xvies. (Boccace, Déc. 2-5 [composé entre 1348-1353] dans Batt.), soit à l'esp. bastonada (Rupp., p. 40; Schmidt, pp. 631-632) attesté dep. le xiiies. (Al., p. 661a), soit à l'a. prov. bastonada (Littré) attesté ca 1343 Leys d'Amors dans Rayn. I-II, p. 195a; ces mots sont dér. du corresp. en chacune de ces lang. du fr. bâton*. Bl.-W.5semble opter pour la 1rehyp. en rapprochant ce mot des mots du vocab. milit. empruntés à l'ital. à la même époque; cependant bastonnade ne paraît pas appartenir au vocab. militaire. STAT. − Fréq. abs. littér. : 42. BBG. − Kidman (J.). Les Empr. lex. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du xves. Paris, 1969, pp. 55-58. − Pope 1961 [1952], § 379. − Sar. 1920, p. 59. |