| BARDACHE, subst. masc. Arg. ,,Jeune garçon dont les gens de mœurs levantines abusent`` (France 1907). Synon. mignon, giton; p. ext. personnage d'allures efféminées :1. J'étais né pour être empereur de Cochinchine, pour fumer dans des pipes de 36 toises, pour avoir six mille femmes et 1 400 bardaches, (...) et je n'ai rien que des désirs immenses et insatiables, un ennui atroce et des bâillements continus.
Flaubert, Correspondance,1840, p. 76. 2. ... le hideux faraud s'obstinait à singer aveuglément les grâces des petits-maîtres à la mode et les minauderies des bardaches qui composaient sa fréquentation ordinaire; car, (...), le butor jugeait plaisant de couronner du péché des Bulgares ses innombrables ridicules de Hongrois.
Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 231. Rem. Affectionné par Flaubert (14 attest. dans la Correspondance), qui l'emploie tantôt avec le sens habituel (ex. 1), tantôt sans signif. précise pour désigner un personnage excessivement complimenteur, etc. (ex. ci-dessous), tantôt comme terme d'amitié : 3. Le philosophe Baudry a publié le premier volume de sa Linguistique, qui doit lui ouvrir les portes de l'Institut. Je dîne chez ce brave homme mardi prochain, avec Littré, Renan et Maury. Quelle réunion de bardaches!
Flaubert, Correspondance,1868, p. 364. PRONONC. − Dernière transcr. dans DG : bàr-dàch'. ÉTYMOL. ET HIST. − 1537 bredaiche (F. Saliat, Or. de Cic. contre Sall., p. 14 dans Gdf. Compl. : Mais toy, escornifleur de toutes choses, bredaiche de toutes chambres tant que le age l'a permis); av. 1598 bardache (H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 21 [II, 29-30] : C'a esté une subtile invention de se faire permettre de mener des novices, pour sous ce titre avoir tousjours ou un bardache, ou une garse).
Empr. à l'ital. bardassa (bardascia) « id. » (Tracc., pp. 112-113; Sar., p. 51; Sain. Lang. Rab., p. 146; Wind, p. 171; FEW t. 19, p. 26b) attesté dep. xves.-1erquart xvies. (Machiavel [1469-1527] 6-2-356 dans Batt.). La forme bardascia est relevée par Wind, loc. cit., d'apr. Florio, A worlde of wordes or most copious and exact Dictionary in Italian and English, 1598, et notée comme forme mérid. par DEI; bardascio est signalé comme dial. par Batt. au sens de « jeune garçon, fillette », sans valeur péjorative. L'ital. bardassa est empr. à l'ar. bardag « jeune esclave » (Migl.-Duro; Devoto; FEW, op. cit.). STAT. − Fréq. abs. littér. : 17. BBG. − Lammens 1890, p. 43. − Sar. 1920, p. 51. |