| BASTE1, BAST, BASTA, interj. Assez! A.− Bast, basta, baste. [Pour exprimer l'indifférence, la résignation, l'impatience ou la déception] Il suffit. Mais baste! Baste pour cela (Ac. 1798-1878) : 1. J'en aurais trop à dire, basta. Quand nous nous reverrons.
Courier, Lettres de France et d'Italie,1807, p. 751. 2. Pauvre bête, dit Rodolphe, toi aussi on t'a trompé; ta Mimi t'a fait des traits comme la mienne. Bast! Consolons-nous. Vois-tu, ma pauvre bête, le cœur des femmes et des chattes est un abîme que les hommes et les chats ne pourront jamais sonder.
Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 164. 3. Quand j'ai appris la mort de votre père, j'ai dit à ma femme : je crois bien que M. Vigneron nous devait encore quelque chose, mais baste, la somme n'est pas bien grosse, nous n'en mourrons pas de la passer à profits et pertes.
Becque, Les Corbeaux,1882, IV, 10, p. 242. 4. un prisonnier. − Tu tiens ton papier à l'envers, citoyen!
le geôlier. − Bast! Le greffier m'a lu la chose et si je ne sais pas lire, parguienne! Je ne suis pas sourd.
Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, 5etabl., 2, p. 1694. Rem. Qq. attest. dans les textes de l'exclam. ital. correspondante : ma basta! (Lamartine, Correspondance, 1830-36, p. 66) et basta cosi! (Id., ibid., p. 114). B.− Spécialement 1. MAR., baste (ou vaste). ,,Commandement employé sur les bâtiments de commerce de la Méditerranée et qui signifie : Assez! tiens bon! arrête! amarre!`` (Nouv. Lar. ill.) − P. ext. ,,Mot des matelots quand on leur verse à boire, que la mesure est pleine, pour exprimer assez, pas plus, pas davantage`` (Will. 1831 qui tire le mot de l'esp. basta). 2. JEU. Basta. ,,Au jeu de quinze et d'ambigu, déclaration qu'on a assez de cartes`` (Guérin 1892). Prononc. ET ORTH. : [bast]. Baste est la forme de loin la plus fréq. On trouve aussi bast (avec seulement une différence d'orth.), vaste (Besch. 1845) et basta. Étymol. ET HIST. − 1534 interj. baste (Rabelais, Pantagruel, éd. Marty-Laveaux, t. 1, chap. 26, p. 343 : ... on vous cheuauchera a grand coup de picque & de lance. Baste, dist Epistemon).
Francisation de l'exclam. ital. basta de même sens (Kohlm., p. 31; Sain. Lang. Rab., p. 151) attestée dep. la 1remoitié du xvies. (A. Firenzuola [1493-1543], 663 dans Batt.), 3epers. de l'ind. prés. de bastare « suffire », v. baster. STAT. − Fréq. abs. littér. : 37. BBG. − Rice (C. C.). Romance etymologies and other studies. Chapel Hill, 1946, p. 67. − Sain. Lang. par. 1920, p. 161, 500. |