| BANNISSEMENT, subst. masc. Action de bannir; état qui en résulte : 1. Le concile de Sardique fait même une loi aux évêques d'interposer leur médiation dans les sentences d'exil et de bannissemens. Ainsi, le malheureux devoit non-seulement la vie à cette charité chrétienne; mais ce qui est bien plus précieux encore, la douceur de respirer son air natal.
Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 559. A.− Spéc., DR. 1. Peine politique criminelle infamante consistant dans la défense, pour le condamné, de résider sur le territoire national pendant une durée déterminée : 2. Et dans sa retraite, où Marcel Habert condamné à cinq années de bannissement était venu le rejoindre, il [Déroulède] s'employa à les préparer [les élections] comme il avait préparé les élections municipales dans sa cellule de la Santé.
J. et J. Tharaud, La Vie et la mort de Déroulède,1914, p. 126. 2. Simple mesure d'éloignement prise à l'égard de certaines personnes, notamment des membres de familles ayant régné : 3. 11. Proposition Baude et Briqueville sur le bannissement de la branche aînée des Bourbons. Paris, rue d'Enfer, fin de novembre 1831.
De retour à Paris le 11 octobre je publiai ma brochure vers la fin du même mois; elle a pour titre : De la nouvelle proposition relative au Bannissement de Charles X et de sa famille, ou suite de mon dernier écrit sur la Restauration et de la Monarchie élective.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 38. B.− P. ext. Séjour forcé (de qq.). Abstention volontaire de se rendre en un lieu : 4. ... si votre bannissement de la société, si votre retraite dans ces montagnes ont été (...) la suite de quelque étourderie (...) j'engage ici ma parole de vous servir de protecteur...
A. Dumas Père, Le Gentilhomme de la montagne,1861, I, 2, p. 12. 5. Toute affliction du corps ou de l'âme est un mal d'exil, et la pitié déchirante, la compassion dévastatrice inclinée sur les tout petits cercueils est, sans doute, ce qui rappelle avec le plus d'énergie le bannissement célèbre dont l'humanité sans innocence n'a jamais pu se consoler.
Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 225. C.− Rare, littér. Éloignement imposé de quelque chose : 6. ... revenu à sa place, Durtal oublia la liturgie, la messe, se bornant à implorer du Seigneur le pardon de ses fautes et le bannissement de ses maux.
Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 263. PRONONC. : [banismɑ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Début xiiies. dr. féod. « proclamation de ban » (S. Graal, Richel. 2455, fo72 rodans Gdf. : Lors fuit crieiz li bannissemens le roi par la citeit que il n'i remainsist nulz ne nulle qui ne venist el palais oir son commandement) − fin xiiies., Cartul. S. Jean des Vign., ibid.; 2. a) 1283 « action de bannir, exil » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. Salmon, § 859 : Qui reçoite le bani de son seigneur sur la hart, il desert qu'on li abate sa meson et est l'amende a la volenté du seigneur, soit gentius hons ou hons de poosté cil qui le reçoite, s'il set qu'il soit banis; ne il ne se puet escuser qu'il ne le seust s'il fu ou lieu ou li bannissemens fu fes, ou se commune renomee queurt ou païs de son banissement, ou s'il est de son lignage); b) 1580-92 « action d'écarter, suppression » (Mont., Liv. II, ch. XVIII, p. 441 dans Gdf. Compl. : Le premier traict de la corruption des mœurs, c'est le bannissement de la vérité).
Dér. du rad. du part. prés. de bannir* étymol. 2 et 3; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 59. |