| BASTIDE, subst. fém. A.− FORTIF., vx. Petite fortification temporaire; ouvrage de fortification isolé, mais faisant partie d'un ensemble. Forteresse. Synon. bastille : 1. ... un pont fortifié (...) donnait accès dans la ville [de Toro] (...) Des bastides s'élevèrent rapidement pour envelopper cet ouvrage avancé...
Mérimée, Histoire de Don Pèdre Ier, roi de Castille,1848, p. 187. ♦ Assiéger par bastides. Environner de fortins la place qu'on assiège (cf. Ac. Compl. 1842, Besch. 1845). − P. ext., dans le Midi. Ville neuve, fondée par le roi ou un seigneur suivant un plan préétabli, servant de centre de peuplement et aussi de refuge en cas d'attaque. Synon. ville neuve, ville franche, bastille (Lep. 1948) : 2. Mais la vie rurale s'est développée beaucoup mieux que la vie urbaine. Celle-ci, malgré le renfort artificiel qu'elle reçut au Moyen Âge des fondations de bastides, est restée subordonnée.
Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 366. B.− Région. (Provence) 1. ,,Ferme isolée, parfois fortifiée, qui s'oppose au village`` (George 1970). 2. P. ext. Petite maison de plaisance à la campagne, souvent à l'usage des citadins : 3. « Alors, dit-il, vous vous trouvez bien dans votre bastide, monsieur le Curé? » Cette bastide était une de ces maisons microscopiques où les provençaux des villes et des villages vont se nicher, en été, pour prendre l'air.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Champ d'oliviers, 1890, p. 80. 4. Le poste à feu est une petite bastide qu'on appelle aussi Micolombe, et qui m'appartient. Elle se tient à quinze cents mètres d'ici, sur un bout de plateau où pousse une pinède.
Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 37. Prononc. : [bastid]. Passy 1914 indique une demi-longueur pour la voyelle de dernière syllabe. Étymol. ET HIST. − 1. a) 1305 dr. médiév. « ville nouvellement bâtie surtout en Gascogne et en Périgord, sous la domination anglaise » (Public Records Office, Anc. Petitions, no4179 cité par Jean-Paul Trabut-Cussac dans Le Moyen-Age, t. 60, 1954, p. 99 : Item prient les ditz consuls qe come la dite ville de Beaumont soit la primere de totes les autres bastides nostre seignur le Roi en Peregorz e il la voillent fere clore de meurs de piere); b) 1360 « ouvrage de fortification » (Archives historiques de la Gironde, 6, 369 dans R. Ling. rom., t. 20, p. 80 : De portes et de bastides de bonnes villes); 1374 « château fort, forteresse » (Arch. K 50, pièce 9 dans Gdf. : Desiranz obvier a ce que plus ne puissent grever ne domagier nos dis subgiez pour y faire mettre siege ou asseoir et tenir bastides environ); 2. xives. « cabane, hutte », (Froissart, Chron. II, 414, Luce, ms. Rome, ibid. : Et vint asseoir Craais par bastides, car il faisoit trop froit et trop lait pour tendre tentes); d'où 1570 « petite maison de campagne, surtout en Provence » (Carloix, II, 17 dans Gdf. Compl. : Ils n'avoient point de terres ny de seigneuries, methairies, clozeries, borderies, cassines, ny bastides dont ils se peussent a la françoise qualifier ou anoblir).
Empr. à l'a. prov. bastida, attesté au sens 1 a en 1263 (Arch. Gir., 3, 14, cité par Baldinger, Lexikalische Auswirkungen der englischen Herrschaft in Südwestfrankreich dans Britannica Festschrift für H. M. Flasdieck, 1960, p. 50 : le sol que a a la bastida de Monsegur), à rapprocher du lat. médiév. bastida, au même sens dep. 1255 (Alphonse de Poitiers, Arch. Gir., NS 1, 1, ibid.); au sens 1 b 1212-13 (Guillaume de Tudela dans Rayn. t. 2, p. 194a : E pois pres la bastida), à rapprocher du lat. médiév. bastida au même sens dès 1204, Carcassone dans Du Cange, s.v. bastia (v. aussi Bambeck Boden, pp. 122-193); au sens 2 en 1276 (Doat, t. CVI, fol. 374 dans Rayn., loc. cit. : La bastida d'En Gaillard), à rapprocher du lat. médiév. bastida de même sens 1223 dans Du Cange, loc. cit. STAT. − Fréq. abs. littér. : 37. |