| BARDA, subst. masc. A.− Fam. Équipement porté à dos par le soldat en campagne. Toucher, verser son barda (Lar. 20e) : 1. ... − Sac à terre! J'en étais sûr! C'est la revue des vivres de réserve, à présent. À genoux devant le barda débouclé, il faut tout démonter, tout défaire, tout sortir, pour retrouver la tablette de potage salé écrasée sous les chemises ou le cube de café qui s'émiette dans les chaussettes, et salit le linge.
Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 68. − P. ext. Bagage, chargement : 2. Le matin, je m'étais dit en la voyant [Diane] une fois de plus inventorier son barda et en l'entendant tancer, gourmander, bousculer son garçon de cabine : « Qu'elle se débrouille! »
Cendrars, L'Homme foudroyé,1945, p. 69. 3. Il me faut aussi renouveler le petit barda que j'ai abandonné à l'auberge. Je n'avais pas grand-chose mais ça me manque.
Giono, Les Grands chemins,1951, p. 80. Rem. Le plur. est rare : ,,on remontait, descendait la côte (...) avec des bardas énormes`` (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 288). B.− Arg. Billet de mille francs, synon. « sac » (d'apr. Esn. 1966). Une bague de six cents bardas (A. Simonin, Le Pt Simonin ill.,1957, p. 36). C.− Région. (Canada). Faire du barda. Faire le ménage (Dul. 1968) : 4. Dès le lendemain de son arrivée, Marie-Amanda entreprit le grand barda qu'Alphonsine avait toujours retardé. Toute une journée les poulies grincèrent sous le poids de la corde où des pièces de linge pendaient.
G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 99. PRONONC. : [baʀda]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1848 berdâa « (en parlant d'un soldat d'Afrique) équipement du soldat porté sur son dos » (E. Daumas, Le Grand Désert, 41 dans Quem. : On disait [...] que chacun d'eux [des soldats] portait une lance au bout de son fusil et sur le dos un bât − berdâa); 1863 arg. milit. barda (A. Camus, Les Bohèmes du drapeau, p. 196); b) 1881 arg. des peintres d'apr. Esn.; 1883 id. (J. Richepin, Le Pavé, p. 364); c) 1883 fam. (Larch. Suppl., p. 11 : Barda. Bagages); 2. p. métaph. 1952 arg. des voyous « billet de 1 000 francs (contenu dans un sac) » d'apr. Esn. 1965; 1957 id. (A. Simonin, Le Pt Simonin ill., p. 41 : Barda [...] Unité de mille francs. Ne s'emploie qu'au pluriel, et semblerait-il de préférence pour les centaines).
Empr. à l'ar. barda'a « bât » rembourré pour un âne ou une mule, « couverture placée sur le dos de la bête » (Devic, Dict. étymol. des mots d'orig. orientale, s.v. barde; Lok., s.v. barda'a); usage répandu par les soldats fr. ayant servi en Afrique; v. aussi barde1. STAT. − Fréq. abs. littér. : 28. BBG. − Sain. Lang. par. 1920, p. 158. |