| BARRIQUE, subst. fém. A.− Gros tonneau de capacité variant selon les régions (entre 136 et 400 litres) qui sert à expédier les vins, les huiles, les eaux-de-vie et des marchandises solides (morue, etc.); p. ext. en métrol.,contenu d'une barrique, mesure de ce contenu. Barrique de vin, de sucre, d'huile (Ac. 1798-1932) : 1. Au chai, on aborde le foudre. C'est un vaste fût de 30 barriques de 320 litres, prêté par le maître.
Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 224. 2. Petit à petit le quai s'animait et à travers la vitre je suivais le manège sur la berge d'hommes qui chargeaient et déchargeaient des barriques, les entassaient, faisaient stopper, pivoter, rouler de champ, se mettre debout des tonneaux de vin avec une adresse et une aisance prodigieuses.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 53. 3. Le fût d'un quart de tonneau, dit barrique en Bordelais, est connu sous les noms de bussart ou rondelle en Bas Poitou, buse en Anjou, poinçon dans les pays de la Loire moyenne et en Ile-de-France.
R. Dion, Hist. de la vigne/du vin en France des orig. au XIXes.,Paris, R. Dion, 1959, p. 652. SYNT. Barriques d'eau; petite barrique cerclée de fer; le flanc des barriques, la bonde d'une barrique; les barriques sont en perce (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 70). Rem. ,,La contenance d'une barrique, sorte de tonneau qui sert surtout au transport des liquides, varie suivant les régions. Celles de Bordeaux et du Midi sont de 225 litres environ; celle de Cognac, de 205 litres; celle de Mâcon, de 213 litres; celle de Nantes, de 210 litres`` (Mont. 1967). − MAR. Barrique à feu. ,,Futaille remplie de matières combustibles que l'on destinait autrefois à incendier les vaisseaux ennemis`` (Besch. 1845). V. aussi baril à feu. − P. anal., PÊCHE ,,Sorte de filet pour la pêche`` (Ac. Compl. 1842), [Sorte de filet] ,,pour la pêche des lamproies`` (Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Nouv. Lar. ill.). B.− P. métaph. et fam. 1. [En parlant de l'aspect extérieur d'une pers.] Être en forme de barrique, être gros comme une barrique. ,,Être très corpulent`` (Ac. 1798-1932). C'est une barrique; il ne peut non plus se remuer qu'une barrique (Ac.1798).Mod. Tourner à la barrique : 4. Je lui ai dit ce soir [à Vanderpyl] : « Méfiez-vous. Vous tournez à la barrique. C'est très mauvais pour la santé. »
Léautaud, Journal littér.,t. 4, 1922-24, p. 397. 5. ... le cadet était bossu d'une manière complexe et, si j'ose dire, selon tous les méridiens. Son torse, monstrueux, en forme de barrique, semblait posé de guingois sur les jambes, et la tête elle-même s'implantait de guingois sur le torse.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 98. 2. [En parlant d'une pers. qui a trop mangé ou trop bu] Être plein comme une barrique : 6. De temps en temps, un convive plein comme une barrique, sortait jusqu'aux arbres prochains, se soulageait, puis rentrait avec une faim nouvelle aux dents.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Farce normande, 1882, p. 65. 3. Arg. et fam. a) Le ventre : 7. ... ceux des truands qui avaient la barrique proéminente la rentraient en retenant leur respiration, de peur qu'elle ne dépassât la ligne.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 320. b) Arg. des francs-maçons ,,Bouteille; argot des francs-maçons`` (France 1907). Rem. Sens noté dans Lar. 19equi précise : ,,nom que les francs-maçons donnent à une bouteille ou à une carafe, lorsqu'ils sont à table``. c) ,,Nom donné familièrement aux navires ronds`` (Nouv. Lar. ill.). Prononc. ET ORTH. : [baʀik]. Ac. Compl. 1842 écrit barique. Étymol. ET HIST. − 1455 « sorte de gros fût » (Argenterie de la reine, 1erCpte de J. Bochetel, fo107 dans Gay t. 1, p. 369 : Pour avoir mené de Montpellier à Bourges, sur 5 muletz, 6 chèvres d'huile d'olive, 4 barriques hanchoyes etc... pour la provision de la royne en ce présent karesme).
Empr. au mérid. (Sud-Ouest) barriqua, qui n'est cependant attesté en a. prov. qu'en 1498 (Tit. de 1498, Doat, t. CXXVII, fo270 dans Rayn. : Barriqua di vi blanc), d'un type gallo-roman *barrica, dans lequel la conservation du suff. -ica s'expliquerait seulement en gascon (Cor. t. 1), cf. également le lat. médiév. barriqua attesté en 1476 prob. dans le Sud-Ouest (Inventar. ex Tabul. Flamar. [prob. Flamarens, Gers] dans Du Cange : Item plus quinque Barriquas vino rubeo plenas. Item plus unam Barriquam vino albo plenam). Barrique est encore enregistré en 1549 comme un mot d'Aquitaine (Est.), cf. barrica en occitan mod. (Alib.) et aussi barrique en gascon et béarnais (Palay). STAT. − Fréq. abs. littér. : 183. DÉR. Barriquette, subst. fém.Petite barrique. Mettre en perce une barriquette de muscat (A. Daudet, L'Arlésienne,1872, I, tabl. 1, 7, p. 379).Peut-être formé, étant donné la localisation du terme, d'apr. le subst. fém. prov. barriqueto « petite barrique ». (Attesté dans Mistral).− 1reattest., ibid.; dér. de barrique, suff. -ette*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 270. − Nigra (C.). Metatesi. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 7. − Pope 1961 [1952], § 54. |